Une pièce de plus dans le débat opposant, dans la communauté scientifique, les sceptiques quant à l’origine humaine du réchauffement climatique et la majorité des climatologues, pour qui cette cause est de loin la plus probable, vient d’être apportée par Mike Lockwood du célèbre Rutherford Appleton Laboratory et Claus Froehlich du World Radiation Centre en Suisse. Sans nier l’influence importante de l’activité solaire sur le climat terrestre sur de longues échelles de temps, leur analyse, publiée dans les très respectés Proceedings of the Royal Society A, s’oppose catégoriquement à une influence de celle-ci pour expliquer le réchauffement planétaire des 20 dernières années.

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    Crédit : Institut d'Astrophysique de Paris

    Crédit : Institut d'Astrophysique de Paris

    Laissons-leur la parole, la conclusion de leur article est la suivante :

    « Il y plusieurs études intéressantes en paléoclimatologie qui suggèrent que les variations de l'activité solaire ont eu une influence sur le climat de l'ère pré-industrielle. Il y a aussi certains effets que l'on croit détecter en utilisant les modèles du climat de la Terre qui sont interprétables, et attribuables, à une variation de cette activité dans la première moitié du XX ième siècle. Le forçage radiatif du soleilsoleil serait ainsi amplifié par un mécanisme pour l'instant inconnu. Toutefois, ces effets n'ont rien à voir avec le débat actuel sur le réchauffement planétaire. Notre analyse montre que l'augmentation rapide de la température moyenne du globe observée depuis 1985 ne peut pas être attribuée à des changements dans l'activité du Soleil et ce, quels que soient les mécanismes invoqués pour amplifier l'impact de la variabilité solaire sur le climat. »

    En effet, pour eux, les modifications dans l'activité solaire enregistrées sur cette dernière vingtaine d'années vont toutes dans le sens opposé à celui qu'il faudrait pour augmenter la température de la Terre. Le Soleil étant moins actif, et rayonnant moins d'énergieénergie, on voit mal comment celui-ci aurait donc été à la source d'un réchauffement de la planète. Il y a bien sûr des mécanismes complexes de rétroactions dans les systèmes non linéaires complexes comme ceux du climat. Ainsi, on obtient parfois des réactions surprenantes et en sens inverse de celui auquel on s'attendait avec les systèmes dynamiques non-linéaires, mais en l'occurrence, il ne semble pas y avoir d'échappatoires.

    La possible influence prépondérante des variations de l'activité solaire sur le réchauffement de la Terre depuis quelques dizaines d'années a été soutenue récemment en France par des scientifiques aussi éminents que Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël. L'énergie libérée par le Soleil n'est pas seule en jeu car l'on constate aussi, sur de longues échelles de temps, des connexions entre le géomagnétisme terrestre et des modifications globales du climat. Or, ce champ est en partie dépendant de l'humeur du Soleil et il contrôle en particulier le flux de rayons cosmiquesrayons cosmiques atteignant notre atmosphère. Selon certains, ce flux pourrait intervenir dans la formation des nuagesnuages et changer le bilan radiatif de la Terrebilan radiatif de la Terre.

    Un débat s'est d'ailleurs déroulé récemment à l'Académie de Sciences entre ces chercheurs et les climatologuesclimatologues membres de cette  académie. Ils n'ont pas réussi à convaincre leurs collègues géophysiciens, dont Hervé Le Treut, qui leur ont fait des objections redoutables.