Au large des restes de la centrale de Fukushima, les éléments radioactifs apportés à l'océan par les fuites et les rejets d'eau de refroidissement contaminent les organismes marins. Jusqu'aux baleines ! Du césium radioactif a en effet été trouvé dans deux individus abattus près d'Hokkaido.

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    Les baleines, au sommet de la chaîne alimentaire, concentrent les polluants tout au long de leur vie, et notamment les radio-éléments libérés lors de la catastrophe de Fukushima. © Lou Romig-fotopedia-CC BY 3.0

    Les baleines, au sommet de la chaîne alimentaire, concentrent les polluants tout au long de leur vie, et notamment les radio-éléments libérés lors de la catastrophe de Fukushima. © Lou Romig-fotopedia-CC BY 3.0

    Quatre mois tout juste après le séisme et le tsunami qui ont ravagé les côtes nord-est du Japon, la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, détruite, vomit encore chaque jour d'importantes quantités de radioactivitéradioactivité dans l'environnement. À cause des tonnes d'eau déversées lors d'une improvisation de la dernière chance pour refroidir les réacteurs blessés, c'est l'océan tout proche qui a surtout récupéré les radioéléments. Si des tentatives de Tepco et d'Areva sont encore en cours pour limiter les rejets et colmater les fuites, la centrale ne peut pas être étanche. Or il faut continuer à refroidir les cœurs et le combustiblecombustible usé. Alors de l'eau radioactive s'écoule toujours en mer. Personne n'y peut rien.

    Dilution …et concentration

    Bien sûr, les courants transportent et diluent les rejets toxiques dans l'immensité de l'océan, mais il faut compter avec la vie qui a une tendance naturelle à lutter contre l'entropieentropie... Sur la côte justement,  il y a de la vie : des algues, des moules, des poissons, des mammifères marins, participant tous à une chaîne alimentairechaîne alimentaire complexe. Chacun de ces organismes, à son niveau, capte et retient les particules présentes dans l'eau et se nourrit de l'étage inférieur. De proies en prédateurs, il y a concentration des éléments radioactifs. Plus ils sont hauts dans la chaîne, plus ils risquent d'être contaminés. Outre les filtreurs, comme les moules, qui par définition vont retenir tous les polluants, les poissons carnivores, prédateurs, comme les thonsthons ou les requins sont particulièrement vulnérables. Or ce sont des prises et des mets de choix pour les populations humaines...

    Algues, poisson cru... les sushis, plats emblématiques de la cuisine japonaise sont-ils menacés ? © <em>flexgraph-flickr-CC BY-NC-ND 2.0</em>

    Algues, poisson cru... les sushis, plats emblématiques de la cuisine japonaise sont-ils menacés ? © flexgraph-flickr-CC BY-NC-ND 2.0

    Baleines radioactives!

    Pour l'instant, en plus des détections directes d'iodeiode 131, de césiumcésium 134 et de césium 137 dans l'eau de mer à 40 kilomètres de la centrale, ce sont les algues qui inquiètent : comme les champignonschampignons sur la terreterre ferme, les algues concentrent fortement les radio-éléments. Et les grands mammifères marins avalent quotidiennement des tonnes de petits organismes qui se nourrissent de ces algues...

    Mi-juin, dix-sept baleines ont été abattues au large d'Hokkaido dans le cadre du « programme de recherche » japonais sur les cétacé - une couverture pour de la chasse commerciale. Après analyse de six d'entre elles, deux se sont révélées contaminées au césium. Le gouvernement a interdit la pêchepêche autour de la centrale. Les autorités et les responsables des pêcheries effectuent des contrôles du niveau d'irradiationirradiation de la pêche le long de la côte.

    Alors que se tient ces jours-ci la 63e Commission Baleinière Internationale on peut ironiquement noter que pour une fois, les fameux prélèvements scientifiques de baleines du programme de recherche japonais auront servi à quelque chose...