Les virus des abeilles pourraient être la cause de l'effondrement des colonies d'abeilles et infecter au moins 11 autres espèces d’hyménoptères, probablement par le biais de pollen infecté.

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    Les virus d'abeilles se transmettent entre espèces, certainement par le biais du pollen. © Tie Guy II, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Les virus d'abeilles se transmettent entre espèces, certainement par le biais du pollen. © Tie Guy II, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Les abeilles sont en danger et le syndromesyndrome d'effondrement des colonies d'abeilles ou CCDCCD (en anglais Colony Collapse Disorder) est la cause majeure de disparition des abeilles à miel cultivées par l'homme. Si les causes de ce syndrome semblent être nombreuses, il est de plus en plus clair que des virus sont au moins en partie responsables de ce désastre écologique et apicole.

    Les abeilles étant des insectes vivant en société très organisée, comptant environ 60.000 membres littéralement les uns sur les autres, elles sont particulièrement sensibles à des virus qui peuvent se transmettre facilement d'un individu à un autre, jusqu'à décimer toute la ruche. Ainsi, 18 virus sont déjà connus pour infecter les abeilles, dont certains sont des virus à ARNARN.

    Cinq virus chez onze espèces d'hyménoptères

    Récemment, un virus d'abeille avait également été détecté chez le bourdon, faisant suspecter une probable dissémination du virus chez l'ensemble de la communauté des hyménoptères. Et malheureusement, la cause du syndrome CCD pourrait donc aussi toucher les abeilles sauvages, qui semblaient épargnées jusqu'alors. 

    Afin de vérifier cette hypothèse, les scientifiques de la Penn State University ont collecté des abeilles domestiquées (Apis mellifera) et sauvages sur des plantes en fleurs de trois états des États-Unis (la Pennsylvanie, New York et l'Illinois), à la recherche de cinq virus d'abeilles parmi les plus courants (DWV, BQCV, SBV, KBV et IAPV).

    Le pollen transporté par les abeilles peut contenir des virus dangereux pour les colonies. © Autan, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Le pollen transporté par les abeilles peut contenir des virus dangereux pour les colonies. © Autan, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Connaissant la séquence génomiquegénomique de ces virus, il est possible de détecter leur présence en utilisant la technique de RT-PCRRT-PCR, qui consiste en la multiplication d'une séquence d'ARN spécifique en l'ayant préalablement rétro-transcrite en ADNADN.

    Grâce aux travaux de chercheurs ayant utilisé cette technique, il apparaît que les abeilles non domestiquées sont également porteuses des maladies virales. En effet, les 11 autres espèces d'hyménoptères testées dans l'étude ont aussi été retrouvées infectées par les cinq virus recherchés. Si ces résultats étaient inattendus puisque les virus ont généralement des spectresspectres d'hôtes restreints, le plus inquiétant n'est pas là.

    Le pollen contient du virus

    Les virus ont été retrouvés chez les abeilles sauvages uniquement lorsqu'elles étaient proches des ruches également infectées par le même virus. Cela laissait fortement présager l'existence d'un moyen de contaminationcontamination entre les différentes espèces d'une même région, hypothèse qui a été valisée en analysant un autre type d'échantillon : les grains de pollen transportés par les abeilles sauvages et domestiquées. 

    Les séquences virales ont également été retrouvées sur les grains de pollen, mais les virus retrouvés chez les abeilles et dans le pollen qu'elles transportent ne sont pas forcément identiques. Ainsi, une abeille peut être infectée sans que le pollen qu'elle transporte ne montre de trace du même virus, et un lot de pollen contenant du virus n'infecte pas nécessairement l'insecte qui le transporte.

    Cela implique que le pollen peut être contaminé par des pollinisateurs extérieurs (probablement par défécationdéfécation des insectes sur les grains de pollen des fleurs), pollen que des abeilles à miel peuvent transporter vers la ruche pour devenir la source de contamination de toute la ruche. Le pollen est donc une sorte de réservoir des virus des abeilles, d'autant qu'il peut contenir des virus qui gardent leur infectivité pendant plusieurs mois.

    Mais il reste du travail si l'on veut tenter de sauver les abeilles. Selon les auteurs de l'article publié dans la revue Plos One, « la dynamique de cette transmission virale via le pollen doit être définie plus en détails pour comprendre comment les virus passent d'une espèce à une autre et pour déterminer si le pollen et sa plante ont un plus grand rôle qu'uniquement celui de transporteur physiquephysique de ces virus ».