Près de 18 mois après la catastrophe nucléaire, la contamination radioactive des poissons se poursuit au large de Fukushima ! En cause, probablement une accumulation de radionucléides, tels que les césiums 134 et 137, dans des sédiments marins et des arrivées d’eaux souterraines. Certains chiffres sont importants, mais ils doivent être nuancés. 

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    Le 11 mars 2011 restera un jour noir pour le Japon. Un tremblement de terretremblement de terre suivi d'un tsunami a initié une catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima-Daïchi. D'importantes quantités de radionucléidesradionucléides ont alors été libérées dans l'environnement. Pour en comprendre les conséquences, le ministère japonais de l'Agriculture, des forêts et de la pêche réalise chaque mois, depuis le 23 mars 2011, une série d'analyses sur les produits issus de la pêche (poissons, mollusques et crustacéscrustacés) dans 5 préfectures bordant le site du drame. 

    Un expert de l'US Woods Hole Oceanographic Institution (Whoi), Ken Buesseler, vient de dresser un bilan des résultats dans la revue Science. La pollution n'est pas terminée car du césiumcésium 134 et du césium 137 sont toujours libérés dans le milieu marin. Environ 40 % des poissons pêchés seraient même impropres à la consommation. Ces informations méritent néanmoins quelques éclaircissements. 

    Taux d'émission de césium 137 (en becquerels par seconde) pendant les 2 semaines qui ont suivi l'explosion de la centrale de Fukushima, le 11 mars 2011. © <em>Nature</em>, d'après Stohl <em>et al.</em> 2011

    Taux d'émission de césium 137 (en becquerels par seconde) pendant les 2 semaines qui ont suivi l'explosion de la centrale de Fukushima, le 11 mars 2011. © Nature, d'après Stohl et al. 2011

    Les sédiments marins, ces réservoirs à particules radioactives !

    Les taux des césiums 134 et 137 sont intéressants à mesurer car ces radionucléides ne peuvent provenir que de la centrale de Fukushima. Ces éléments ont également une autre particularité : ils ne sont pas censés rester longtemps dans les tissus des organismes marins. Leur présence chez les poissons à des taux élevés démontre ainsi que la contaminationcontamination se poursuit, preuve que la pollution n'est pas terminée. Ce n'est pas étonnant car les eaux souterraines présentes sous la centrale au moment du drame pourraient arriver en mer. Par ailleurs, les sédimentssédiments marins ont pu agir comme de véritables réservoirs à polluants. 

    Près de 80 % des éléments radioactifs émis durant le drame ont en effet pris la direction de la mer, soit par voie aérienne, soit en étant transportés par les eaux utilisées pour refroidir en urgence les réacteurs nucléaires. Les radionucléides ont alors pu s'accumuler dans les sédiments. Pour preuve, les poissons les plus contaminés appartiennent justement à des espècesespèces benthiquesbenthiques, c'est-à-dire vivant sur le fond, qui se nourrissent entre autres d'organismes filtreurs. 

    Parmi les 8.500 échantillons analysés, 40 % d'entre eux ont donc dépassé la teneur globale en radioactivité autorisée par les autorités sanitaires japonaises, soit 100 becquerelsbecquerels par kilogrammekilogramme (Bq/kg). Ce chiffre est important mais il faut relativiser. Cette norme est entrée en vigueur en avril 2012 afin de rassurer les marchés, une raison importante au sein d'un pays où la consommation de poissons par habitant est élevée. Elle était avant cela de 500 Bq/kg. Pour information, la norme de sécurité est fixée à 1.200 Bq/kg aux États-Unis. Mais la pollution est bien réelle. Deux poissons de fond pêchés au large de Fukushima, des hexagrammidés, ont affiché en août dernier des teneurs globales en radioactivitéradioactivité de 25.000 Bq/kg !

    La catastrophe de Fukushima n'a donc pas fini de faire parler d'elle. Heureusement, les scientifiques semblent avoir trouvé un allié de taille pour suivre la pollution dans les décennies à venir : le poisson !