Les mammifères de Floride survivront-ils aux attaques du python de Birmanie ? Ce serpent, introduit dans le parc des Everglades dans les années 1980, fait des ravages et les populations de mammifères connaissent un déclin sans précédent.

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    L'aire de répartition naturelle du python de Birmanie est l'Asie du Sud-Est : Thaïlande, Cambodge, Vietnam, Myanmar, Indonésie, Laos et Chine. © Mike Rochford

    L'aire de répartition naturelle du python de Birmanie est l'Asie du Sud-Est : Thaïlande, Cambodge, Vietnam, Myanmar, Indonésie, Laos et Chine. © Mike Rochford

    Le pythonpython de Birmanie semble régner sur les Everglades. Dans ce parc national de Floride, la quantité de mammifères a significativement diminué au cours de ces dernières années. Et le responsable pourrait bien être ce serpent invasifinvasif. Les dates concordent.

    Ce serpent constricteur (Python molurus bivittatus), qui peut mesurer jusqu'à 4 mètres, a en effet été introduit aux États-Unis dans les années 1980 et le nombre d'individus habitant le parc de Floride a explosé au début des années 2000, époque où le reptile a été officiellement reconnu comme établi.

    Aucun lapin recensé depuis l'établissement du python de Birmanie

    Cette période, jusqu'à maintenant, coïncide fortement avec le déclin des populations de mammifères au sein du parc. Pas de doute pour les scientifiques américains qui présentent leurs résultats dans Pnas, il y a bien une relation de cause à effet.

    Un alligator américain attaquant un python de Birmanie. © Domaine public

    Un alligator américain attaquant un python de Birmanie. © Domaine public

    Ils sont parvenus à cette conclusion en comparant des recensements réalisés par les autorités du parc avant l'établissement du serpent dans la zone, avec des données plus récentes, collectées après 2005. Pour certaines espèces de mammifères, les populations ont chuté de 99 % ! C'est le cas du raton laveur et des opossums.

    Mais pire encore, aucun lapin (Sylvilagus spp.) ni aucun renard gris ou roux (Urocyon cinereoargenteus et Vulpes vulpesVulpes vulpes) n'a été retrouvé après que le reptile s'est établi. Pourtant, ces espèces étaient parmi les plus abondantes des Everglades avant les années 2000.

    Près de 400 pythons de Birmanie retrouvés en 2009

    Une thèse confortée par la répartition spatiale de ces mammifères, qui sont vus davantage sur les bords du parc, où justement le python de Birmanie ne s'aventure que peu.

    Nombre de pythons retirés du parc des Everglades chaque année. © Dorcas <em>et al. </em>2012<em>, Pnas</em>

    Nombre de pythons retirés du parc des Everglades chaque année. © Dorcas et al. 2012, Pnas

    Difficile d'évaluer la quantité de ces serpents qui sévissent dans l'immense parc des Everglades (plus de 6.000 km²) mais environ 400 en ont été retirés en 2009, un chiffre en constante augmentation depuis l'introduction du reptile (avec une exception en 2010, mais probablement à cause de la fraîcheur de l'année).

    Et comme il n'existe aucun prédateur au-dessus d'eux dans la chaîne alimentairechaîne alimentaire (à part les alligatorsalligators, occasionnellement), ils ont tendance à proliférer à grande vitessevitesse. C'est le problème de la plupart des espèces invasives qui sont insérées au sein d'un milieu à l'équilibre et qu'ils perturbent durablement. À l'origine, les pythons ont été introduits par des hommes qui gardaient ces animaux en captivité, pensent les autorités du parc. Volontairement ou pas, la situation leur a échappé. Les conséquences sont lourdes.