Le prix Nobel de physique Vitaly Ginzburg est décédé ce dimanche 8 novembre 2009. Même s'il fut un des créateurs de la bombe H russe, ce sont surtout ses travaux dans le domaine de la supraconductivité et des superfluides qui l'ont rendu célèbre.

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    Vitaly Ginzburg (1916-2009). Crédit : I.E.Tamm Theory Department

    Vitaly Ginzburg (1916-2009). Crédit : I.E.Tamm Theory Department

    C'est l'un des plus grands physiciensphysiciens russes du vingtième siècle qui vient de nous quitter à l'âge de 93 ans. Né le 4 octobre 1916, Vitaly Ginzburg ne semblait pas destiné à décrocher un jour le prix Nobel de physique. Bien que son père ait été un ingénieur et sa mère médecin, la période troublée du début du vingtième siècle en Russie ne lui avait pas permis de bénéficier d'une bonne éducation. Ainsi, il n'a connu l'école qu'à l'âge de 11 ans et ne rattrapa jamais vraiment son retard. Comme il l'explique dans son autobiographie sur le site de la fondation Nobel, sa maîtrise aussi bien des mathématiques que des lettres ne fut jamais très bonne... comparée à celle de ses collègues évidemment.

    C'est la lecture des ouvrages de vulgarisation scientifique, en particulier de ceux du physicien russe Orest Danilovich, qui le décida à faire carrière dans la physique. Le chemin fut long et difficile. Il commença par devenir un technicien dans un laboratoire s'occupant des rayons X avant de suivre un cursus universitaire qui ne fut pas particulièrement brillant au début mais qui l'amena tout de même à décrocher un doctorat en deux ans au lieu des trois habituellement nécessaires.

    Ses travaux appartenaient initialement à l'optique dans le cadre de l'électromagnétisme et l'essentiel de sa carrière scientifique en porta toujours la marque. Même si ses travaux portèrent sur des domaines très divers de la physique, ce fut toujours en relation étroite avec l’électrodynamique. C'est ainsi qu'il apporta des contributions importantes à la théorie des plasmas, celle de la génération et de la propagation des rayons cosmiques ainsi qu'à l'électrodynamique des pulsars. L'une de ses contributions les plus remarquables est peut-être son analyse, au début des années 1960 en compagnie de Leonid Ozernoy, de l'effondrementeffondrement en trou noir d'une étoileétoile possédant un champ magnétiquechamp magnétique. Les deux chercheurs prouvèrent en effet que le trou noirtrou noir formé ne pouvait pas conserver un champ magnétique et qu'il s'en débarrassait un peu comme le ferait une sphère devenant supraconductrice.

    Des prolongements jusque dans la théorie des cordes

    Avant ce résultat, Ginzburg en avait obtenu un autre au début des années 1950, toujours en relation avec la supraconductivitésupraconductivité, en compagnie du grand Lev Landau. La théorie décrivant la transition de phasetransition de phase se produisant dans un supraconducteursupraconducteur de façon phénoménologique allait se révéler particulièrement importante. Aujourd'hui cette théorie dite de Ginzburg-Landau intervient même en théorie des cordesthéorie des cordes pour décrire les transitions topologiques entre les espaces de Calabi-Yau, ainsi que la fameuse symétrie miroirmiroir, dans les travaux de Brian Greene. Ces espaces correspondent aux dimensions spatiales supplémentaires compactées exigées par la théorie des cordes. Ils interviennent dans des calculs sur l'énergie noire.

    Vitaly Ginzburg fut un temps associé au travaux de recherche portant sur la bombe à hydrogènehydrogène russe dont il fournit à Sakharov l'une des idées maîtresses, l'utilisation du lithiumlithium 6. C'est probablement ce qui lui sauva la vie car il était suspect au yeuxyeux des autorités russes sous Staline. A plusieurs reprises sa vie aurait pu prendre un tournant dramatique et c'est parce qu'il souffrait de problèmes liés à la typhoïde qu'il ne fut pas envoyé combattre sur le front pendant la Seconde guerre mondiale. C'est finalement un arrêt cardiaquearrêt cardiaque qui vient de mettre un terme à sa vie ce dimanche 8 novembre 2009. Il avait reçu le prix Nobel de physique en 2003 avec Alexei Abrikosov et Anthony Legget.