Financée par Google, la startup WattTime veut mesurer les émissions de toutes les centrales électriques de la planète grâce à un algorithme combinant différentes données issues d’images satellites. La fin de l’impunité en matière de pollution ?


au sommaire


    Plus de 28.500 centrales électriques sont en opération dans le monde, selon le World Resources Institute (WRI). Malheureusement, de nombreux gouvernements rechignent à livrer les chiffres exacts quant à leurs activités ou leurs émissionsémissions réelles. En 2018, le groupe de recherche CoalSwarn avait ainsi révélé la construction cachée de dizaines de centrales au charbon, en Chine, malgré les engagements du gouvernement en matièrematière de lutte contre le réchauffement climatique.

    Même dans les pays riches, peu de producteurs disposent d'un suivi en temps réel de leurs émissions au niveau de chaque unité, ce qui complique considérablement l'élaboration de normes environnementales efficaces et l'applicationapplication d'éventuelles sanctions.

    Le WRI a créé une carte qui recense toutes les centrales électriques par type de production (charbon, gaz, éolien, nucléaire…) © WRI
    Le WRI a créé une carte qui recense toutes les centrales électriques par type de production (charbon, gaz, éolien, nucléaire…) © WRI

    1,7 million de dollars alloués par Google à trois organisations

    C'est pour mettre fin à ce grand flou que GoogleGoogle a alloué, le 7 mai dernier, 1,7 million de dollars à un projet de suivi détaillé de la pollution au niveau de chaque centrale dans le cadre de son programme Google AI Impact Challenge, destiné à des projets sociaux utilisant l'intelligence artificielleintelligence artificielle.

    La startup américaine WattTime a mis au point une technologie intelligente permettant d'optimiser sa consommation électrique en fonction de l'offre et de la demande ; elle va ainsi collaborer avec le think tank Carbon TrackerTracker et le WRI pour traquer les émissions polluantes des centrales électriques. Carbon Tracker est à l'origine d'un projet pour surveiller les émissions des centrales thermiques, tandis que le WRI a élaboré de son côté la base de données la plus complète des centrales électriques dans le monde. WattTime apporte son savoir-faire en matière de prévision et de gestion des données de consommation électrique.

    Exploiter les données des centaines de satellites d’observation de la Terre

    Pour comptabiliser les émissions, WattTime va s'appuyer sur un ensemble de données satellite à disposition. Plus de 2.062 satellites orbitent à l'heure actuelle autour de la Terre, dont 807 sont dédiés à l'observation de la Terre, d'après le recensement de l'Union of Concerned Scientists (UCS Satellite Database).

    Une véritable mine d'informations dont on peut, par exemple, extraire des photos satellite montrant de la fumée, la chaleur infrarouge émise par la centrale et le réchauffement de l'eau à proximité, ou encore le dioxyde d'azoteazote (NONO2) dégagé lors de la combustioncombustion d'hydrocarbureshydrocarbures.

    La centrale de Cordemais, en Loire Atlantique, est l’une des dernières centrales à charbon en activité en France. © Google Maps
    La centrale de Cordemais, en Loire Atlantique, est l’une des dernières centrales à charbon en activité en France. © Google Maps

    Le grand flou des chiffres de la pollution

    Ce système devrait permettre d'avoir des données bien plus précises que les vagues estimations actuelles. « En 2015, l'Agence internationale de l'ÉnergieÉnergie estimait que la demande chinoise en charbon connaîtrait un pic en 2030... avant d'expliquer un an plus tard que le pic avait été atteint en 2013 ! », s'étonne ainsi Carbon Tracker. Ses données avaient également permis de constater que 40 % des centrales à charbon chinoises étaient en déficit en s'appuyant sur l'activité réelle des centrales mesurée par satellite.

    « Une vision réaliste des émissions va permettre de vérifier les engagements de chaque pays dans le cadre de l'accord de Paris », se félicite WattTime. À terme, la startup espère contribuer à la baisse globale des émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu'à la réduction de l'impact environnemental des milliards d'objets connectés à travers le monde (voitures électriquesvoitures électriques, thermostatsthermostats intelligents, infrastructures électriques, usines...) en adaptant leur consommation à l'offre disponible.


    Un atlas mondial interactif des émissions de CO2

    Article de Delphine Bossy publié le 29/11/2013

    Le Global Carbon Project a mis en ligne un atlas mondial interactifinteractif des émissions de gaz carboniquegaz carbonique. L'internaute peut comparer pour chaque pays le taux d'émission, de production ou d'échange de CO2. Il peut également observer l'évolution du cycle du carbonecycle du carbone depuis les années 1960 à nos jours.

    « Je suis très inquiet car nos actions sont insuffisantes », déclarait Ban Ki-Moon, le secrétaire des Nations-Unies, pour clôturer la conférence climat qui s'est tenue à Varsovie, du 11 au 22 novembre 2013. Ce rassemblement avait pour objectif de dresser le calendrier qui amènera, à l'horizon 2015, les quelque 200 pays membres à un accord international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Le but est d'éviter un réchauffement global de 2 °C d'ici 2100. Pour cela, il faudrait réduire les émissions globales au-dessous des niveaux de 1990 d'ici à 2030, et prévoir la suppression progressive des émissions de gaz carbonique dans le monde d'ici à 2050.


    La carte est complètement interactive. On peut choisir (1) le type d'émission, (2) le ou les pays et (3) observer l'évolution temporelle des émissions choisies. © Global Carbon Project

    Le combat paraît pour beaucoup impossible à gagner, surtout lorsque l'on sait qu'au moment où les dirigeants politiques débattaient à Varsovie, le Global Carbon Project publiait son rapport annuel et confirmait une hausse d’émissions mondiales de CO2 de 2,2 % par rapport à 2012. Ce résultat n'est pas tellement surprenant et on sait qu'en 2012, 35,4 milliards de tonnes de CO2 ont été émises dans l'atmosphèreatmosphère. Qui et comment a produit ces émissions, voilà qui est mal connu du grand public. On ignore souvent, suivant le pays, la contribution de la combustion d’énergie fossile, de la déforestationdéforestation ou de la production de cimentciment sur le bilan global des émissions.

    Dans ce contexte, le Global Carbon Project a développé un atlas interactif qui permet avant tout de se rendre compte de l'état du cycle du carbone actuel. Sur cette carte, l'internaute peut choisir d'afficher les émissions de gaz carbonique par pays ou par continent, mais aussi par type d'émission. Il peut apprendre quel pays détient le plus de ressources de charbon, de pétrolepétrole, de gaz ou de ciment, lequel en émet le plus ou encore lequel en vend le plus.

    Les émissions de carbone sont aussi liées au changement d'utilisation des terres, que l'on peut aussi afficher. La carte dispose enfin d'un timeline qui permet d'observer l'évolution de la consommation mondiale de gaz carbonique depuis les années 1960. Un outil très instructif donc, où les plus aguerris pourront également récupérer des informations utiles dans l'onglet Research. Ils y trouveront tous les jeux de données employés et pourront dresser eux-mêmes leur carte d'émission.