Pour ne pas élever de jeunes intrus, un oiseau enseigne un mot de passe à ses oisillons ! Cette mesure de sécurité permettrait au mérion superbe de se prémunir contre le parasitisme de couvée pratiqué par le coucou de Horsfield. L’apprentissage du code commence tôt, avant même l’éclosion des œufs.

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    Le moins que l'on puisse dire est que le coucoucoucou de Horsfield (Chalcites basalis), un oiseau vivant en Australie, n'a pas d'instinct parental. Cette espèce préfère en effet faire élever ses jeunes par le mérion superbe (Malurus cyaneus). Sa technique est bien rodée. Dès que possible, il se dépêche d'aller déposer ses œufs dans le nid de sa victime. À son retour, celle-ci n'y voit que du feufeu tant les intrus ressemblent à sa propre production. Elle va donc tout naturellement les couver.

    L'histoire ne s'arrête pas là, la suite est même un peu cruelle. Dès leur éclosion, qui intervient plus tôt que chez leurs hôtes, les coucous vont éliminer la concurrence. Les œufs de leur mère adoptive sont en effet poussés hors du nid. Les mérions se laisseraient ensuite duper, en subvenant alors aux besoins des parasites, dans 60 % des cas.

    Que se passe-t-il pour les 40 % restants ? Les parents commencent à s'occuper des intrus, puis les abandonnent à leur triste sort au bout de quelques jours. Cela signifie alors que les jeunes ne sont pas arrivés à répéter un mot de passemot de passe qui leur a été appris dans l'œuf ! Cette surprenante découverte a été faite par Sonia Kleindorfer de la Flinders University en Australie. Elle est publiée dans la revue Current Biology.

    Un tiers des espèces de coucou, comme ce coucou de Horsfield, ferait nourrir et élever leurs jeunes par autrui. © Aviceda, <em>Wikimedia common</em>, CC by-sa 3.0

    Un tiers des espèces de coucou, comme ce coucou de Horsfield, ferait nourrir et élever leurs jeunes par autrui. © Aviceda, Wikimedia common, CC by-sa 3.0

    Le mot de passe : un moyen de lutte antiparasite

    Des micros ont été placés à côté de nids de Malurus cyaneus. Étonnamment, l'une des vocalisations de la mère n'a été enregistrée que durant la période d'incubation, s'arrêtant donc dès la première éclosion. Elle se composerait de 11 éléments dont l'un d'eux, qui présente une tonalité et une longueur bien définies, est propre à l'espèce. Or, seuls les jeunes mérions le répéteraient durant leurs supplications pour recevoir de la nourriture. Il s'agirait donc bien d'un mot de passe. Les oisillons délaissés après quelques jours ne pouvaient pas l'émettre. 

    Les jeunes coucous de Horsfield entendent pourtant les vocalisations de la mère durant leur incubation. Seulement voilà, ils n'ont pas le temps de les apprendre ! Ils éclosent en effet au bout de 2 jours, contre 5 pour les mérions. Des tests l'ont prouvé, les oisillons ont besoin de temps pour apprendre à reproduire le code. 

    Un second point important est démontré dans cette étude. La vocalise que seul le mérion peut produire s'apprend, elle n'est donc pas innée. Pour preuve, des œufs de Malurus cyaneus ont été remplacés dans un nid par des œufs d'autres espèces à incubation longue. Après leur éclosion, les jeunes ont pu reproduire toutes les sons émis par la mère. CQFD !

    Selon le chercheur, le mérion superbe semble s'être lancé dans une bataille acoustique destinée à se protéger du parasitisme de couvée. On se demande quelle sera la prochaine étape...