Dans toutes les mers du monde, il neige. Composée de détritus organiques, elle saupoudre perpétuellement les fonds marins. Le réchauffement des eaux de surface et l’augmentation de la stabilité qui en découlent peut favoriser l’agglomération de cette matière en un mucilage marin, pouvant former de monstrueux « blobs ».

au sommaire


    La mer Adriatique, zone la plus touchée par les mucilages marins. © S. Crouzet CC by-sa

    La mer Adriatique, zone la plus touchée par les mucilages marins. © S. Crouzet CC by-sa

    Le mucilagemucilage marin est un stade d'évolution gélatineux de la neige marine qui peut atteindre des dimensions énormes et couvrir des centaines de kilomètres de littoral. Lorsqu'ils sont de dimensions importantes, ces mucilages représentent des habitats extrêmes caractéristiques d'une dégradation environnementale du milieu.

    La mer Adriatique, dans la Méditerranée, est la zone la plus sévèrement touchée par le phénomène. Observés pour la première fois en 1729, les mucilages marins se sont manifestés sporadiquement, mais depuis une trentaine d'années leur fréquence d'apparition s'est considérablement accrue.

    En haut, bande de mucilage sur la côte, en bas, un échantillon de <em>mare sporco</em> (mer sale), où l'on distingue bien le mucilage en surface. © Danovaro <em>et al.</em> CC

    En haut, bande de mucilage sur la côte, en bas, un échantillon de mare sporco (mer sale), où l'on distingue bien le mucilage en surface. © Danovaro et al. CC

    A l'aide de techniques moléculaires, l'équipe de Roberto Danovaro du Département des Sciences Marine, de l'Université Polytechnique de Marche et du Département des Sciences de la Vie de l'Université de Trieste (Italie) ont déterminé les potentialités d'accueil des « blobs ».

    Ces monstrueux blobs abritent en effet une biodiversité microbienne vaste et exclusive, ainsi que des espèces pathogènespathogènes absentes des eaux environnantes. Par ailleurs, l'étude sur 200 ans des fréquences d'apparitions des mucilages et de leurs relations avec le changement climatiquechangement climatique a révélé un lien entre ces deux phénomènes. Le nombre d'éruptions mucilagineuses a augmenté de manière presque exponentielle au cours des vingt dernières années. L'accroissement de ces éruptions est ainsi intimement relié aux anomaliesanomalies de température.

    En avant-première, la bande-annonce de l'attaque des blobs... © National Geographic

    Blob l'éponge n'est pas apprécié par les touristes

    Le phénomène de « mer sale » (mare sporco) sur les zones côtières inquiète de plus en plus à cause des conséquences socio-économiques. En recouvrant les sédiments sur plusieurs kilomètres, ces mucilages causent des phénomènes d'hypoxiehypoxie ou d'anoxieanoxie (manque d'oxygène) et asphyxient les organismes benthiquesbenthiques. Ils peuvent flotter à la surface des eaux pendant 2-3 mois, engluent les filets, s'accrochent aux baigneurs et exhalent une odeur nauséabonde. Leur communauté pathogène, notamment Escherichia coliEscherichia coli, dégradent la qualité des eaux et peut limiter les activités nautiques, voire disséminer des maladies à la faunefaune comme à l'homme (dermatitesdermatites et syndromessyndromes associés).

    Avec la dégradation des milieux et des conditions sanitaires, les éruptions mucilagineuses détruisent la productivité des milieux, ainsi que leur résiliencerésilience. La pêchepêche et le tourisme des zones côtières affectées en pâtissent, au grand dam des populations locales et des touristes.