Comme toute (ou presque) puissance économique qui se respecte, la Chine est en proie à une épidémie grandissante de maladies cardiovasculaires. Mais l’essor de l’Empire du milieu a été si rapide que les habitants les découvrent à peine et souvent ignorent ce qu'elles sont. Chaque année, ils sont plus de 3 millions à succomber à des troubles du système vasculaire.

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    Pour maintenir un cœur et plus globalement un système cardiovasculaire en bonne santé, il faut le préserver en pratiquant une activité physique régulière et en ayant un régime alimentaire sain et équilibré. La Chine, en pleine évolution, se confronte de plus en plus et surtout à une vitesse folle à ces troubles qu'elle ne connaît pas encore beaucoup. © Oliver Burston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Pour maintenir un cœur et plus globalement un système cardiovasculaire en bonne santé, il faut le préserver en pratiquant une activité physique régulière et en ayant un régime alimentaire sain et équilibré. La Chine, en pleine évolution, se confronte de plus en plus et surtout à une vitesse folle à ces troubles qu'elle ne connaît pas encore beaucoup. © Oliver Burston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Chaque année en Chine, plus de 3 millions de personnes meurent d'une maladie cardiovasculaire. Soit un mort toutes les 10 secondes. Ces maladies, prises dans leur ensemble, constituent aujourd'hui la première cause de décès au sein de l'Empire du milieu. Elles y sont responsables de quatre morts sur dix... À l'occasion du 23e Great Wall International Congress of Cardiology qui se tenait à Pékin, Dayi Hu a pointé du doigt le défaut d'une véritable politique de santé publique, et le contexte d'industrialisation et d'urbanisation rapide du pays.

    Président de la Société chinoise de cardiologie, Dayi Hu ne manque pas de souligner que durant « les trente dernières années, la préventionprévention des maladies cardiovasculaires n'a pas été une priorité en Chine. Au contraire, [notre approche] a été principalement concentrée sur une prise en charge des patients à un stade déjà avancé ».

    Des maladies cardiovasculaires en pleine explosion

    En plus de 30 ans, la Chine a connu une véritable révolution industrielle. Son produit intérieur brutproduit intérieur brut (PIB) par habitant s'est trouvé multiplié par plus de... 80. Ce bond en avant a également provoqué une évolution profonde des habitudes. Ainsi en 1978, un Chinois sur cinq vivait en ville. En 2010, ils sont un sur deux dans ce cas.

    Le tabac est l'un des facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'obésité, l'alimentation trop salée ou l'hypercholestérolémie. Or, les Chinois prennent de plus en plus les (mauvaises) habitudes occidentales et se mettent à la cigarette plus tôt. © Paolo Neo, www.public-domain-image.com

    Le tabac est l'un des facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'obésité, l'alimentation trop salée ou l'hypercholestérolémie. Or, les Chinois prennent de plus en plus les (mauvaises) habitudes occidentales et se mettent à la cigarette plus tôt. © Paolo Neo, www.public-domain-image.com

    Le tabagisme, lui aussi, a connu un succès... macabre. Plus de 350 millions de Chinois sont aujourd'hui fumeurs. Et les estimations pour 2032 prévoient que cette proportion augmente encore de 22 %. Une habitude qui plus est contractée de plus en plus tôt : dès 18 ans pour les hommes, et pas après 20 ans pour les femmes en 2002, contre respectivement 22 ans et 24 ans en 1984. D'ailleurs, comme le souligne Dayi Hu, « dans la mesure où le tiers des cardiologuescardiologues sont des fumeurs, il est difficile de faire passer un message de prévention efficace ».

    Le tabac n'est évidemment pas le seul facteur de risque en cause. Quelque 200 millions de Chinois souffrent d'hypertension artérielle (HTA) et ce qui est plus inquiétant encore, 70 % d'entre eux l'ignorent... En cause certainement, la consommation de sel en quantités très importante, au nom de traditions culinaires millénaires.

    Une politique de santé publique pour diminuer l’hypertension ?

    Dayi Hu appelle les pouvoirs publics de son pays à mettre en place « des politiques strictes de santé publique ». Ainsi la lutte contre le tabac devra-t-elle passer par « l'interdiction de fumer dans les lieux publics, l'augmentation des taxes sur le tabac, l'interdiction des publicités pour ce type de produits... ».

    Une politique visant à réduire la consommation de sel permettrait aussi de lutter contre l'hypertension. « La population urbaine consomme trop de produits salés. Une réduction de 10 g à 5 g par jour [de la consommation quotidienne] réduirait de 23 % le nombre des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ».

    Il appelle, enfin, à ce que le combat contre la sédentarité commence dès le plus jeune âge, à l'école, « pour encourager à la pratique d'une activité physique et l'adoption de modes de vie plus sains ».