Le pourtour méditerranéen est de plus en plus victime d’événements hydrométéorologiques extrêmes en automne (pluies intenses, crues rapides, vents violents, sécheresses). Pour mieux comprendre et surtout prévoir ces phénomènes, une impressionnante campagne de mesures nommée Hymex sera lancée ce 5 septembre. Les opérations auront lieu en mer, mais aussi sur terre et dans les airs.

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    Le Gardon de Saint-Jean au pont d'Arenas lors de la crue du 3 novembre 2011. Cette rivière serait particulièrement sensible aux orages cévenols. Le programme Hymex permettra peut-être de comprendre ce qui les déclenche. © Jean-François Didon-Lescot (UMR Espace)

    Le Gardon de Saint-Jean au pont d'Arenas lors de la crue du 3 novembre 2011. Cette rivière serait particulièrement sensible aux orages cévenols. Le programme Hymex permettra peut-être de comprendre ce qui les déclenche. © Jean-François Didon-Lescot (UMR Espace)

    Les pays du pourtour méditerranéen sont régulièrement confrontés en automne à des épisodes de fortes pluies et à des crues rapides qui mettent non seulement les populations en danger, mais peuvent aussi occasionner de très importants dommages matériels. Le Midi de la France est fréquemment affecté par ces crues : Vaison-la-Romaine (Vaucluse) en septembre 1992, le Gard en septembre 2002 ou encore le Var en juin 2010. L'Italie, l'Espagne et les pays d'Afrique du Nord connaissent le même problème.

    Le bassin méditerranéen est de plus une région clé sur le plan climatique. Dans son dernier rapport (2007), le Giec indique qu'il pourrait connaître une recrudescence des épisodes de sécheresses dans les décennies à venir. La fréquence des phénomènes hydrométéorologiques violents pourrait aussi augmenter. Du fait de la forte urbanisation et de la rareté en eau potable, ces changements pourraient avoir des conséquences environnementales, sociétales, économiques et politiques considérables. 

    Dans ce contexte, une bonne anticipation des événements hydrométéorologiques extrêmes apparaît cruciale. À ce jour, la simulation de leur évolution à différentes échelles de temps (de la journée au siècle) reste limitée. Les scientifiques manquent en effet de données d'observation et leur compréhension des processus et interactions entre l'atmosphère, la mer et les surfaces continentales demeure partielle.

    Un glider est un appareil autonome sous-marin qui réalise des mesures de température et de salinité sur les premiers 1.000 m de la mer. Selon les capteurs installés, des mesures biogéochimiques ou de vitesse sont aussi possibles © CNRS Photothèque/John Pusceddu

    Un glider est un appareil autonome sous-marin qui réalise des mesures de température et de salinité sur les premiers 1.000 m de la mer. Selon les capteurs installés, des mesures biogéochimiques ou de vitesse sont aussi possibles © CNRS Photothèque/John Pusceddu

    Des moyens d'étude du climat hors normes en Méditerranée

    En associant un très vaste programme d'observation à des travaux de modélisationmodélisation, le programme Hymex a pour ambition de progresser dans ces domaines. Pour décrypter le cycle de l'eau en Méditerranée, près de 400 scientifiques issus d'une vingtaine de pays et spécialisés dans les domaines des sciences de l'atmosphère, de l'océanographie, de l'hydrologie continentale et des sciences humaines et sociales ainsi que des acteurs opérationnels comme les services météorologiques et hydrologiques, participent au programme. 

    Lancé en 2010, Hymex va se poursuivre jusqu'en 2020. La première campagne de mesures intensives se déroulera du 5 septembre au 6 novembre 2012. Une vaste panoplie de moyens d'observation sera déployée en Méditerranée nord-occidentale : mesures aéroportées, radiosondages, ballons dérivants, mesures océaniques à partir de bateaux, gliders et bouées dérivantes. En parallèle les évaluations depuis le sol seront renforcées sur huit sites en France, en Italie et en Espagne grâce à la mise en place d'instruments de mesures atmosphériques et hydrologiques (radars, lidars, profileurs de vent, radiomètresradiomètres, détecteurs de foudre...). 

    D'une envergure sans précédent en Méditerranée nord-occidentale, la campagne de l'automne 2012 permettra d'engranger des données, notamment sur les zones encore peu couvertes. Elles contribueront à affiner la représentation des processus dans les modèles climatiquesmodèles climatiques et de prévision mais aussi à améliorer l'utilisation des données observées dans ces modèles. Cette première campagne sera également un banc d'essai pour tester de nouveaux systèmes de prévision météorologique.

    Une deuxième campagne, prévue du 1er février au 15 mars 2013 dans le golfe du LionLion, sera axée sur la formation des eaux denses en mer Méditerranée. Hymex s'inscrit dans le programme interdisciplinaire Mistrals, dédié à la compréhension du fonctionnement du Bassin méditerranéen. Il est financé en France par le CNRS, MétéoMétéo-France, le Cnes, Irstea, l'Inra, le programme blanc de l'ANR et la collectivité territoriale de Corse. Il bénéficie également de soutiens européens et internationaux.