Alors que le vent du sud laisse depuis vendredi 7 juin un peu de répit à notre explorateur, voilà que les signes de l'été se multiplient sur la banquise : craquements de plus en plus nombreux, températures « clémentes » et surface neigeuse. Mais la première surprise est venue du ciel.

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    « Je n'en croyais pas mes oreilles, et c'était pourtant bien des gouttes qui ce matin cognaient d'un claquement sec sur les parois du Polar Observer » s'étonnait mardi 4 juin Jean-Louis Etienne dans son journal de bord*. La pluie peut sembler un élément banal mais elle n'a semble-t-il jamais été observé jusqu'à maintenant dans des coins aussi reculées du globe. Une averse qui n'a pourtant pas empêché le vent du sud de continuer de souffler et de faire remonter la plaque sur laquelle se trouve la capsule vers le pôle nord. Mais depuis vendredi, c'est accalmie qui prédomine. Le vent a cessé et le ciel est désormais dégagé : le calme avant la tempête ?

    Lentement mais sûrement

    Pas si sûr. L'été semble vouloir s'installer en douceur, comme si la banquise ménageait son invité de marque pour lui faire prendre conscience petit à petit de sa lente évolution. En fin de semaine dernière le vent du sud faisait toujours remonter inexorablement le Polar Observer vers le Pôle, a une vitessevitesse parfois record de « 35 à 40kmh établi, avec des pointes à 50. » Grande comme 28 fois la France, la banquise ne semble pas vouloir faire de cette incursion sur ses terres une partie de plaisir. Au vent du sud, s'est ajouté le temps couvert et la pluie. La température oscille autour de 0°C et mercredi matin la météométéo marquait une première accalmie. Le vent du sud s'est tue, laissant la place à une souffle d'ouest « qui lavait le ciel, amenant un airair frais, vivifiant ».

    De quoi redonner le moral est surtout pouvoir observer de plus près les dégradations de la banquise. Depuis jeudi, « la neige se transforme à grande vitesse. La croûtecroûte de surface durcie par le gel ne porteporte plus mes pas qui s'enfoncent de 30 cm jusqu'à la glace dure, rendant la marche pénible » avoue l'explorateur. Une glace dont Jean-Louis Etienne a repris la mesure malgré la perte de la tarièretarière, vrille qui lui servait à creuser la glace pour mesurer l'épaisseur de la banquise. Faisant avec les moyens du bord, notre aventurier des glaces est revenu à un outil plus archaïque : le pic à glace. Résultat : la banquise fait toujours 2,35 mètres d'épaisseur, « mais au regard de la température clémente de ces deux dernières semaines, elle va commencer à fondre. »

    Autre preuve de l'arrivée imminente de l'été, un visiteur venu du ciel. « Il a émergé de la brumebrume comme un boomerang venant d'un autre monde : un oiseauoiseau de mer ! ». Vendredi, la banquise accordait un répit sûrement de courte duréedurée à son visiteur. Le vent est tombé. Le temps est beau. « La banquise a retrouvé son silence extra planétaire ».

    Caroline Idoux - Futura-Sciences, Paris

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