Dans la nuit du Mercredi 4 au Jeudi 5 Janvier dernier, une collision s'est produite entre deux butaniers au terminal pétrolier de Donges. Une brèche dans l'un d'eux a laissé échapper 30 tonnes de fuel lourd. Malgré les barrages flottants disposés pour endiguer la pollution, cette dernière, d'abord considérée comme relativement limitée par les autorités, a fait d'énormes dégâts sur l'avifaune de l'estuaire de la Loire, notamment sur les vasières de la rive gauche, entre Corsept et Paimboeuf, une zone cruciale où les oiseaux viennent s'alimenter à marée basse.

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    Galette de fioul © Jean-Pierre ALLENOU -  Ifremer

    Galette de fioul © Jean-Pierre ALLENOU - Ifremer

    Les premières estimations

    Au vue des observations et comptages, la LPO Loire-Atlantique estime que près de la moitié des 32 000 oiseaux hivernant actuellement dans la réserve maritime de l'Estuaire de la Loire a été souillée par les hydrocarbureshydrocarbures. Des oies cendrées dont le plumage est devenu marron orangé, des avocettes virant du blanc au noir,... Le tableau est sombre.

    Les espèces les plus touchées

    Les Avocettes paient un lourd tribut à ce qu'il faut bien appeler une catastrophe écologique, mais également les Oies, Bécasseaux variables, les anatidés, les Huitriers-pie, les Grands gravelots, les laridés...

    Contrairement à la marée noire de l'Erika qui avait rapidement englué de nombreux oiseaux, cette nappe de fuelfuel n'empêche pour le moment pas les oiseaux de pouvoir s'alimenter et se déplacer.

    Des sites inaccessibles

    Les vasières n'étant pas accessibles, les oiseaux ne pouvant pas être approchés, ils risquent d'être morts lorsqu'ils seront récupérés. Ce sont ainsi 15 000 oiseaux qui sont menacés de mort à plus ou moins brève échéance.

    Pour les oiseaux, commence une lente mais certaine agonie : nombreux sont les oiseaux qui tentent de nettoyer leur plumage avec leur becbec : ils risquent donc de s'intoxiquer avec les particules d'hydrocarbures ingérées, et de mourir lentement. De plus, la perte progressive de l'étanchéitéétanchéité du plumage (donc de l'isolation thermiqueisolation thermique) risque fort de les faire succomber à des pathologiespathologies pulmonaires.

    Des oiseaux mazoutés au-delà de l'estuaire

    En Loire-Atlantique, des oiseaux mazoutés ont été observés sur le Canal de la Martinière, les Vasières de Corsept-Paimboeuf, la Vasière de Méan, les plages de Saint-Nazaire, la Baie de La Baule et les Marais salants de Guérande (20 Avocettes mazoutées ce jour (11/01/06) dans les Traicts du Croisic (sur un groupe d'environ 600 individus).

    Mais les dommages de cette pollution se font également ressentir en dehors de l'Estuaire :

    - 17 Avocettes ont été observées entièrement mazoutées sur la Réserve Naturelle des Marais de Müllembourg (île de Noirmoutier, Vendée, une quarantaine de km au sud de l'estuaire) ;
    - 5 Avocettes mazoutées sur la Lagune de Bouin et la Baie de Bourgneuf, ainsi qu'une Mouette rieuseMouette rieuse à Tiercé (Anjou).

    Deux hypothèses : soit il s'agit là d'oiseaux souillés en estuaire Loire et redescendus ensuite sur Noirmoutier (les échanges entre ces deux sites existent et sont tout à fait réguliers) ou bien une nappe a peut-être dérivé et se trouve quelque part (en Baie de Bourgneuf ?), échouée sur les vasières qui abritent aussi plusieurs dizaines de milliers de limicoleslimicoles et anatidés en ce moment. Les premières observations de nos collègues de la LPO Marais Breton confirment la première hypothèse, aucune trace de pollution n'étant actuellement visible en Baie de Bourgneuf.

    Remarque : Il est demandé aux observateurs de porter une attention particulière à la lecture des bagues que pourraient éventuellement porter les oiseaux mazoutés, et de tout faire pour les lire le cas échéant : ceci permettant d'obtenir de précieuses informations sur les taux de survie des oiseaux.