Les restes d’une nouvelle espèce de dinosaure aux « dents de lapin » viennent d’être découverts et confèrent aux paléontologues la preuve d’un lien évolutif entre deux groupes de dinosaures : les prédateurs primitifs et les néothéropodes. 

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    Un dinosaure dont les dents frontales sont longues et de travers a été découvert sur un site paléontologique du Nouveau-Mexique. © Jeffrey Martz

    Un dinosaure dont les dents frontales sont longues et de travers a été découvert sur un site paléontologique du Nouveau-Mexique. © Jeffrey Martz

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    Une nouvelle espèce de dinosaure vient d'être découverte par des scientifiques américains de la Smithsonian Institution, grâce à des restes fossilisés d'os de crânecrâne et de vertèbres cervicalesvertèbres cervicales. Cet individu appartiendrait également à un tout nouveau genre, selon les observations publiées dans la revue Proceedings of the Royal Society B. Cette découverte est particulièrement intéressante, car elle permet de combler un vide phylogénétiquephylogénétique entre les dinosaures prédateurs les plus anciens et les plus récents.

    C'est aux États-Unis, et plus précisément sur le site paléontologique de Ghost-Ranch au Nouveau-Mexique, que les os fossilisés ont été exhumés. L'animal a été nommé Daemonosaurus chauliodus, s'inspirant du mot grec daemondaemon qui signifie « esprit du mal » (en relation avec le ranch fantôme), du mot sauros qui signifie « reptile » ou « lézard », et enfin chauliodus qui provient également du grec pour « dent de lapin ».

    Le fossile retrouvé au Ghost-Ranch ne contenait que le crâne et des vertèbres cervicales. © <em>Carnegie Museum of Natural History</em>

    Le fossile retrouvé au Ghost-Ranch ne contenait que le crâne et des vertèbres cervicales. © Carnegie Museum of Natural History

    Des dents de lapin et de gros yeux

    Car si Daemonosaurus chauliodus est doté d'un crâne étroit mais long, puisqu'il atteint 14 centimètres du bout du museau à l'arrière du crâne, sa caractéristique la plus marquante est sans aucun doute sa mâchoire supérieure sur laquelle reposent de longues dents frontales, positionnées de travers. Il est également pourvu de vastes orbitesorbites, proportionnellement à la taille de sa tête, et possédait donc probablement de gros yeuxyeux

    Malheureusement, le squelette est loin d'être complet, ce qui ne permet pas de déterminer avec certitude la taille de ce dinosaure (les experts pensent néanmoins qu'il devait avoir la taille approximative d'un gros chien). Malgré cela, le fossile fournit suffisamment d'informations pour penser qu'il s'agit d'un animal long et fin, capable de marcher ou de courir sur ses deux pattes arrière, et se nourrissant de proies.

    Ce dinosaure appartient donc à la grande famille des théropodes, mais serait l'un de ses représentants primitifs. En effet, l'âge de ce fossile de dinosaure est estimé à 205 millions d'années. Il aurait donc vécu à la fin du TriasTrias, juste avant la transition avec le JurassiqueJurassique. Daemonosaurus chauliodus se rapproche donc des prédateurs primitifs du type herrerasaurus ou eoraptor, qui vivaient au début de l'ère des dinosaures, il y a 230 ou 225 millions d'années.

    <em>Daemonosaurus chauliodus</em> devait avoir la taille d'un gros chien et marchait sur ses pattes arrière, comme les théropodes.<em> </em><em>© </em><em>Smithsonian</em>

    Daemonosaurus chauliodus devait avoir la taille d'un gros chien et marchait sur ses pattes arrière, comme les théropodes. © Smithsonian

    Le lien entre les prédateurs primitifs et les théropodes

    Mais certains éléments retrouvés sur les os fossilisés du dinosaure à dents de lapin concordent aussi avec les théropodesthéropodes plus avancés d'un point de vue évolutif (les néothéropodes) qui renferment les célèbres tyrannosaures ou autres vélociraptorsvélociraptors. « Un de ces éléments est la présence de cavités sur certaines des vertèbres cervicales, liées à la structure du système respiratoire », explique Hans Sues, paléontologuepaléontologue au Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle de la Smithsonian Institution.

    « Plusieurs éléments du crâne et du cou de Daemonosaurus indiquent qu'il était un intermédiaire entre le dinosaure prédateur le plus ancien connu d'Amérique du Sud, et les dinosaures théropodes plus avancés », conclut-il. Cette découverte permet donc de rapprocher les prédateurs primitifs du groupe des théropodes, ce qui était déjà supposé mais n'était pas établi, dû au manque de preuves paléontologiques témoignant de cette époque.