La Liste rouge européenne commanditée par la Commission européenne à l’Union Internationale pour la conservation de la Nature (UICN), révèle que 9% des papillons, 11% des coléoptères saproxyliques et 14% des libellules sont menacés d’extinction en Europe.

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    Le Vulcain (Vanessa atalanta), visiteur fréquent des jardins. © Thomas Bresson CC by

    Le Vulcain (Vanessa atalanta), visiteur fréquent des jardins. © Thomas Bresson CC by

    A la demande de la Commission européenne, l'UICN a réalisé un état des lieux des lépidoptères (papillons), des odonates (libellules) et des coléoptères saproxyliquessaproxyliques (scarabés qui dépendent du bois mort) en Europe.

    Pourquoi s'intéresser à ces espèces ? Parce que ces organismes qui semblent communs à tout européen font aussi partie de la biodiversitébiodiversité et que leur caractère ordinaire ne doit pas les écarter des efforts de suivi et de préservation, bien au contraire.

    C'est ce que rappelle Jane Smart, directrice du groupe pour la conservation de la biodiversité de l'UICNUICN. « Lorsqu'on parle d'espèces menacées, les gens pensent plutôt à de grandes créatures plus charismatiques, telles que les pandas ou les tigrestigres, mais nous ne devons pas oublier que les petites espèces de notre planète sont tout aussi importantes et ont également besoin d'être protégées par des actions de conservation. Les papillons, par exemple, jouent un rôle pivot en tant que pollinisateurs dans les écosystèmesécosystèmes où ils vivent. »

    Or ces papillons vont mal... Sur les 435 espèces suivies par l'UICN, à travers ses Listes rouges notamment, 31% sont en déclin en Europe et 9% sont menacées d'extinction. En outre, sur le tiers des espèces endémiquesendémiques à l'Europe, 15% (22 espèces) sont menacées.

    L'état des populations de lépidoptères d'Europe est donc préoccupant, mais plus que l'état de ces populations, c'est celui de l'ensemble de l'environnement qui se révèle en détérioration. En effet, les papillons sont considérés comme des indicateurs de l’état des écosystèmes.

    « L’avenir de la nature est notre avenir »

    Parmi les papillons endémiques menacés d'extinction, on peut citer la piéride du chou de Madère (Pieris wollastoni), probablement déjà éteinte car sans observation depuis 20 ans, et l'ocellé de Gross (Pseudochazara cingovskii) de Macédoine, en danger critique.

    Les libellules se portent un peu mieux, « seulement » 14% des 130 espèces étudiées sont menacées d'extinction et 11% proches de l'extinction en Europe, dont 5 espèces en danger d'extinction totale.

    Cliquer pour agrandir. Le sympétrume sanguin (<em>Sympetrum sanguineum</em>), une libellule commune en France. © Philippe Bullot CC by-nc-sa

    Cliquer pour agrandir. Le sympétrume sanguin (Sympetrum sanguineum), une libellule commune en France. © Philippe Bullot CC by-nc-sa

    « L'avenir de la nature est notre avenir, et si elle nous fait défaut, nous défaillirons à notre tour » assène Janez Potocnik, Commissaire de l'UE pour l'environnement.

    Les causes du déclin des lépidoptères et odonates sont liées à la disparition et à la dégradation de leurs habitats par le changement des pratiques agricoles et le changement climatiquechangement climatique. L'intensification de l'agricultureagriculture et l'augmentation des sécheressessécheresses ont en effet fortement réduit le nombre et la qualité des zones humides et des prairies fleuries ainsi que la diversité des paysages. C'est dans le sud de l'Europe que les dégradations les plus importantes ont lieu et c'est aussi dans cette région que l'on note le plus de papillons et de libellules menacées.

    Dernier groupe étudié, et ce pour la première fois dans le cadre d'une Liste rouge de l'UICN, les coléoptères saproxyliques. Sur les 431 espèces de scarabés suivies, un tiers se révèlent endémiques, 13% (56 espèces) sont classées comme presque menacées sur la liste rouge, 11% (46 espèces) sont proches de l'extinction dont 7% (29 espèces) à l'échelon mondial.

    Une fois de plus, c'est la perte de leurs habitats qui menace ces espèces. Les techniques modernes de gestion forestière ont en effet tendance à faire disparaître des forêts les vieux arbresarbres, dont les cavités abritent nombres d'espèces spécialisées, et le bois mort au nom de la sécurité et de la productivité. Or ces deux éléments font partie du biotopebiotope des écosystèmes saproxyliques qui recyclent la matièrematière organique du bois mort.

    Pressentant ce constat et ayant échoué à atteindre son objectif d'arrêter l'érosion de la biodiversité en 2010, l'Union européenne a commandité l'établissement de cette Liste rouge européenne. Cet outil doit l'aider à élaborer sa position vis-à-vis d'un nouvel objectif mondial pour enrayer ce déclin. Cet objectif sera discuté à la conférence de la convention sur la diversité biologique d'octobre 2010.