L’année 2012 est une année record. La surface de la glace de mer de l’Arctique n’avait jusqu’alors jamais été aussi réduite. Si le réchauffement climatique et l’apport anthropique sont clairement en cause, le principal moteur de ce record serait lié à la puissante tempête qui a sévi en août 2012…

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    La glace de mer de l'Arctique a atteint un record dramatique de fonte en septembre 2012. Son étendue se serait réduite de 3,41 millions de km2 ! Si le réchauffement climatique joue clairement un rôle dans le recul des glaces, ce record a été atteint à cause d'un phénomène météo rare. © Jeremy Potter, NOAA

    La glace de mer de l'Arctique a atteint un record dramatique de fonte en septembre 2012. Son étendue se serait réduite de 3,41 millions de km2 ! Si le réchauffement climatique joue clairement un rôle dans le recul des glaces, ce record a été atteint à cause d'un phénomène météo rare. © Jeremy Potter, NOAA

    Pour l'Arctique, l'année 2012 n'aura pas été un bon cru. La glace de mer a atteint un taux de fonte record, reculant de 3,41 millions de km! À la fin août, les glaces recouvraient une superficie de 4,1 millions de km2, soit 70.000 km2 de moins qu'en 2007, année jusqu'alors détentrice du record de fontefonte. Pourtant, à l'inverse de l'année 2007, l'année 2012 était une année calme, la température ne s'étant jamais vraiment écartée de la normale saisonnière.

    Sur ces 30 dernières années, l'étendue de glace de l'Arctique s'est réduite de 40 %. Le réchauffement climatique et la part anthropique sont souvent pointés du doigt pour ce déclin à l'échelle décennale. Mais la fonte spectaculaire de 2012 est liée à la météorologie plus qu'au climat. En août 2012, une incroyable tempête a complètement modifié les paramètres climatiques. Une intense dépression s'est abattue en Amérique du Nord, deux mois avant l'ouragan Sandy. S'il n'a pas causé les mêmes dommages matériels et humains que ce dernier, cette tempête aura tout de même été désigné comme la « supertempête de l'Arctique d'août 2012 » par les auteurs d'un article publié dans les Geophysical Research Letters (GRL).

    La tempête atypique d'août 2012 s'est formée au large de la Sibérie, a traversé l'océan Arctique et s'est échoué au Canada. La photo a été prise le 6 août par le satellite Aqua de la Nasa, alors que la tempête atteignait le Groenland (ici à gauche). © Nasa, Goddard, Modis, <em>Rapid Response Team</em>

    La tempête atypique d'août 2012 s'est formée au large de la Sibérie, a traversé l'océan Arctique et s'est échoué au Canada. La photo a été prise le 6 août par le satellite Aqua de la Nasa, alors que la tempête atteignait le Groenland (ici à gauche). © Nasa, Goddard, Modis, Rapid Response Team

    L'Arctique a connu quelques 19.625 tempêtes depuis 1979. Celle d'août 2012 est classée comme la 13e plus forte tempête enregistrée depuis 33 ans. La grande tempête s'est formée le 2 août au large de la Sibérie, et a traversé l'océan pour mourir dans l'archipel Arctique canadien. Il est extrêmement rare qu'une tempête dure près de 13 jours, comme celle-ci. La pressionpression minimale atteinte le 6 août était de 966 hPa. À titre indicatif, le minimum de pression de l'œilœil de l'ouraganouragan Sandy était de 940 hPa. Ainsi, sa duréedurée de vie et son minimum de pression ont rendu la tempête de l'Arctique particulièrement atypique.

    Tempête et fonte de la mer de glace : les vents en cause

    La tempête a fractionné et dispersé la glace de mer, laissant à nu le bloc principal. Une boucle de rétroactionboucle de rétroaction positive a suivi : le bloc principal de la glace de mer était plus exposé aux ventsvents. Ainsi, ces derniers couplés aux vagues générées par la tempête ont amplifié la fonte de la glace déjà affaiblie. La tempête a fracturé une grande partie de la glace de mer au nord de la mer des Tchouktches et au large de l'Alaska. Les vents ont poussé les blocs de glaces vers le sud, où les eaux de surfaces sont plus chaudes. Ils ont donc complètement fondu.

    Des études antérieures ont montré que les tempêtes de l'Arctique pouvaient avoir un effet positif sur le gain de glace. Si ces événements surviennent au début de l'été, au centre de l'Arctique, les systèmes dépressionnaires peuvent protéger la glace de mer. Les vents sont tels qu'ils conservent la glace dans une eau froide, et les oragesorages peuvent refroidir la température atmosphérique. Tandis qu'à l'inverse, les années où les conditions météorologiques dans l'Arctique sont calmes, la glace de mer fond beaucoup plus.

    La météo ou le climat ? 

    Les deux derniers records de fonte de 2007 et 2012 n'ont donc pas été atteints pour les mêmes raisons. En 2007, des vents du sud, plus chauds, sont remontés le long des côtes de la Sibérie orientale et de la mer des Tchouktches. Comme pour l'Antarctique, ces vents chauds dispersent la mer de glace et augmentent la fonte. Les conditions météorologiques de 2012 étaient proches de la moyenne, le record de fonte n'aurait donc probablement pas été atteint si le tempête n'avait pas été aussi intense.

    Si les conditions météorologiques influent sur l'ampleur de la fonte annuelleannuelle, il est aussi certain que le réchauffement climatiqueréchauffement climatique joue sur la fonte moyenne observée sur le siècle dernier. L'influence anthropique, qu'on le veuille ou non, reste le vecteur commun pour expliquer le bilan de fonte négatif et la diminution dramatique de l'étendue de la glace de mer de l'Arctique.