Au XVIIe siècle, l’expansion maritime et commerciale européenne se heurte à la difficulté d’organiser les flux mondiaux de marchandises (épices, thé, café, tissus, porcelaines, métaux précieux…). Les voyages demeurent dangereux pour les marins et les investisseurs ; les ambitions commerciales anglaises, hollandaises ou françaises nécessitent des moyens financiers gigantesques qui ne sont plus à la portée des particuliers.

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    Le commerce intensif avec l’Orient (Indonésie, Inde, Chine...) devient l'apanage de sociétés de négociants qui dépendent d'une charte par laquelle l'État leur accorde des privilèges, tout en maintenant un droit d'intervention. Tel est le cas des compagnies des Indes orientales hollandaise (VOC), fondée en 1602, et anglaise (EIC), née en 1600 et rénovée en 1613. La Compagnie des Indes orientales française est créée par Colbert en 1664 : c'est une société de financiers dont le statut est calqué sur celui des manufactures royales. Les compagnies des Indes disposent de monopoles de commerce et de droits régaliens : administration, impôts, monnaie, armée... L'État conserve un droit de regard car ces compagnies constituent un moyen de mettre en valeur des territoires nouvellement acquis.

    Magasins de la Compagnie des Indes Orientales française à Pondichéry, avant destruction de la ville par les Anglais en 1761. Musée de la Compagnie des Indes à Lorient © Wikimedia commons, domaine public

    Magasins de la Compagnie des Indes Orientales française à Pondichéry, avant destruction de la ville par les Anglais en 1761. Musée de la Compagnie des Indes à Lorient © Wikimedia commons, domaine public 

    Et les Compagnies des Indes occidentales ?

    Ce sont les compagnies créées au XVIIe siècle par les Français, Anglais et Hollandais, pour organiser et monopoliser le commerce entre Europe et Amérique. La brièveté de leur duréedurée de vie peut surprendre (de 1664 à 1674 pour la Compagnie des Indes occidentales française) mais la raison est essentiellement financière : pour commercer avec l'Amérique et les îles de l'arc antillais, un armateur privé peut financer seul un aller et retour transatlantique qui s'effectue en moins de trois mois. Le voyage Europe/Asie/Europe immobilise les capitaux investis sur une très longue durée : il faut compter trois ans entre l'armement d'un navire, les recettes d'après ventes et le retour au port.

    À savoir

    La Compagnie des Indes orientales française est fille du mercantilisme : c'est une compagnie de commerce dotée par le roi d'un privilège exclusif, elle possède des comptoirs et des postes fortifiés, elle entretient des relations diplomatiques. « Il s'agit de procurer au royaume l'utilité du commerce d'Asie et d'empêcher que les Anglais et les Hollandais n'en profitassent seuls comme ils avaient fait jusqu'alors », dixit un directeur de la compagnie en 1708. Un port dédié à la Compagnie des Indes orientales est créé en Bretagne en 1666 : il s'agit de l'Orient (devenu Lorient) !