Les déluges d’eau continuent d’être organisés autour des réacteurs de Fukushima Daiishi et le rétablissement de l’électricité a déjà permis de remettre en route l’un des systèmes de refroidissement. Alors que le vent tourne au nord, envoyant donc la radioactivité vers le sud, les mesures radiologiques autour de la centrale imposent déjà la surveillance voire l’interdiction de l’eau du robinet et de certains produits alimentaires.

au sommaire


    On continue de refroidir ce qu'il reste des réacteurs de la centrale de Fukushima. © Daveeza, Flickr, CC by-sa 2.0

    On continue de refroidir ce qu'il reste des réacteurs de la centrale de Fukushima. © Daveeza, Flickr, CC by-sa 2.0

    Le terrible bilan du séisme et du tsunami continue de s'alourdir. On parle aujourd'hui de plus de 21.000 morts ou disparus, alors que la situation sanitaire de nombre de sans-abri reste préoccupante, d'autant que le temps est froid et pluvieux. Au nord du Japon, cette pluie a une autre conséquence : elle commence à fixer dans le sol la radioactivitéradioactivité qui s'échappe de la centrale nucléaire de Fukushima. Les doses sont faibles mais elles ont tout de même dépassé en plusieurs endroits les seuils admissibles. Autour de la centrale, la contaminationcontamination par l'iodeiode 131 et le césiumcésium 137 touche l'eau, les végétaux et le lait. Quatre préfectures ont interdit la vente du lait et des légumes verts tandis que l'eau du robinet est sous surveillance.

    Les regards se tournent désormais vers la météométéo. Alors que le vent tourne et commence à souffler du nord, c'est le reste du Japon, et notamment Tokyo, qui se trouvent dans l'axe de propagation de ce qu'il ne faut pas appeler un « nuage radioactif ». Les mesures effectuées dans la capitale n'indiquent pour l'instant aucun risque pour la santé. En France, l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a utilisé un modèle météorologique pour simuler la propagation d’un panache radioactif à l'échelle de la planète entre le 12 mars et le 20 mars, compte tenu des événements connus dans la centrale de Fukushima Daiishi. Le résultat montre effectivement que la région de Tokyo n'est pour l'instant guère affectée, malgré un pic important (surtout d'iode 131) le 17 mars dernier.

    La simulation, réalisée par l’IRSN, de la <a href="http://www.irsn.fr/FR/popup/Pages/irsn-meteo-france_19mars.aspx" title="Modélisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l’échelle globale" target="_blank">dispersion du panache radioactif</a> depuis la première explosion du 12 mars à la centrale nucléaire de Fukushima 1 (Daiishi). Elle tient compte de toutes les fuites constatées depuis la première explosion et s’appuie sur les modèles et les observations météorologiques. Le panache, qui ne se développe que dans l’hémisphère nord, devrait toucher les côtes européennes dans les prochains jours. Auparavant, il se sera étalé sur toute la largeur du Pacifique, de l’Amérique du Nord puis de l’Atlantique. Les concentrations du panache resteront très faibles. En revanche, si les vents se mettent à souffler du nord, les populations au sud de la centrale seront directement exposées. © IRSN

    La simulation, réalisée par l’IRSN, de la dispersion du panache radioactif depuis la première explosion du 12 mars à la centrale nucléaire de Fukushima 1 (Daiishi). Elle tient compte de toutes les fuites constatées depuis la première explosion et s’appuie sur les modèles et les observations météorologiques. Le panache, qui ne se développe que dans l’hémisphère nord, devrait toucher les côtes européennes dans les prochains jours. Auparavant, il se sera étalé sur toute la largeur du Pacifique, de l’Amérique du Nord puis de l’Atlantique. Les concentrations du panache resteront très faibles. En revanche, si les vents se mettent à souffler du nord, les populations au sud de la centrale seront directement exposées. © IRSN

    Le retour de l’électricité

    La simulation, impressionnante, montre l'évolution de ce panache sur tout l'hémisphère nord et atteignant la France mercredi ou jeudi. Il faut bien comprendre que ce « nuage » n'en est pas un et que les doses resteraient infimes en Europe. L'IRSN parle d'un millième de becquerelbecquerel par mètre cube d'airair (Bq/m3) et précise : « À titre de comparaison, les valeurs mesurées au cours des jours suivant l'accidentaccident de Tchernobyl dépassaient 100.000 Bq/m3 dans les premiers kilomètres autour de la centrale ; elles étaient de l'ordre de 100 à 1.000 Bq/m3 dans les pays les plus touchés par le panache radioactif (Ukraine, Biélorussie) ; en France, les valeurs mesurées dans l'Est étaient de l'ordre de 1 à 10 Bq/m3 (le 1er mai 1986). Aujourd'hui, une très faible activité de césium 137 subsiste dans l'air, de l'ordre de 0,000001 Bq/m3 ».

    Sur le front de la centrale, la situation connaît des hauts et des bas. Le réacteur 3 inquiète, après une émissionémission de fumée (grise) ce lundi en début de journée (heure du Japon), ce qui a imposé une évacuation partielle du personnel. Depuis, c'est le 2 qui s'est mis à fumer (blanc)... Il y a pourtant une bonne nouvelle : l'électricité a enfin pu être rétablie sur les six réacteurs et mais seule la pompe de refroidissement du 5 a pu être remise en route. Les autres réacteurs continuent à être refroidis à l'eau de mer et à l'aide de lances à eau.

    Tepco annonce que la salle de contrôle du réacteur 2 devrait être réutilisable dans les heures à venir, ce qui permettra au personnel de travailler dans de meilleures conditions. L'entreprise est sur la sellette après l'aveu de manquements aux règles de sécurité. Des vérifications régulières auraient été zappées par les équipes techniques mais mentionnées comme faites dans les rapports d'intervention. Tepco aurait reconnu les faits une semaine avant le séisme dans un document rendu aux autorités. Mais on ne sait pas encore si ces entorsesentorses au suivi technique sont en rapport avec les pannes qui ont suivi le séisme et l'inondationinondation due au tsunamitsunami.