Surprise : les mammifères marins, comme les plongeurs humains, risquent l'accident de décompression à la remontée. Ils n'ont pas d'adaptation physiologique particulière et, tout simplement, savent gérer leurs plongées. À condition qu'ils ne soient pas stressés...

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    Certains dauphins peuvent plonger au-delà de 600 m de profondeur. © amateur_photo_bore, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Certains dauphins peuvent plonger au-delà de 600 m de profondeur. © amateur_photo_bore, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les mammifères marins passent le plus clair de leur temps sous l'eau. Certains peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres de profondeur. Quand ils remontent à la surface, pour reprendre de l'airair, ils sont, à l'instar des plongeurs, potentiellement exposés à un accident de décompression. Au cours d'un séminaire, une trentaine de scientifiques a cherché à comprendre comment ces animaux parvenaient à éviter ces accidentsaccidents.

    Lorsqu'un plongeur descend en profondeur, les gazgaz qu'il a inspirés (surtout l'azoteazote, principal composant de l'air) passent des poumonspoumons à la circulation sanguine, où ils se dissolvent avant de se répandre dans tout le corps. Pendant la montée le processus est inverse. En effet, nous dit la loi de Henry, un liquideliquide retient une quantité de gaz dissous proportionnelle à la pressionpression. Quand celle-ci diminue, le trop-plein de gaz doit donc s'évacuer. Si la diffusiondiffusion des gaz dans le corps, durant la descente, se déroule gentiment, leur expulsion se fait dans le volumevolume, au sein même des tissus ou du sang, sous forme de bulles. C'est exactement ce qui arrive quand on ouvre une bouteille de champagne.

    Les bulles d'azote bloquent la circulation sanguine

    Ainsi, lorsque le plongeur se dirige vers la surface, l'azote, qui était dissous dans le sang, dégaze et forme des bulles. Si la remontée est lente, le gaz est normalement transféré vers les poumons et sera finalement expiré. En revanche, si l'ascension est rapide, les bulles formées grossissent et ne peuvent pas rejoindre les poumons. Elles peuvent gêner voire bloquer la circulation sanguine dans les petits vaisseaux. C'est l'accident de décompression.

    Après un plongeon, les mammifères marins ont la technique pour remonter en évitant un accident de décompression. Pas les humains... © Jayhem, Flickr, cc by 2.0

    Après un plongeon, les mammifères marins ont la technique pour remonter en évitant un accident de décompression. Pas les humains... © Jayhem, Flickr, cc by 2.0

    Le stress nuit à la gestion de l'azote

    Et qu'en est-il pour les mammifères marins ? Selon les chercheurs réunis au séminaire organisé par le Centre des mammifères marins (MMC) de la Woods hole oceanographic institution, il s'agirait d'une faculté à éviter la formation des bulles. Jusqu'à présent, les scientifiques croyaient pourtant que ces plongeurs bénéficiaient d'une batterie d'adaptations physiologiques et comportementales qui leur permettait de tolérer la formation de ces bulles d'azote.

    Mais en réalisant l'autopsieautopsie d'animaux échoués sur une plage, les scientifiques ont découvert des lésions létales provoquées pas des bulles de gaz. Ce qui prouve bien que les mammifères marins sont eux aussi sensibles aux accidents de décompression. Les chercheurs ont donc dû revoir leur copie.

    Des études ont montré que ces animaux avaient été confrontés à un stress - en l'occurrence des sonars militaires - les amenant à un échouage. Les scientifiques ont donc suggéré que les mammifères marins sont capables de gérer leur stock d'azote. Confrontés à des stressstress, ils perdent cette aptitude, comme il est expliqué dans un article de la revue Proceedings of the Royal Society B.

    Le mécanisme n'est cependant pas encore clairement expliqué, mais cette nouvelle avancée permet d'orienter les recherches dans la bonne direction.