L'Homme aurait participé à la déforestation en Afrique centrale il y a 3.000 ans afin de pratiquer l'agriculture. Les données sédimentaires montrent que le changement climatique n'aurait pas pu à lui seul transformer la forêt en savane.

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    En Afrique, la forêt tropicale ou forêt du bassin du Congo, s'étend sur plus de 2 millions de kilomètres carrés. La déforestation menace ce genre de forêt. © Julie Dewilde, Flickr, cc by nc sa 2.0

    En Afrique, la forêt tropicale ou forêt du bassin du Congo, s'étend sur plus de 2 millions de kilomètres carrés. La déforestation menace ce genre de forêt. © Julie Dewilde, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Il y a 3.000 ans déjà, l'Homme pratiquait la déforestation. C'est ce que démontre une étude de chercheurs de l'Ifremer, publiée dans la revue Science. Selon eux, les Hommes auraient abattu des arbres de la forêt tropicale humide du centre de l'Afrique afin de pratiquer l'agriculture.

    C'est en analysant les sédiments déposés au fond de l'embouchure du fleuve Congo que Germain Bayon et ses collègues en sont venus à cette hypothèse. Ils ont réalisé des carottages et les quantités d'argile, d'aluminiumaluminium et de potassiumpotassium ont été analysées.

    Trop forte érosion pour les précipitations

    L'argile est un très bon indicateur des précipitationsprécipitations car elle est fortement soumise au phénomène d'érosion. Quant à l'aluminium (Al) et au potassium (K), ils ont des mobilités bien différentes. En mesurant le ratio de ces deux éléments dans les carottescarottes (Al/K), il est possible d'effectuer des interprétations concernant l'érosion. Plus le ratio est grand, plus l'érosion a été importante.

    Fleuve Congo, près de Mossaka (République du Congo). © bsm15, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Fleuve Congo, près de Mossaka (République du Congo). © bsm15, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L'analyse des chercheurs a porté sur une période s'étalant d'il y a 20.000 ans à 3.000 ans. Jusqu'à 3.500 ans BP (avant le présent), le ratio Al/K correspondait aux estimations de précipitations sur la région. Mais après cette époque, il a clairement augmenté, indiquant que les précipitations n'étaient pas le seul facteur d'érosion. Un pic a d'ailleurs eu lieu il y a 2.500 ans.

    Déforestation pour laisser place à l'agriculture

    Or cette période correspond justement à la migration de peuples Bantous, de l'Afrique de l'Ouest (Cameroun et Nigeria) vers l'Afrique centrale. Les chercheurs suggèrent donc que ces Hommes ont pratiqué la déforestation, contribuant ainsi à la transformation de la forêt en savane, mise en évidence par la forte présence de pollenpollen de graminéesgraminées au sein des couches de l'époque. La mise à nu de la terreterre l'expose en effet davantage aux ruissellements et donc, à l'érosion.

    Jusqu'à maintenant, pourtant, il était admis que le changement climatiquechangement climatique était responsable de cette transformation qui avait été propice au développement de l'agriculture. Cependant, ces nouveaux résultats montrent que les événements se sont déroulés inversement, à savoir que l'agriculture a été responsable de la déforestationdéforestation.

    Toutefois elle n'est pas l'unique responsable et les chercheurs admettent qu'il est difficile de savoir dans quelle mesure cette transformation est imputable à l'Homme ou au changement climatique. Quoi qu'il en soit, déjà à cette époque, l'Homme pratiquait la déforestation, mais lui ignorait son impact sur le climatclimat...