Des équipes de recherche de l'Inserm et de l'Institut Pasteur viennent de découvrir le mécanisme de virulence du virus de la fièvre de la Vallée du Rift. Ce virus, souvent mortel chez l'homme, décime régulièrement les troupeaux de bétail en Afrique.

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    La compréhension des interactions entre l'hôte et ce virus devrait permettre d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques contre la fièvre de la Vallée du RiftRift.
    Ces travaux, publiés dans la revue Cell, datée du 20 février 2004, soulignent également l'intérêt du candidat vaccin en cours de développement par les chercheurs de l'Institut Pasteur.

    Une maladie émergente

    Le virus de la fièvre de la Vallée du Rift est transmis majoritairement par des moustiquesmoustiques. En Afrique, il est responsable de vastes épidémies chez l'animal (épizootiesépizooties), et chez l'homme. Au Kenya et en Somalie, en 1997-98, il a fait quelque 500 victimes humaines et tué des dizaines de milliers de têtes de bétail.
    La maladie est considérée comme émergente puisqu'elle s'est étendue hors d'Afrique en 2000, touchant 863 personnes en Arabie Saoudite (120 décès) et plus d'un millier d'individus au Yémen (121 décès).
    Le virus de la fièvre de la Vallée du Rift fait partie des agents potentiels de bioterrorisme : il est classé dans la liste A du NIH et du CDCCDC américains aux côtés de la pestepeste et du charboncharbon. Chez l'homme, l'infection peut conduire à des encéphalitesencéphalites sévères et à des atteintes hépatiques avec fièvres hémorragiques graves et souvent mortelles.
    Ce virus peut persister dans la nature, pendant plusieurs années, dans les œufs infectés d'insectesinsectes et pourrait réapparaître à l'occasion d'épisodes de pluies torrentielles, au moment de l'éclosion des oeufs.

    Les équipes de Jean Marc Egly (Unité Inserm 596 " Biologie moléculaireBiologie moléculaire et génie génétiquegénie génétique "- IGBMC, Strasbourg) et Michèle Bouloy (Unité de Génétique Moléculaire des Bunyaviridés, Institut Pasteur, Paris) ont décrypté le mécanisme d'action du virus. Ils démontrent comment une protéineprotéine virale nommée "NSs" bloque la machinerie cellulaire de l'hôte. La protéine NSs est retrouvée sous une forme filamenteuse dans le noyau de la cellule infectée. C'est également dans le noyau qu'a lieu la fabrication d'un élément essentiel à la vie de la cellule, puisqu'il est à l'origine de la production des protéines : le "facteur de transcriptiontranscription TFIIH". La protéine filamenteuse capture littéralement les éléments nécessaires à la fabrication de TFIIH, mettant ainsi "hors service" ce facteur vital.

    Les chercheurs ont donc précisément identifié la cible du virus. Cela devrait permettre à l'avenir, de mettre au point des thérapeutiques spécifiques contre l'infection par le virus de la fièvre de la Vallée du Rift.