Depuis quelque temps déjà, on proposait d’utiliser des faisceaux de neutrinos pour communiquer avec les antipodes à travers la Terre, ou avec un vaisseau spatial derrière la Lune. Des chercheurs du Fermilab l'ont fait, en transmettant un message en code binaire.

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    La télécommunication intercontinentale est devenue possible grâce aux travaux d'Heinrich Hertz. Peut-être vient-on d'assister à la naissance d'un nouveau type de télécommunication dont certains pensent qu'il pourrait être utilisé dans le cadre de Seti. En effet, des physiciensphysiciens ont réussi à transmettre un message en code binairebinaire à l'aide de neutrinosneutrinos, et ce, sur un trajet de 240 m de longueur à travers le sol. L'annonce a été publiée sur arxiv

    Le Tevatron est définitivement arrêté, mais cela ne veut pas dire que l'on n'accélère plus de particules au Fermilab. De fait, les physiciens continuent de réaliser des expériences, par exemple en accélérant des protons à 120 GeV pour les faire entrer en collision avec les noyaux de carbone d'une cible fixe. En les heurtant, ces protons créent des gerbes de particules secondaires constituées de mésons qui se désintègrent en donnant des neutrinos. Les chercheurs disposent donc d'une source intense de ces neutrinos, nommée NuMi, dont ils se sont servis pour réaliser une expérience sur un principe ancien.

    Les neutrinos sont particulièrement pénétrants. Ils peuvent donc être utilisés pour détecter la formation du deutérium à l'intérieur du Soleil ou encore pour sonder le noyau et le manteau de notre planète avec leurs géoneutrinos. Il y a quelques années déjà, on avait prouvé, dans le cadre de l'expérience Opera, qu'un faisceau de ces particules pouvait traverser la Terre. Notons qu'on ne sait toujours pas si Opera a révélé ou non l'existence de neutrinos transluminiques, bien que les résultats récents de l'expérience Icarus plaident fortement contre l'existence de ces neutrinos.

    Un élément du détecteur Minerva lors de sa construction. © Fermilab

    Un élément du détecteur Minerva lors de sa construction. © Fermilab

    En principe donc, on avait une preuve qu'il était possible de communiquer à travers les couches rocheuses de la Terre. L'armée est bien sûr intéressée car la communication avec des sous-marinssous-marins nucléaires en plongée n'a jamais été facile. On peut aussi imaginer avoir besoin de correspondre rapidement avec une sonde ou une mission spatiale, même quand elle se trouve cachée derrière une planète du Système solaire.

    Un réseau de communication galactique avec des neutrinos ?

    Certains ont même suggéré que des faisceaux de neutrinos pouvaient être un bon moyen de communication entre civilisations extraterrestres. Si des neutrinos peuvent effectivement aller plus vite que la lumièrelumière, surtout s'il s'avérait que des vitessesvitesses arbitrairement grandes étaient possibles, on comprend bien que l'utilisation d'ondes radio est une perte de temps. Nous serions comparables à une tribu amazonienne cherchant à communiquer avec nous sur la Toile à l'aide de pigeons voyageurs.

    Mais est-il vraiment possible de transmettre et de détecter efficacement des messages portés par des faisceaux de neutrinos ?

    La réponse est oui, comme viennent de le prouver des chercheurs à l'aide du détecteur de l'expérience MinervaMinerva.

    Situé à 100 m de profondeur et pesant 170 tonnes, le détecteur de Minerva était initialement prévu pour des expériences de physiquephysique fondamentale avec les neutrinos produits par NuMi. Il a pourtant été utilisé pour détecter des paquetspaquets de neutrinos successifs ou espacés dans le temps, correspondant à des 1 et des 0 en binaire. En se basant sur une variante du fameux code ASCIIASCII et une technique d'encodage utilisée par la NasaNasa et l'Esa pour la télécommunication, les physiciens ont envoyé un message codé par ces paquets de neutrinos le long d'un trajet d'un peu plus d'un kilomètre (dont 240 m sous le sol, à travers la roche). Le contenu du message était on ne peut plus simple et approprié : « neutrino ».

    Ce n'est cependant qu'un premier pas, il faudrait créer des faisceaux de neutrinos bien plus intenses pour véritablement communiquer à longue distance de cette manière...