Serge Stoléru et Jérôme Redouté (Unité Inserm 483, dirigée par Yves Burnod) et leurs collaborateurs du Cermep (Centre d'Etudes et de Recherches Médicales par Emission de Positons, Lyon) viennent de mettre en évidence une corrélation entre le désir sexuel hypoactif masculin (peu ou pas de désir sexuel) et une inhibition de certaines zones cérébrales impliquées dans le processus du désir.

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    Les processus cérébraux du désir sexuel masculin décryptés

    Les processus cérébraux du désir sexuel masculin décryptés

    Cette inhibition entraîne un manque d'activation au niveau des régions cérébrales impliquées dans l'imagerie motrice, la fonction qui nous permet de nous représenter mentalement les actions que nous souhaitons accomplir, tout en ne passant pas nécessairement à l'acte. Cette découverte pourrait permettre une meilleure prise en charge de ce trouble, notamment par la psychothérapie. Le détail de cette étude est publié dans le dernier numéro de Psychiatry Research: Neuroimaging.

    Un à 15 % de la population adulte masculine souffre d'un désir sexuel diminué, voire absent. Les traitements actuellement utilisés, notamment l'administration de testostérone ou la psychothérapie, sont peu efficaces.
    L'équipe de Serge Stoléru (Unité Inserm 483) avait déjà identifié les zones cérébrales impliquées dans le contrôle du désir sexuel chez les hommes ne présentant pas de trouble clinique de la sexualité. Donnant un prolongement et une applicationapplication clinique à ce travail, les chercheurs se sont cette fois intéressés aux processus cérébraux liés à la baisse ou à l'absence de désir sexuel masculin. Ils ont cherché à identifier si elle traduisait une diminution primaire du désir ou bien si le désir était présent, mais réprimé.

    L'équipe a donc comparé l'activité des différentes régions cérébrales chez des hommes souffrant de désir sexuel hypoactif et des hommes sains. Pour identifier les zones cérébrales activées, les chercheurs ont utilisé avec leur collègues du CERMEP une technique d'imagerie fine : la tomographie par émission de positonstomographie par émission de positons, qui mesure le flux sanguin dans les différentes régions du cerveau.
    Ainsi, les 7 volontaires souffrant de désir sexuel hypoactif et ne présentant pas d'anomalie hormonale et les 8 volontaires sains sélectionnés ont visionné des images génératrices de désir sexuel. Il s'agissait de clips vidéo muets de 3 minutes et de 3 séries de photographiesphotographies comportant une gradation de neutre à explicite.

    Chez les hommes sains, une partie du cortexcortex orbito-frontalfrontal gauche se désactive en réaction aux stimuli visuels : on observe une baisse d'activité de cette zone. Par contre, chez les patients souffrant de désir sexuel hypoactif, cette zone n'est pas désactivée et l'activité y est maintenue. C'est le maintien de cette activité qui est interprété par les chercheurs comme l'origine de la diminution de l'activation des régions cérébrales de l'imagerie motrice. En effet, chez ces patients, les zones correspondant aux processus émotionnels et d'imagerie motrice sont moins activées que chez les sujets sains.
    Les chercheurs en déduisent que ces patients présentent un manque de levée de l'inhibition exercée par le cortex orbito-frontal.