Le réchauffement climatique provoque une élévation du niveau des océans. Une nouvelle étude vient de quantifier ce phénomène à long terme, notamment en tenant compte de la fonte des glaces. Limiter l’augmentation de la température du globe à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C avant la fin de ce siècle permettrait de réduire de moitié la montée des eaux d’ici… 2300.

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    L’élévation récente, entre 1880 et 2000, du niveau de la mer (en cm) selon les marégraphes était en moyenne de 2 mm/an. © Robert A. Rohde, Wikimédia common, CC by-nc-sa 2.5

    L’élévation récente, entre 1880 et 2000, du niveau de la mer (en cm) selon les marégraphes était en moyenne de 2 mm/an. © Robert A. Rohde, Wikimédia common, CC by-nc-sa 2.5

    Les effets du réchauffement climatique sur notre planète sont nombreux et variés, tant au niveau écologique, démographique qu'océanographique. L'augmentation des températures provoque en effet une dilatationdilatation thermique des océans ainsi qu'une fontefonte des glaces. Selon des chiffres communément admis, ce phénomène pourrait conduire à une élévation du niveau des océans d'environ 20 à 60 cm d'ici 2100 (en fonction des scénarios d'émissionémission et des modèles). Cependant, ce résultat, publié dans le 4e rapport du Giec (écrit en 2007), ne tient pas compte des phénomènes de décharges éventuelles liées aux instabilités dynamiques des calottes du Groenland et de l'Antarctique ouest.

    Cette problématique fait l'objet de nombreuses études dans le monde, notamment à la Wageningen UR (aux Pays-Bas) et au Climate Analytics de Berlin. Michiel Schaeffer et ses collègues ont ainsi caractérisé le lien unissant la température de la planète et le niveau des océans au cours du dernier millénaire. Grâce à cela, des projections ont pu être réalisées afin de déterminer les conséquences que pourrait avoir un réchauffement de moins de 1,5 °C et 2 °C d'ici 2100 (par rapport à la période préindustrielle) sur le niveau des mers jusqu'en 2300.

    Leurs résultats, qui tiennent donc également compte de la fonte des glaces (y compris aux pôles) et de la dilatation thermique de l'eau, ont été publiés dans la revue Nature Climate Change. Une chose est certaine, leurs estimations sont plus élevées que les références actuelles... alors que seules de sévères restrictions des émissions de gaz à effet de serre (GES), quasi impossibles à mettre en place pour le moment, permettraient de limiter le réchauffement à ces valeurs (1,5 et 2,0 °C).


    Visualisation de l'anomalie de température à l'échelle globale, depuis 1880, en se fondant sur la moyenne de la période 1951-1980. En bleu, les anomalies négatives (jusqu'à -2 °C) et en rouge les positives (jusqu'à +2 °C). © Nasa

    Chaque limitation des émissions de gaz à effet de serre compte

    Une élévation de la température de la planète de maximum 1,5 et 2,0 °C d'ici 2100 causerait une augmentation du niveau des océans pour la même année de 75 à 80 cm (par rapport au niveau mesuré en 2000), soit 25 cm en moins qu'un scénario ne tenant pas compte des efforts entrepris pour limiter les émissions de GES. Ces chiffres restent néanmoins supérieurs aux estimations du Giec, même en se basant sur le modèle le plus pessimiste.

    Les résultats sont encore plus impressionnants à long terme, sur une période couvrant plusieurs siècles, jusqu'en 2300. Un réchauffement maximum de 1,5 °C pourrait ainsi provoquer une élévation moyenne des océans de 1,5 m (par rapport à 2000). Pour le deuxième scénario (moins de 2 °C d'ici 2100), la hausse pourrait atteindre 2,7 m (par rapport à 2000), soit presque deux fois plus que dans le premier cas. Ce résultat souligne l'importance que peut avoir une réduction de quelques dixièmes de degré de la température moyenne de la Terre et donc tous les efforts que nous réalisons à l'heure actuelle. Un troisième scénario a été testé : une augmentation de 3 °C de la température moyenne de la planète. Dans ce dernier cas, l'eau monterait alors de 3,5 m (par rapport à 2000). Toutes ces valeurs correspondent à des médianes, ce sont celles qui ont le plus de probabilités d'être observées dans le futur. 

    Les effets de la vitessevitesse de montée des eaux ont également été étudiés. Le résultat n'est pas surprenant. Plus le climat se réchauffera vite, plus la montée des eaux sera rapide, laissant ainsi moins de temps aux communautés côtières pour s'adapter. Encore une raison pour entreprendre des efforts dès maintenant. Une augmentation du niveau des océans d'1 m suffirait, par exemple, à modifier la fréquence des inondations pouvant toucher New York, la faisant passer de une par siècle à une tous les trois ans !

    Bien sûr, tous ces résultats ne reposent que sur un seul fondement : la relation climatclimat-niveau des océans observée au cours du dernier millénaire doit rester valable durant les siècles à venir.