Est-il possible que le thon rouge de Méditerranée, une des espèces de poissons les plus communes dans nos assiettes, soit menacée d’extinction ? Assurément oui, répond la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat), actuellement réunie à Marrakech.

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    Thon rouge à l’aquarium d’Osaka (Japon). Crédit NCBI Taxonomy

    Thon rouge à l’aquarium d’Osaka (Japon). Crédit NCBI Taxonomy

    Un seul chiffre situe le danger : pour un quota autorisé de 29.500 tonnes en 2007, plus de 61.000 tonnes de thon rouge ont été capturés et l'espèce pourrait bientôt complètement disparaître de Méditerranée, comme cela est déjà le cas dans l'ouest de l'Atlantique.

    Diverses solutions sont envisagées pour freiner ce déclin. La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat) se base sur les chiffres publiés, et prône une réduction du quota officiel à 15.000 tonnes par an, tandis que l'UICNUICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) réclame une suspension ferme de la pêche au thon rouge en Méditerranée. D'ailleurs, l'Espagne et le Japon, respectivement exportateur et importateur principaux de cette espèce, soutiennent cette mesure.

    Sergi Tudela, responsable de la pêche au sein du WWFWWF, se déclare en faveur d'une interdiction totale « dans l'attente de l'imposition de contrôles adéquats, d'une réduction de la capacité de pêche et de la mise en œuvre effective d'un plan de sauvetage sur une réelle base scientifique ».

    Thon rouge sur un marché japonais. Crédit : Derek Mawhinney

    Thon rouge sur un marché japonais. Crédit : Derek Mawhinney

    Contrôles renforcés ou moratoire ?

    Pendant ce temps et sans surprise, l'Association européenne des thoniers méditerranéens (AETM) demande que les quotas de pêchequotas de pêche ne soient pas réduits, estimant qu'un renforcement des contrôles dans le but de réellement faire respecter les quotas actuels aboutirait au même résultat. Mais les pêcheurs de l'Union européenne relativisent cette possibilité en pointant la part de responsabilité des pays du Maghreb, de la Turquie, de la Libye et de la Croatie dont les contrôles manquent d'efficacité, voire sont inexistants devant les nombreux prélèvements illégaux dans cette zone. « C'est un point sur lequel nous devons être extrêmement vigilants et même intransigeants », déclarait il y a deux semaines le ministre français de l'agricultureagriculture et de la pêche Michel Barnier, qui par ailleurs, n'exclut pas de subventionner la mise à la casse volontaire de thoniers en Méditerranée.

    L'lccat se réunit depuis lundi à Marrakech (Maroc), afin d'examiner les diverses options de protection de l'espèce. Le débat devrait durer une huitaine de jours, à la fois justifié par les implications sur l'environnement, mais aussi aux conséquences économiques, sociales et intergouvernementales évidentes.