Le dioxyde de carbone n’est pas le seul gaz à effet de serre. Le méthane, l’ozone troposphérique et les hydrofluorocarbures, bien qu’étant des constituants mineurs de l’atmosphère, ont un pouvoir réchauffant beaucoup plus important que le CO2. D’après le NCAR, réduire leurs émissions permettrait de réduire de moitié l’augmentation du niveau de la mer d’ici 2050.

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    La pollution atmosphérique rythme le climat. L'enveloppe gazeuse est majoritairement constituée d'azoteazote (78 % du volumevolume) et d'oxygène (21 %). Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d'eau, constituant 0,33 % de l'enveloppe, et le dioxyde de carbone qui ne représente que 0,0037 %. La somme de tous les autres composés gazeux correspond à seulement 0,001 % des moléculesmolécules présentes dans l'airair. C'est infime. Pourtant, certains des gaz mineurs sont émis en massemasse et ont un impact majeur sur le climat.

    On parle le plus souvent des émissions anthropiques du dioxyde de carbone, en raison de son aberrante quantité rejetée dans l'atmosphère par la combustioncombustion d'énergies fossiles. Mais le méthane, l'ozone troposphérique et les hydrofluorocarbures (HFC) sont des gaz à effet de serre beaucoup plus puissants que le CO2. Leurs émissionsémissions ont aussi largement augmenté au cours du XXe siècle. Dans une étude parue en 2010, une équipe de recherche du National Center for Atmospheric Research (NCAR) avait montré que réduire les émissions de ces gaz pourrait atténuer de 50 % le réchauffement atmosphérique d'ici 2050. Ces scientifiques avancent maintenant que faire baisser les émissions de ces constituants ralentirait considérablement l'augmentation du niveau de la mer.

    Pollution atmosphérique au-dessus de l'Indonésie, le 22 octobre 1997. Le blanc représente les aérosols. Le vert, le jaune et le rouge correspondent à des zones de concentration croissante en ozone troposphérique. © Nasa

    Pollution atmosphérique au-dessus de l'Indonésie, le 22 octobre 1997. Le blanc représente les aérosols. Le vert, le jaune et le rouge correspondent à des zones de concentration croissante en ozone troposphérique. © Nasa

    La montée des océans est l'une des conséquences du changement climatiquechangement climatique les plus préoccupantes. Nombre de mégalopoles sont situées sur les côtes : Bombay, New York, Tokyo... Ces dernières années, le niveau de la mer moyen a augmenté de trois millimètres par an. Si la température continue de grimper, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) prévoit une élévation de 18 à 59 cm pour la fin du siècle. La nouvelle étude du NCAR, en collaboration avec le Scripps Institution of Oceanography, suggère que réduire les émissions des polluants secondaires, à savoir le méthane, l'ozone troposphériqueozone troposphérique, les HFC ainsi que la suiesuie pourrait ralentir de moitié la hausse du niveau de la mer.

    Contrôler la hausse du niveau de la mer

    Les résultats, publiés dans Nature Climate Change, mettent en évidence que suivant le scénario, l'élévation du niveau de la mer se ralentirait de 22 à 42 %. Si la réduction des émissions est retardée de 25 ans, son impact serait toutefois réduit d'un tiers, puisqu'il serait alors impossible de ne pas excéder une augmentation de 2 °C dans l'atmosphère à l'horizon 2100. « En agissant assez tôt, nous avons encore les moyens de contrôler le phénomène d'élévation du niveau de la mer qui est en train de se produire », commente Yangyang Xu, coauteur de l'étude.

    Pour cette recherche, plusieurs modèles ont été comparés. L'équipe de Yangyang Xu s'est servie des modèles couplésmodèles couplés Community Climate System ModelCommunity Climate System Model du NCAR ainsi que d'un modèle climatiquemodèle climatique plus spécifique, qui prend en compte les interactions géochimiques liées au carbone. Les scénarios prévoient la réduction des polluants secondaires de 30 à 60 % pour les prochaines décennies. Il s'agit des plus importantes réductions d'émissions économiquement viables.

    Temps de vie très court pour les constituants gazeux mineurs

    À l'heure actuelle, aucun accord à l'échelle mondiale n'a pu être établi sur les réductions d'émissions de dioxyde de carbone. Dans ce contexte, réduire les émissions des gaz mineurs et de la suie pourrait être une alternative temporaire. Le temps de résidence du méthane dans l'atmosphère est de neuf ans, celui de l'ozone troposphérique de deux mois, et celui des hydrofluorocarbures de quelques années. Ce sont des duréesdurées de vie très courtes par rapport à celle du dioxyde de carbone, qui peut varier entre 15 et 120 ans.

    Réduire l'émission des gaz secondaires permettrait donc d'endiguer relativement rapidement les augmentations de température et du niveau de la mer. Il faut néanmoins garder en tête que c'est une solution envisageable à court terme. En effet, le dioxyde de carbone reste le facteur le plus important dans l'élévation du niveau de la mer, à plus longue échéance.