« Dois-je continuer dans cette voie où me réorienter ? » se demande l'étudiant. « Est-il préférable de conserver la sécurité de mon emploi actuel ou de partir en quête d'un travail qui me corresponde mieux ? » s'interroge l'employé. « Est-ce le moment de parler mariage, ou dois-je encore attendre un peu ? » hésite le futur fiancé. Dans tous les cas exposés ci-dessus, les personnes sont aux prises avec deux choix, l'un ayant trait à la stabilité, l'autre à la nouveauté, entre lesquels il leur faut trancher.

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    Des chercheurs se sont penchés sur ces dilemmes, qui peuvent être source d'angoisses ou d'anxiété. Ils pensent avoir identifié le récepteur qui en est à l'origine, et la zone du cerveau où ces choix cornéliens s'opèrent.

    Continuer tout droit et emprunter la route qui nous est familière, ou tourner à droite pour chercher un raccourci ? <br />

    Continuer tout droit et emprunter la route qui nous est familière, ou tourner à droite pour chercher un raccourci ?

    Dans les années 80, des chercheurs découvraient qu'un médicament utilisé dans le traitement de l'anxiété stimulait les récepteurs d'un neurotransmetteur nommé sérotonine. Néanmoins, le rôle joué par la sérotonine et le lieu de son action au cœur du cerveau demeuraient mystérieux.

    Des chercheurs menés par le neurobiologiste Jay Gingrich (université ColumbiaColumbia) ont cherché à en savoir plus. Pour ce faire, ils ont désactivé chez des souris le gène codant le récepteur de la sérotonine nommé 5HT2A. Le 5HT2A est connu pour être abondant dans le cerveau, et est suspecté de jouer un rôle dans l'anxiété provoquée par les dilemmes de la vie quotidienne.

    L'équipe a ensuite soumis les souris à une batterie de tests visant à les faire choisir entre la sécurité et la nouveauté. Par exemple, ils les ont placées dans des cages comptant des zones sombres et des surfaces très illuminées - les rongeursrongeurs évitent en général ces dernières, et mesuré le temps qu'elles passaient dans les unes et les autres. L'expérience a montré que les souris privées du récepteur 5HT2A restaient deux fois plus longtemps dans les parties illuminées que les souris témoins. L'ensemble des essais réalisés (dans des cages, des labyrinthes surélevés...) ont révélé que les animaux traités avaient davantage le goût de la nouveauté.

    En rendant aux souris leurs récepteurs de sérotonine, mais seulement au sein du cortexcortex cérébral, les neurobiologistes ont observé qu'elles retrouvaient leur comportement normal et leur anxiété habituelle à l'idée de s'aventurer. Ces résultats confirment des études antérieures qui tendaient à prouver que le cortex était le principal régulateur de l'anxiété.

    Ces travaux, présentés aujourd'hui dans la revue Science, devraient aider les chercheurs à mettre au point de nouveaux traitements de l'anxiété et des troubles psychiatriques.