S’il a beaucoup plu en Europe centrale et du Nord l’été dernier, c’est parce que l’océan Atlantique était trop chaud ! Des variations cycliques de température, à l’échelle de plusieurs décennies, seraient en cause. Mauvaise nouvelle, la situation ne devrait pas s’arranger d’ici l’année prochaine… 

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    Peu de gens le contrediront, l'été 2012 a été particulièrement pluvieux dans le nord et le centre de l'Europe. Qu'ils se rassurent, le coupable pourrait avoir été trouvé par Rowan Sutton et Buwen Dong, deux chercheurs britanniques de l'University of Reading. La température de l'Atlantique expliquerait tout. Autant prévenir, aucun signe ne permet de présager un changement de tendance avant l'été 2013. Quelques explications s'imposent pour comprendre le cheminement de cette enquête.

    La température des eaux de surface de l'Atlantique nord fluctue cycliquement entre des périodes chaudes et froides. Ce phénomène porteporte le nom d'oscillation atlantique multidécennale (OAM). Les différentes phases de ce cycle durent en effet plusieurs décennies (20 à 50 ans), et non quelques mois comme les variations saisonnières. Une période chaude a ainsi été observée entre 1931 et 1960. Elle a ensuite laissé place à une phase froide jusqu'en 1990, puis à nouveau à une période chaude dans laquelle nous nous trouvons toujours. Les conditions de température recensées à ce jour seraient d'ailleurs semblables à celles observées durant la première moitié du XXe siècle.

    Les conditions météorologiques mesurées en Europe pendant les phases chaudes et froides ont été comparées par les deux chercheurs. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Nature Geoscience. La présence d'eau chaude serait propice à des printemps (surtout en avril), étés et automnes doux... mais particulièrement pluvieux, au Royaume-Uni comme dans le reste de l'Europe centrale et du Nord. Les régions du sud, du Portugal à la Turquie, ont en revanche été marquées par des étés plus secs

    Modifications des précipitations lorsque l'Atlantique nord est en période « chaude ». Le point de référence correspond à la moyenne des précipitations observées entre 1909 et 2009. © adapté de <em>University of Reading</em>

    Modifications des précipitations lorsque l'Atlantique nord est en période « chaude ». Le point de référence correspond à la moyenne des précipitations observées entre 1909 et 2009. © adapté de University of Reading

    De complexes interactions océan-atmosphère expliquent tout 

    La température des eaux de l'Atlantique nord serait régie par la circulation méridienne de renversement dans l'océan Atlantique (ou Atlantic Meridional Overturning Circulation, Amoc). Il s'agit de mouvementsmouvements d'eau profonde dirigés par des variations de salinitésalinité, les vents, les maréesmarées et peut-être par le changement climatique. Sous certaines conditions non précisées, ces courants océaniques participeraient donc au réchauffement de l'océan et par conséquent à celui des masses d'air le surplombant. Leurs mouvements s'en trouveraient alors perturbés, parfois au point de modifier la circulation et les méandres du jet-stream. 

    Durant les années pluvieuses dans le nord et le centre de l'Europe, ce courant atmosphérique passe approximativement entre 6 et 15 km d'altitude, dans le sud de la France. Les régions situées au nord (Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, etc.) recevraient alors successivement plusieurs restes de tempêtes de pluie venant de l'ouest. Au sud, les précipitations feraient en revanche défaut. 

    L'Atlantique ne semble pas se diriger vers un refroidissement pour le moment, augurant de fortes précipitations durant l'été 2013. Cependant, les changements de température peuvent se réaliser rapidement. Sans grand mystère, le principal signe annonciateur serait... la survenue d'un hiver particulièrement froid. On ne peut donc pas tout avoir : n'espérons pas hiverhiver doux suivi d'un été sec...