Alors qu’ils avaient échoué au fameux test de la tache et du miroir, les macaques devraient quand même être comptés dans la liste des animaux possédant une conscience d’eux-mêmes. Après la pose d’un implant dans le cerveau, en effet, ces petits singes se sont en effet découvert une passion pour leur reflet !

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    Depuis les années 1970, les éthologistes tentent de vérifier la conscience que les animaux ont d'eux-mêmes en réalisant le fameux test du miroirmiroir. Typiquement, des taches sont faites sur le pelage des animaux au niveau de leur visage. Il leur est impossible de les visualiser directement, mais lorsqu'ils se voient dans le miroir, certains peuvent la toucher et même essayer de l'effacer, montrant bien qu'ils savent non seulement qu'elle est sur leur propre corps mais aussi qu'elle leur est étrangère. 

    Certains primates, de même que les éléphants ou les dauphins, ont réussi ce test avec brio. Pour d'autres, il faut parfois faire preuve d'un peu plus d'imagination. C'est le cas des porcs, qui ne sont pas choqués de voir une tache sur leur pelage et qui attaquent leur reflet dans un miroir. Pourtant, s'ils voient de la nourriture cachée reflétée dans un miroir, là ils la trouvent !

    On pensait alors que les macaques rhésus (Macaca mulattaMacaca mulatta) n'avaient pas la conscience d'eux-mêmes puisque le test de la tache n'était pas une réussite. De plus, des expériences avaient montré qu'ils répondaient socialement (agressivité, peur) à leur image dans le miroir même après une longue exposition. Mais c'est une tout autre version qui vient d'être proposée par des chercheurs de l'université du Wisconsin-Madison qui travaillent habituellement sur les défauts d'attention des singes.


    Le macaque rhésus utilise le miroir pour regarder des zones de son corps qu'il ne peut pas observer directement. © Courtesy L. Populin

    Seulement s'ils portent un implant...

    Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont observé par hasard chez deux macaques ayant un implantimplant dans le cerveaucerveau (pour mesurer des paramètres électrophysiologiques) des signes de comportements autodirigés face à un miroir. Un tel comportement n'ayant jamais été rapporté jusqu'alors, ces deux singes ont été soumis au test de la tache, auquel ils ont échoué.

    D'autres expériences ont alors été réalisées sur cinq macaques, en présence de grands ou de petits miroirs, couverts d'un plastiqueplastique opaque ou non. L'enregistrement de vidéos a permis de comptabiliser le nombre de regards dans les miroirs et le temps total passé à les regarder. D'après l'article paru dans le journal Plos One, les chiffres montrent une augmentation des deux paramètres lorsque le miroir est visible, indiquant qu'il n'est pas considéré par les singes comme un simple objet.

    De plus, certains des macaques ont utilisé le miroir pour observer des parties de leur corps qu'ils ne peuvent pas voir directement, à la fois leur blessure à la tête et leurs parties génitales. Les singes touchent davantage et significativement ces zones de leur corps en présence du miroir, indiquant que le reflet leur est utile. La quasi-absence de comportements sociaux face au miroir (agression, soumission...) est aussi une indication qui permet de montrer que le macaque n'y voit pas un congénère.

    Étrangement, les macaques ne possédant pas l'implant n'ont pas montré de signes d'intérêt pour le miroir. La blessure à la tête serait donc un stimulant, ou bien constituerait une « super tache » qui les aiderait à s'identifier. D'après les auteurs, les différences de comportements constatées entre les primates hominoïdes et les autres seraient donc simplement dues à une différence de position sur l'échelle évolutive et continue des fonctions mentales.