Une Marche pour le climat organisée samedi dernier par les citoyens. Un Sommet Action Climat demandé ce lundi par Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU. Et entre les deux, un nouveau rapport accablant rédigé par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) qui révèle que les cinq dernières années ont sans doute été les plus chaudes jamais enregistrées.


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    « Il fait chaud, sa mère », « Ta planète, tu la veux bleue ou à point ? ». Deux slogans que l'on pouvait lire ce samedi, dans les rues de Paris à l'occasion de la grande Marche pour le climat. Comme un avant-goût du rapport publié le lendemain même par l'ONU. Alors que plus de 60 dirigeants du monde assistent aujourd'hui à New York (États-Unis) au Sommet Action Climat, ce rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) établit que la température moyenne entre 2015 et 2019 est estimée à 1,1 °C de plus que celle de la période située entre 1850 et 1900.

    On savait déjà que les quatre dernières années avaient été les plus chaudes depuis le début des enregistrements en 1850. Et 2019 n'a pas fait infléchir la courbe. Entre 2015 et 2019, il aura fait 0,2 °C de plus qu'entre 2011 et 2015. Et selon le rapport de l'OMM, « le fossé n'a jamais été aussi grand » entre la réalité les plans climatiques et ce que le monde semble souhaiter accomplir.

    « Le monde est en train de perdre la course », estime Atonio Guterres, le Secrétaire général de l'ONU. Car le rapport de l'OMM conclut que même si tous les pays atteignent les objectifs fixés par l'Accord de Paris 2015, notre planète se réchauffera de 2,9 à 3,4 °C. Pour parvenir à limiter le réchauffement climatique à seulement 1,5 °C -- les experts assurent que c'est encore techniquement possible --, les niveaux d'ambition devraient tout simplement être multipliés par cinq !

    Redoubler d’efforts

    Le rapport souligne en effet que plutôt que de diminuer, les émissionsémissions de dioxyde de carbone (CO2) ont augmenté de 2 % en 2018, établissant un nouveau record de 37 milliards de tonnes parties dans les airsairs. Et rien ne laisse malheureusement penser que le maximum a été atteint. Ainsi, le taux de croissance moyen sur les trois dernières décennies (1985-1995, 1995-2005 et 2005-2015) est passé de 1,42 ppmppm/an à 1,89 ppm/an, puis à 2,06 ppm/an. Les concentrations en méthane (CH4) et en protoxyde d'azoteprotoxyde d'azote (N2O) -- deux puissants gaz à effet de serre -- atteignent, quant à elles, respectivement 257 % et 122 % des niveaux d'avant 1750.

    Rappelons que la dernière fois que le taux de CO2 dans l'atmosphère a atteint les 400 parties par million (ppm), c'était il y a 3 à 5 millions d'années. Les températures étaient alors de 2 à 3 °C supérieures à celles d'aujourd'hui. Les glaces des pôles avaient fondu et le niveau de la mer avait monté de 10 à 20 mètres. Or, en 2017, le taux de CO2 atmosphérique était de 405,6 ppm, en 2018, il atteignait les 407,8 ppm et pour 2019, il pourrait dépasser les 410 ppm.

    Un résumé en image des conclusions du rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). © Organisation météorologique mondiale
    Un résumé en image des conclusions du rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). © Organisation météorologique mondiale

    De plus en plus de voyants au rouge

    Le rapport souligne également que les massesmasses glaciaires ne cessent de diminuer. Et que les quatre plus petites étendues de la banquise en hiver ont été observées entre 2015 et 2019. Globalement, la quantité de glace perdue annuellement par l'inlandsis antarctique a au moins été multipliée par six entre 1979 et 2017.

    Le niveau de la mer, lui aussi, augmente. Et de manière accélérée. Alors qu'il s'élevait à une vitessevitesse de 3,04 mm/an entre 1997 et 2006, il est monté de 4,00 mm/an entre 2007 et 2016.

    Les vagues de chaleur, le danger météorologique le plus meurtrier

    Le rapport de l'OMM révèle enfin que les vaguesvagues de chaleurchaleur ont constitué le danger météorologique le plus meurtrier de la période 2015-2019. Tous les continents ont été touchés. Des records de températures sont tombés. L'été 2019, avec ses caniculescanicules en France et en Europe notamment et ses feux de forêt en Arctique, en constituent un symbole marquant.


    Réchauffement climatique : les 4 dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées

    C'est officiel, 2018 occupe la quatrième place des années les plus chaudes enregistrées depuis 1880. La tendance au réchauffement global se confirme. La période 2015-2018 est la plus chaude depuis les premiers relevés de température.

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman paru le 08/02/2019

    Anomalies des températures pour la période 2014-2018. Les températures sont indiquées ici en degrés Fahrenheit. Plus les zones sont rouges, plus l’anomalie est forte. © Nasa
    Anomalies des températures pour la période 2014-2018. Les températures sont indiquées ici en degrés Fahrenheit. Plus les zones sont rouges, plus l’anomalie est forte. © Nasa

    Sur TerreTerre, la tendance au réchauffement climatique sur le long terme se confirme. Depuis les premiers bilans de 2018, publiés il y a un mois, à ceux de la NasaNasa et de la NOAANOAA qui viennent de tomber, le constat est le même : 2018 fut la quatrième année la plus chaude de toute l'histoire des relevés de température. Quelles sont les trois premières ? Il ne faut pas chercheur bien loin pour les trouver car elles se suivent : il s'agit de 2017, 2016 et 2015. 2014 est dans le top 5. Bref, les cinq années les plus chaudes depuis 1880 sont dans la décennie 2010 et consécutives. « Avec 1,2 °C de plus qu'à l'époque préindustrielle, l'année 2016, marquée par l'influence d'un puissant El Niño, conserve le statut d'année la plus chaude » précise l'OMM, l'Organisation météorologique mondiale. Et sans ce phénomène météorologique récurrent, c'est 2017 qui prendrait la tête du peloton.

    Anomalies des températures observées depuis 1880 par rapport à la moyenne de la période 1980-2015. Ces anomalies saisonnières sont extraites de la version 2 du modèle <em>Modern-Era Retrospective analysis for Research and Applications </em>ou Merra-2, géré par le bureau de modélisation et d'assimilation de la Nasa. © Nasa, Earth Observatory, Joshua Stevens
    Anomalies des températures observées depuis 1880 par rapport à la moyenne de la période 1980-2015. Ces anomalies saisonnières sont extraites de la version 2 du modèle Modern-Era Retrospective analysis for Research and Applications ou Merra-2, géré par le bureau de modélisation et d'assimilation de la Nasa. © Nasa, Earth Observatory, Joshua Stevens

    En 2018, la température de surface moyenne globale était supérieure de +0,83 °C par rapport à la période 1951-1980 selon la Nasa, et de +0,79 °C pour la NOAA. Rappelons au passage que cette dernière moyenne était déjà au-dessus de celle de l'ère préindustrielle. Naturellement, c'est une moyenne des températures à l'échelle planétaire, ce qui n'interdit pas des disparités dans les températures régionales. Et n'en déplaise à Donald Trump, ce n'est pas parce qu'une vague de froid traverse le nord-est et le centre des États-Unis que le changement climatique n'existe pas. Au contraire, les modifications du vortex polairevortex polaire pourrait bien être un effet indirect de la hausse de la hausse de la température globale. D'ailleurs, l'ArctiqueArctique et l'AntarctiqueAntarctique vont mal, c'est là que les « tendances au réchauffement sont les plus fortes », explique la Nasa.

    Les effets du réchauffement se font déjà sentir

    Une nouvelle étude prédit que le réchauffement global, causé par les émissions excessives de gaz à effet de serregaz à effet de serre (CO2, méthane, etc.) d'origine anthropique, va entraîner des épisodes météorologiques extrêmes. « Nos modèles suggèrent que nous verrons davantage de phénomènes météorologiques extrêmes récents, chauds et froids, avec des effets perturbateurs sur l'agricultureagriculture, les infrastructures et la vie humaine elle-même », explique le glaciologue, Nick Golledge, dans The Conversation, coauteur de l'article scientifique publié dans Nature.

    Le réchauffement climatique s’accélère à partir des années 1970. Les moyennes des températures de surface relevées indépendamment par la Nasa, le NOAA, le <em>Japan Meteorological Agency</em>, le <em>Berkeley Earth research group</em> et le <em>Met Office Hadley Centre</em> suivent la même évolution. © Nasa, Earth Observatory
    Le réchauffement climatique s’accélère à partir des années 1970. Les moyennes des températures de surface relevées indépendamment par la Nasa, le NOAA, le Japan Meteorological Agency, le Berkeley Earth research group et le Met Office Hadley Centre suivent la même évolution. © Nasa, Earth Observatory

    Tout indique que nous y sommes déjà. Voici une semaine, il faisait aussi froid en Amérique du Nord qu'en Antarctique, tandis qu'au même moment, l'Australie souffrait de températures record (47 °C à Adelaïde) et d'une sécheressesécheresse sans précédent qui fit de nombreuses victimes animales. Ça commence mal pour 2019.

    « Les effets du réchauffement planétaire à long terme se font déjà sentir : inondationsinondations côtières, vagues de chaleur, précipitationsprécipitations intenses et changements dans les écosystèmesécosystèmes », déplore le directeur du GISS (Goddard Institute for Space Studies de la Nasa) Gavin Schmidt.

    « Les phénomènes météorologiques extrêmes ou à fort impact ont frappé une multitude de pays et des millions de personnes l'année dernière regrette Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM. La communauté internationale doit donner la priorité absolue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et aux mesures d'adaptation au climat ».

    Voir aussi

    Réchauffement climatique : pourquoi nous n’agissons pas malgré la menace ?

    2018 a été l’année la plus chaude en France et la 4e année dans le monde

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 9 janvier 2019

    Sur le front de la lutte contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique, les nouvelles en ce début d'année ne sont toujours pas bonnes. En France, 2018 n'est ni plus ni moins que l'année la plus chaude jamais enregistrée. Dans le monde, elle se classe en 4e position. Les concentrations en CO2 atmosphérique, quant à elles, continuent d'augmenter.

    13,9 °C : c'est la température moyenne enregistrée en France en 2018, selon MétéoMétéo France. Un record absolu pour notre pays. Au niveau mondial, la situation ne semble pas bien meilleure. Le Copernicus Climate Change Service (le programme d'observation de la Terreobservation de la Terre de l'Union européenne) annonce en effet une température moyenne sur l'année de 14,7 °C. C'est seulement 0,2 °C de moins qu'en 2016, l'année la plus chaude jamais enregistrée. C'est aussi plus de 0,4 °C de plus que la moyenne sur la période 1981-2010. Cela place 2018 en 4e position au palmarès des années les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde.

    Des chiffres qui tombent très tôt après que 2018 a tiré sa révérence. Car le programme Copernicus traite quotidiennement des millions d'observations terrestres, maritimes, aériennes et satellites à l'aide d'un modèle mathématique. Un peu à la manière de ce qui est mis en oeuvre pour établir les prévisions météo. De quoi fournir une estimation précise des températures enregistrées à tout moment.

    Évolution de la température moyenne par année à la surface de la Terre de 1880 à 2018. © <em>Service Copernicus changement climatique</em>, NOAA
    Évolution de la température moyenne par année à la surface de la Terre de 1880 à 2018. © Service Copernicus changement climatique, NOAA

    De plus en plus de CO2 dans l’atmosphère

    Selon le service Copernicus, le réchauffement le plus marqué est à imputer à l'Arctique. En Europe, à l'exception de février et de mars qui se sont révélés relativement froids, les températures ont dépassé la moyenne sur tous les mois de l'année. En mars prochain, l'Organisation météorologique mondiale publiera son propre état des lieux. Mais tout laisse à penser qu'il confirmera ces chiffres.

    D'autant que les données recueillies par Copernicus révèlent aussi une augmentation des concentrations de CO2 dans l'atmosphère. Pour 2018, le taux de croissance moyen de la grandeur appelée XCO2 -- concentration moyenne pour toute la colonne d'air au-dessus d'un point donné -- est ainsi estimé à 2,5 ± 0,8 parties par million. En 2017, il s'élevait à 2,1 ± 0,5 ppm.


    2011 : année la plus chaude depuis 1900 en France

    En France, 2011 a été l'année la plus chaude depuis le début du XXe siècle. Elle a dépassé de 1,5 °C la température moyenne de la période 1971-2000. Elle s'est en plus accompagnée d'une sécheresse importante. Des résultats qui confirment la tendance au réchauffement.

    Article de Bruno ScalaBruno Scala paru le 28/12/2011

    Météo France vient d'annoncer, avant même le 31 décembre que 2011 serait l'année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis que des relevés de températures sont effectués régulièrement, soit depuis le début du XXe siècle. Même 2003, année de la canicule, ne fait pas le poids face à au douze derniers mois qui viennent de s'écouler.

    Ces déclarations confirment l'annonce de l'organisation météorologique mondiale. Pendant le sommet de Durban, l'OMM avait en effet présenté son bilan provisoire de l'année, indiquant des records de températures. Selon elle, 2011 - pourtant accompagnée d'un épisode La NiñaLa Niña - entrait dans le top 10 des années les plus chaudes depuis 1950.

    Ainsi, en France métropolitaine, la température moyenne a été de 13,6 °C au cours des douze derniers mois, ce qui correspond à une anomalieanomalie positive de 1,5 °C par rapport à la moyenne calculée sur la période 1971-2000. À titre de comparaison, pour 2003, l'anomalie était de +1,3 °C.

    Anomalies de température au cours des mois de l'année 2011, par rapport à la moyenne des mois respectifs au cours de la période 1971-2000. © Idé
    Anomalies de température au cours des mois de l'année 2011, par rapport à la moyenne des mois respectifs au cours de la période 1971-2000. © Idé

    L'année 2011 : chaude et sèche

    Les mois qui ont le plus contribué à cette chaleur globale sont avril, novembre et mai avec des anomalies respectives de 4, 3 et 2,4 °C (par rapport aux mois respectifs de la période 1971-2000). Décembre devrait également intégrer cette élite puisque les valeurs provisoires semblent s'orienter vers une température de 3 °C supérieure à la moyenne. En revanche, juillet a été un mois plutôt froid avec une anomalie négative de 1,3 °C. C'est d'ailleurs le seul mois qui présente une température inférieure à la moyenne.

    En outre, 2011 fut plutôt sèche. Le printemps a en effet été le plus sec depuis 1959. De fortes disparités résident néanmoins d'une région à l'autre. Si l'ouest et le nord de la France présentent une pluviométrie globale nettement inférieure à la période 1971-2000, il en va différemment pour les régions du sud est qui ont connu des précipitations égales ou supérieures à la moyenne. 

    Et les quatre derniers jours de décembre devraient confirmer la tendance...