Un ensemble d'hydroliennes sous-marines convertira bientôt la force des courants marins en électricité au large des Côtes d’Armor, une région qui pourrait devenir un banc d’essais de cette technologie à la fois novatrice et prometteuse.

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    Turbine d'hydrolienne OpenHydro. Crédit OpenHydro

    Turbine d'hydrolienne OpenHydro. Crédit OpenHydro

    L'énergieénergie des océans recueille de plus en plus l'attention des médias, mais aussi des investisseurs. L'utilisation de la houle suscite déjà certaines réalisations concrètes telles cette première centrale houlomotrice au Croisic. Ce sont alors les vagues, donc les mouvementsmouvements verticaux de l'eau, qui actionnent un mécanisme. On peut aussi profiter des maréesmarées, qui obéissent à des règles immuables. Contrairement au souffle du vent, les courants de marée sont parfaitement prédictibles, ce qui rend leur utilisation particulièrement attractive. Pour en récupérer l'énergie, il faut installer des turbines restant immobiles par rapport au fond. Ces éoliennes de la mer - des hydroliennes - intéressent aujourd'hui plusieurs constructeurs.

    Mais les travaux sous-marinssous-marins coûtent cher, inconvénient que la société irlandaise OpenHydro (entre autres) balaie d'un revers de main, ou de palme.

    Ce sont les turbines construites par cette société qu'EDF vient de décider d'implanterimplanter sur les fonds marins, sous les eaux tumultueuses de Paimpol-Bréhat, ainsi que la société française l'a annoncé à l'occasion de la seconde conférence internationale sur les énergies marinesénergies marines renouvelables (ICOE 2008), devant quelque 300 participants.

    Image d'artiste d'une hydrolienne d'OpenHydro. Crédit OpenHydro

    Image d'artiste d'une hydrolienne d'OpenHydro. Crédit OpenHydro

    Cette première phase expérimentale repose sur un total de 4 à 10 hydroliennes, nombre devant encore être déterminé selon le diamètre des turbines, probablement supérieur à 10 mètres. L'ensemble produira un total de 2 à 4 mégawatts, et sera raccordé à mesure de sa réalisation le réseau de distribution d'électricité français à partir de 2011. Alors que ni la société OpenHydro ni EDF n'ont communiqué au sujet du coût de l'opération, le quotidien irlandais Irish Times, apparemment bien informé, en situe le montant dans une fourchette de 23 à 27 millions d'euros.

    La simplicité, et aussi l'aspect économique, ont apparemment déterminé le choix d'OpenHydro pour cette réalisation pilote. L'installation de ces hydroliennes ne nécessite aucun travail sous-marin de forage ou d'ancrage, et sont acheminées sur le lieu de leur exploitation par un catamaran spécialement conçu à cet effet. Fixées sur un tripode métallique et complètement immergées, elles peuvent être facilement ramenées à la surface pour entretien, ou même pour les déplacer en un endroit plus favorable.

    Déplacement de l'hydrolienne au moyen du catamaran dédié. Crédit OpenHydro

    Déplacement de l'hydrolienne au moyen du catamaran dédié. Crédit OpenHydro

    Leur turbine, reconnaissable à leur moyeu évidé, est équipée de générateursgénérateurs électriques à aimantsaimants permanents qui ne nécessitent que peu d'entretien tout en assurant un excellent rendement.

    La déception bretonne

    Ces caractéristiques de l'entreprise irlandaise expliquent le choix d'EDF de ne pas avoir sélectionné, du moins dans un premier temps, la technologie développée à Quimper par la société HydroHélix et dont un prototype de turbine également déposé sur le fond, Sabella, se trouve actuellement en phase de test dans l'estuaireestuaire de l'Odet (Finistère).

    Une des hydroliennes Sabelle, d'HydroHélix. Crédit HydroHélix

    Une des hydroliennes Sabelle, d'HydroHélix. Crédit HydroHélix

    EDF précise toutefois que la zone de Paimpol-Bréhat sélectionnée pour le projet pourrait être appelée à un développement important, car ses courants présentent les niveaux d'intensité les plus élevés de France et se trouve en première position pour accueillir d'autres installations. Cette région des Côtes d'Armor pourrait bien devenir le site d'essais par excellence qui manquait encore à la France et à ses entreprises pour y exposer leur avancée technologique dans ce secteur d'avenir.

    Cette forme d'énergie renouvelableénergie renouvelable, à pollution nulle et sans impact visuel, suscite un intérêt croissant. Sept régions côtières dont la Bretagne ont signé une « Initiative partenariale pour l'émergenceémergence des énergies marines » (Ipanema) à Brest, en s'engageant à développer la filière.

    « L' important, au fond, c'est qu'elles tournent ! », plaisante Maurice Goarin, maire de Lanleff et président de la Communauté de communes de Paimpol-Goëlo en résumant la situation au lendemain du choix de l'EDF. Mais gageons que dans cette nouvelle voie de recherche, ainsi que les applicationsapplications qui en résulteront, il y aura place pour tout le monde...