En mer, la pêche peut accentuer la diminution drastique des stocks de poissons fourrage sous l'effet de phénomènes naturels, selon une étude scientifique. Des stratégies simples et à faibles coûts permettraient pourtant aux populations animales de se régénérer.

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    La surpêche menace les populations de poissons fourrage mais aussi celles des espèces qui s'en nourrissent comme le saumon, le thon ou les baleines. Ici : 400 tonnes de chinchard du Chili (Trachurus murphyi) pêchées par un senneur chilien. © C. Ortiz Rojas, Wikimedia Commons, DP

    La surpêche menace les populations de poissons fourrage mais aussi celles des espèces qui s'en nourrissent comme le saumon, le thon ou les baleines. Ici : 400 tonnes de chinchard du Chili (Trachurus murphyi) pêchées par un senneur chilien. © C. Ortiz Rojas, Wikimedia Commons, DP

    Dans la nature, les stocks de poissons sont soumis à des cycles d'augmentation et de réduction des effectifs suivant leur sensibilité aux conditions environnementales. Une équipe de chercheurs a voulu connaître l'impact de la pêche sur les populations de poissons fourrage, des espèces de petite taille, comme le hareng, les anchois et les sardines, source de nourriture pour les poissons carnassiers et d'autres vertébrés marins.

    Dans une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les scientifiques montrent que la pêche a un impact sur l'effondrementeffondrement des populations de poissons fourrage. Plus précisément, l'activité humaine joue sur l'ampleur et la fréquence des chutes de populations : ces deux critères se révèlent plus importants au regard des processus naturels. En revanche, la duréedurée des épisodes d'effondrement semble être la même que celle qui peut avoir lieu dans l'environnement marin.

    « Nous avons identifié l'empreinte de la pêche sur les fluctuations de population, déclare Timothy Essington, chercheur à l'université de Washington, aux États-Unis, et auteur principal de l'étude. La pêche accentue les creux dans les populations. »

    Une grande partie des espèces de poissons fourrage sont transformées en farine pour servir d'aliments aux poissons d'élevage. C'est notamment le cas des fusiliers à bande jaune (<em>Pterocaesio chrysozona</em>). © Brocken Inaglory, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Une grande partie des espèces de poissons fourrage sont transformées en farine pour servir d'aliments aux poissons d'élevage. C'est notamment le cas des fusiliers à bande jaune (Pterocaesio chrysozona). © Brocken Inaglory, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Des solutions pour une pêche durable

    Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont examiné un vaste ensemble de données auprès de 55 stocks de poissons fourrage du Pacifique. 27 d'entre eux ont chuté à un quart ou moins de leur biomasse moyenne. Sur ces cas, la pêche a été particulièrement intense, de 50 à 200 % plus élevée que le taux moyen.

    De plus, en comparant les données réelles à des données issues de simulations de fluctuations aléatoires et naturelles, les effondrements se sont révélés plus fréquents dans les stocks réels que dans 97 % des simulations, confortant l'idée que la surpêche peut contribuer à l'effondrement des populations.

    Outre la perte économique qui en découle, le phénomène peut perturber les réseaux trophiques marins, les poissons fourrage transférant l'énergieénergie du planctonplancton aux prédateurs, comme les poissons carnassiers, les oiseaux de mer et les mammifèresmammifères marins.

    « Des stratégies simples peuvent éviter le pire des impacts écologiques à moindre coût », signale Timothy Essington. Les chercheurs proposent en effet une stratégie de gestion spécifique en vue d'une pêche durable. En suspendant l'activité lorsque les populations tombent à moins de la moitié de leur biomasse moyenne sur le long terme, 64 % des effondrements des espèces pourraient être évités tout en ne réduisant que de 2 % la capture moyenne sur le long terme, estiment-ils. L'applicationapplication généralisée de ces types de stratégies pourrait permettre de maintenir les populations de poissons et la pêche sur le long terme.