Pour prendre la bonne décision, les primates font comme les humains. Ils évaluent les bénéfices qu'ils pourraient tirer d'une éventuelle prise de risque. Si ce risque est trop important, ils se ravisent.

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    Les seuls bonobos en liberté vivent en République démocratique du Congo. © James Hopkirk, Flickr, cc by nc sa

    Les seuls bonobos en liberté vivent en République démocratique du Congo. © James Hopkirk, Flickr, cc by nc sa

    Tous les jours, les humains sont amenés à prendre des décisions et face à une alternative, ils évaluent les risques de chacune des possibilités. Des chercheurs se sont rendu compte, expériences à l'appui, que la situation était similaire pour les grands singes et que lorsqu'ils doivent faire un choix, ils s'orientent préférentiellement vers la solution la moins risquée.

    Imaginez que vous ayez face à vous deux enveloppes. Dans l'une à été placé un billet de 50 euros et dans l'autre, un billet de 100 euros... ou rien ! Pour laquelle opterez-vous ? La sagesse voudrait que l'on s'oriente vers l'enveloppe contenant le billet de 50 euros.

    Prendre la décision la plus bénéfique

    Des chercheurs de l'Institut Max Planck ont réalisé des tests de ce type avec quatre espèces de grands singes : des bonobos (Pan paniscusPan paniscus), des chimpanzés (Pan troglodytesPan troglodytes), des orangs-outans (Pongo abelii) et des gorilles (GorillaGorilla gorilla). Les décisions ne concernaient pas de l'argentargent, mais de la nourriture, et plus exactement des bananes, comme les scientifiques le décrivent dans Plos One.

    Dispositif de l'expérience. Le petit bout de banane est placé ostensiblement sous le bol jaune. Le gros bout est caché discrètement sous un des bols bleus. © Haun <em>et al. </em>2011, <em>Plos One</em>

    Dispositif de l'expérience. Le petit bout de banane est placé ostensiblement sous le bol jaune. Le gros bout est caché discrètement sous un des bols bleus. © Haun et al. 2011, Plos One

    Les scientifiques confrontaient les primates à une alternative : soit se contenter d'un petit morceau de banane, soit tenter d'en trouver un plus gros, sachant que le succès n'était pas garanti. Et les résultats montrent que ces animaux choisissent préférentiellement l'option sécuritaire (donc le petit morceau).

    Les primates et les probabilités

    Non seulement, ces tests mettent en évidence la faculté qu'ont les grands singes à prendre des décisions, mais en variant les paramètres des expériences, les scientifiques se sont aperçus que les cobayes étaient capables d'apprécier assez justement les probabilités en jeu ! À savoir que plus la récompense est importante, plus le primate va prendre de risque pour l'obtenir.

    Ainsi, au cours des tests, les singes pouvaient choisir entre un petit bout de banane placé sous un bol reconnaissable (option sécuritaire) ou un gros bout de banane placé sous un seul bol parmi plusieurs identiques (option risquée). Quand la taille du petit morceau de banane augmentait - diminuant ainsi le bénéfice d'obtenir le gros - le cobaye choisissait la solution sécuritaire. De même quand le nombre de bols sous lesquels pouvait être placé le gros bout augmentait.

    Les auteurs ont cependant été surpris par la prise de risque de ces primates et se demandent maintenant ce que les Hommes feraient au cours d'expériences identiques. La prochaine étape consistera donc à tester les humains. Peut-être faudra-t-il néanmoins les récompenser avec autre chose que des bananes...