Des rêves et des exploits peuvent-ils changer les mentalités ? C’est en tout cas ce qu’espère l’équipage du MS Tûranor PlanetSolar. Ce navire vient de boucler, ce 4 mai 2012 à Monaco, le premier tour du monde réalisé intégralement grâce à l’énergie solaire. Plus de 60.006 km ont été parcourus en 585 jours par ce catamaran recouvert par 537 m² de panneaux solaires. Revenons plus en détail sur le projet, le périple et le navire.

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    Le Tûranor PlanetSolar, et ses quatre membres d'équipage, lors de leur arrivée à Monaco ce 4 mai 2012. L'origine du nom du navire (Tûranor) viendrait de la trilogie du Seigneur des Anneaux de J.-R.-R. Tolkien. Il signifierait « victoire » et « puissance du soleil ». © PlanetSolar

    Le Tûranor PlanetSolar, et ses quatre membres d'équipage, lors de leur arrivée à Monaco ce 4 mai 2012. L'origine du nom du navire (Tûranor) viendrait de la trilogie du Seigneur des Anneaux de J.-R.-R. Tolkien. Il signifierait « victoire » et « puissance du soleil ». © PlanetSolar

    C'est un véritable exploit que vient de réaliser le navire MS Tûranor PlanetSolar et son équipage franco-germano-suisse : le premier tour du monde effectué par un engin nautique uniquement propulsé par l'énergie solaire (si on exclut les voiliers qui, d'une manière indirecte, exploitent l'énergieénergie du soleilsoleil). Ce catamaran de 31 mètres de long a parcouru 66.006 km sans consommer un seul litre de carburant et donc sans émettre de CO2 dans l'atmosphère. Il est arrivé ce 4 mai 2012 à Monaco, son point de départ, après un périple de 585 jours.

    Cette « écoaventure », imaginée en 2004 par l'ingénieur électronicien suisse Raphaël Domjan, démontre ainsi le potentiel des énergies renouvelables dans un contexte marqué par le réchauffement climatique.

    Les études de faisabilité ont demandé deux années, suivies de deux autres pour trouver les soutiens financiers nécessaires à une telle entreprise. Le projet est passé du rêve à la réalité le 27 février 2008 grâce à l'arrivée du premier partenaire de taille : la compagnie allemande ImmoSolar dirigée par Immo Ströher. La constructionconstruction du navire, dessiné par Craig Loomes, a nécessité près de 64.000 heures de travail. Il a été mis à l'eau le 31 mars 2010 à Kiel (Allemagne).

    Présentation du catamaran <em>PlanetSolar</em> et de son périple autour du monde. Le fait d'avoir des « flaps » mobiles (des rabats) permet également au navire de réduire sa taille (de 15 à 23 mètres de large) lorsque les conditions climatiques sont mauvaises. © Idé

    Présentation du catamaran PlanetSolar et de son périple autour du monde. Le fait d'avoir des « flaps » mobiles (des rabats) permet également au navire de réduire sa taille (de 15 à 23 mètres de large) lorsque les conditions climatiques sont mauvaises. © Idé

    Un tour du monde ponctué de nombreuses escales

    Parti le 27 septembre 2010, le navire a entamé son tour du monde en traversant l'océan Atlantique, entre Las Palmas et Saint-Martin, en 29 jours. Après un arrêt à Miami, puis à la conférence sur le climat des Nations unies à Cancun (COP16 ; 11 décembre 2010), il a traversé le canal de Panama pour se rendre aux îles des Galápagos (26 janvier 2011) puis en Polynésie française, parcourant ainsi près de 6.000 km dans le Pacifique sans faire d'escale.

    L'aventure s'est poursuivie en direction de l'ouest. Plusieurs arrêts ont été effectués en Océanie, en Asie (notamment aux Philippines le 27 juin 2011 et à Hong-Kong le 15 août 2011) et dans le golfe arabique. Le MS Tûranor PlanetSolar a franchi le détroit d’Aden le 1er mars 2012 afin de remonter la mer Rouge, de traverser le canal de Suez puis de finalement revenir à son point de départ.

    Durant tout le voyage, les quatre membres d'équipage ont fait leur maximum pour naviguer au plus près de l'équateur afin de capter le plus d'énergie possible.


    PlanetSolar a appareillé pour son tour du monde le 27 septembre 2010 au départ de Monaco. Revivez ce moment exceptionnel. © PlanetSolar

    PlanetSolar en quelques chiffres

    Le Tûranor PlanetSolar a été construit en fibres de carbonefibres de carbone, en résine époxyépoxy et renforcé par des structures en nids d'abeille. Malgré l'utilisation de matériaux légers, il pèse tout de même 85 tonnes. Il se déplace grâce à deux systèmes de propulsion, composés chacun de deux moteurs (consommation respective de 20 et 40 kW), reliés à des hélices à 5 pales de 2 mètres de diamètre. Bien que sa vitessevitesse de croisière soit de 9 km par heure, il peut atteindre une vitesse maximale de 21 km par heure.

    L'énergie est fournie par 537 m² de panneaux solaires, soit 38.000 cellules photovoltaïques, et stockée dans 6 packspacks de batteries lithium-ion (pesant tout de même un total de 8,5 tonnes). Par beau temps, la puissance électrique maximale est de 93 kW (l'efficacité des cellules photovoltaïquescellules photovoltaïques est de 18,8 %). La consommation moyenne du bateau est de 20 kW : 17 kW pour les moteurs et 3 kW pour la vie à bord (hormis la gazinière, tout fonctionne en effet à l'énergie solaire).

    Des telles aventures apportent du rêve, mais servent aussi à marquer les esprits et susciter des interrogations de la part du public. Le mot de la fin revient à Raphaël Domjan dans une interview qu'il a donnée à l'AFP : ce périple « démontre qu'on a tout à disposition : les connaissances, les technologies, les matièresmatières premières et les énergies renouvelables, pour devenir durables et protéger la planète ».