Les récifs de corail disparaissent beaucoup plus rapidement que selon les prévisions les plus pessimistes, annonce une équipe de recherches de l'université de Caroline du Nord à Chapel Hill, et il n'existe actuellement aucun moyen d'endiguer ce déclin.

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    La Grande Barrière de Corail, dont nous n'apercevons ici qu'un détail, s'étend sur plus de 2600 kilomètres au large des côtes australiennes. Crédit Google Earth.

    La Grande Barrière de Corail, dont nous n'apercevons ici qu'un détail, s'étend sur plus de 2600 kilomètres au large des côtes australiennes. Crédit Google Earth.

    John Bruno et Elizabeth Selig ont ainsi compilé les données de plus de 6000 études effectuées parmi 2600 récifs coralliens de l'Indo-Pacifique entre 1968 et 2004. L'importance de la couverture corallienne par rapport au support rocheux a été prise comme indicateur de bonne santé.

    Les deux chercheurs ont déterminé que cette couverture se réduisait de 1 % par année durant la période étudiée, alors qu'en comparaison, la forêt amazonienne ne diminuait "que" de 0,4 % par an. La conséquence de cette régression est à la fois mathématique et dramatique : en 2003, il n'existait plus que la moitié du corail vivant que l'on observait sur les récifs de l'Indo-Pacifique au début des années 80, autrement dit, cette couverture s'est littéralement effondrée de 40 à 20 %.

    Mais le pire reste à venir. Une étude semblable, effectuée dans la mer des Antilles et plus particulièrement sur les récifs des Caraïbes démontrent que ceux-ci meurent à raison de 1,5 % par an. Ceux-ci sont ainsi réellement menacés de disparition à court terme.

    Corail, qu'est-ce que c'est ?

    Constitué de colonies de polypes vivants, le corail ne peut vivre à plus de trente mètres de profondeur. Les premiers organismes colonisent d'abord les régions côtières, où ils s'accrochent au socle rocheux, puis au fur et à mesure que celui-ci s'enfonce, ou que le niveau de la mer monte, de nouvelles générations se développent sur les squelettes des animaux morts. C'est pour cette raison que d'énormes récifs sont apparus au cours de l'évolution, s'enfonçant à des profondeurs importantes.

    Dès qu'une zone est nettoyée de ses organismes vivants, par prédation ou destruction quelconque, ces squelettes, essentiellement constitués de chauxchaux, disparaissent.

    Les récifs coralliens constituent tout un écosystème à eux seuls, tellement complexe que nul ne peut prévoir l'étendue des conséquences de leur disparition sur le biotope marin, mais aussi sur d'autres aspects tels la climatologie car ces structures gigantesques (plus de 2600 kilomètres pour la Grande Barrière de Corail en Australie) ont une influence directe sur le déplacement des massesmasses océaniques, et ainsi sur la climatologie mondiale.

    Peut-on contrer la menace ?

    Selon les deux chercheurs, le principal responsable de la situation actuelle est bien le réchauffement global, qui non seulement provoque le ralentissement de la croissance des polypes, mais détruit leurs zooxanthelleszooxanthelles, alguesalgues symbiotiques dont ils ont besoin pour réaliser la photosynthèsephotosynthèse.

    Ils indiquent que malgré toutes les mesures de protection déjà prises ou en cours de l'être, comme l'interdiction de la pêchepêche ou la limitation du tourisme dans les zones coralliennes, ainsi que la lutte contre les rejets polluants (en provenance des cultures de canne à sucresucre dans les Caraïbes par exemple), le déclin ne pourra être enrayé en l'absence d'un effort international pour limiter le réchauffement global.

    Il y a trois ans, Andrew Baker, de l'université de Colombia à New York, avait estimé que les coraux pourraient s'adapter naturellement à un environnement plus chaud. Cependant, il apparaît aujourd'hui que cette adaptation ne s'effectue pas assez rapidement, le réchauffement climatiqueréchauffement climatique prenant de vitessevitesse toutes les tentatives de la nature pour y remédier. Baker pense que des recherches devraient être conduites pour aider les coraux à supporter le changement, ce qui pourrait passer par l'inoculation dans les récifs les plus exposés et les plus anciens d'algues symbiotiques résistantes à la chaleurchaleur.

    Quelle que soit la solution envisagée - si elle existe - une seule chose est certaine : c'est une course contre la montre qui est engagée, dont l'enjeu est la vie de régions entières.