A la dernière conférence MEMS 2008, l'université du Michigan a présenté un concept inédit : un coléoptère muni d'implants, pilotable à distance comme un modèle réduit. Cette recherche est soutenue par le Darpa, instrument financier de la Défense des Etats-Unis.

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    L'implant est fixé sur la chrysalide (i) et reste à sa place sur l'adulte (ii). Les électrodes sont enfoncées dans les muscles des ailes (a et b). © MEMS 2008/Technical Digest

    L'implant est fixé sur la chrysalide (i) et reste à sa place sur l'adulte (ii). Les électrodes sont enfoncées dans les muscles des ailes (a et b). © MEMS 2008/Technical Digest

    On l'appelle Cyborg Beetle, un nom que l'on pourrait traduire par cyber scarabée. Cet animal a - involontairement - joué les vedettes lors de la dernière conférence MEMSMEMS 2008, dont l'objet n'a rien à voir avec la biologie mais concerne les capteurs et autres senseurs micromécaniques baptisés MEMS (Micro Electro Mechanical Systems).

    L'animal (l'engin ?) n'était pas physiquement présent mais il a été présenté par l'équipe de l'université du Michigan qui l'a conçu (créé ?). Le principe consiste à implanterimplanter trois électrodesélectrodes dans un insecteinsecte de bonne taille, en l'occurrence un coléoptèrecoléoptère dynaste, ce cousin du scarabée muni d'une longue et unique corne (unicorn beetle en anglais, Dynastes tityus de son nom scientifique). Deux d'entre elles plongent dans les muscles des ailes, à droite et à gauche, et la troisième s'enfiche dans le ganglionganglion cérébral de l'infortuné insecte. Ces trois stimulateurs sont reliés à un minuscule contrôleur électronique et à une pile lithiumlithium-|81b251ae5b66bf4f118107250559628e| tous deux solidement installés sur le thoraxthorax de l'insecte. Ce sac à dosdos thoracique porteporte, au bout d'un bras coudé, un stimulateur visuel composé de diodes électroluminescentesdiodes électroluminescentes, placées devant les yeuxyeux de l'insecte. En les allumant, on peut inciter le coléoptère à se diriger dans une certaine direction.

    Le <em>Cyborg beetle</em> et ses implants. La photographie <em>a</em> montre le contrôleur Texas Instruments MSP 430 (qui mesure 3 x 3 x 1 mm et pèse 62 mg). Il est alimenté par une pile minuscule, d'un modèle utilisé pour les implants cochléaires. Avec ses 170 mg, c'est l'élément le plus lourd. Cet ensemble est relié aux électrodes enfoncées dans le corps de l'animal ainsi qu'à un stimulateur visuel (visible sur l'image b), portant quatre diodes blanches. Le coléoptère en vol (c) doit porter près de 240 mg... © MEMS 2008/<em>Technical Digest</em>

    Le Cyborg beetle et ses implants. La photographie a montre le contrôleur Texas Instruments MSP 430 (qui mesure 3 x 3 x 1 mm et pèse 62 mg). Il est alimenté par une pile minuscule, d'un modèle utilisé pour les implants cochléaires. Avec ses 170 mg, c'est l'élément le plus lourd. Cet ensemble est relié aux électrodes enfoncées dans le corps de l'animal ainsi qu'à un stimulateur visuel (visible sur l'image b), portant quatre diodes blanches. Le coléoptère en vol (c) doit porter près de 240 mg... © MEMS 2008/Technical Digest

    Inspiré de la science-fiction

    L'implantation a lieu avant la métamorphosemétamorphose, quand l'insecte est une chenille ou une chrysalidechrysalide. Les petits dispositifs implantés s'intègrent mieux dans les tissus encore mous, qui finissent par les entourer. La mortalité varierait de 20 à 80 % selon les lieux d'implantation des électrodes.

    Cet insecte robotisé vole-t-il ? Oui, selon des photos présentées par les chercheurs de l'université du Michigan et publiées sur un site japonais de robotique. Mais pour l'instant, le coléoptère ne vole qu'en rond et en zigzag, grâce à l'action des électrodes activant les muscles.

    L'insecte robotisé vole... Le malheureux animal est fixé à une attache souple de 10 centimètres de longueur. Chacune de ces trois images est composée de dix clichés pris à 0,2 seconde d'intervalle, montrant le même coléoptère à différentes positions. Sur l'image a, le muscle de l'aile gauche est stimulé, ce qui le fait tourner sur sa droite. Quand la stimulation cesse (b), l'insecte décrit des zigzags avant que les muscles de l'aile droite soient à leur tour stimulés (c). © MEMS 2008/Technical Digest

    L'insecte robotisé vole... Le malheureux animal est fixé à une attache souple de 10 centimètres de longueur. Chacune de ces trois images est composée de dix clichés pris à 0,2 seconde d'intervalle, montrant le même coléoptère à différentes positions. Sur l'image a, le muscle de l'aile gauche est stimulé, ce qui le fait tourner sur sa droite. Quand la stimulation cesse (b), l'insecte décrit des zigzags avant que les muscles de l'aile droite soient à leur tour stimulés (c). © MEMS 2008/Technical Digest

    Ce projet un peu fou n'est pas une élucubration d'étudiants. Il répond à un appel d'offres (« sollicitation » BAA06-22) de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), une agence de financement dépendant du ministère de la Défense des Etats-Unis. Le projet est baptisé Hi-MEMS, pour Hybrid Insect MEMS. Son Program Manager au Darpa est Amit Lal, spécialiste de micro mécanique. D'après le site de Technovelgy, ce chercheur aurait été inspiré par une nouvelle de science-fiction, Sparrowhawk (épervier), de  Thomas A. Easton, publiée en 1990.

    Nul ne sait si ces expériences aboutiront vraiment à des armées d'insectes volants, porteurs de caméras, de poison ou de charges explosives. Mais l'idée est dans l'airair...