Si les hommes sont plus agressifs que les femmes lorsqu’ils sont stressés, c’est à cause d’un gène nommé SRY. Connu pour son implication dans le développement des testicules pendant la période fœtale, des chercheurs viennent de montrer qu’il joue un rôle dans d’autres organes humains, y compris le cœur et le cerveau, deux des régions impliquées en cas de stress.

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    Le gène SRY est porté par le chromosome Y, le plus court du génome humain, que l'on ne retrouve que chez les hommes. Alors qu'on le croyait uniquement impliqué dans la différenciation sexuelle, il serait également responsable de certains comportements agressifs en situation de stress. © Caroline Davis, licence CC

    Le gène SRY est porté par le chromosome Y, le plus court du génome humain, que l'on ne retrouve que chez les hommes. Alors qu'on le croyait uniquement impliqué dans la différenciation sexuelle, il serait également responsable de certains comportements agressifs en situation de stress. © Caroline Davis, licence CC

    Sex-determining Region of Y chromosome. Voilà ce que signifient les trois lettres du nom du gène SRY. Ce fragment d'ADN, porté comme son nom l'indique par le chromosome Y (celui qui est spécifique aux mâles), a été identifié comme étant à l'origine du développement des testicules pendant la phase fœtale, organes produisant la testostérone qui oriente la différenciation sexuelle et crée des individus mâles.

    Des chercheurs, dirigés par Joohyung Lee de l'Institut du Prince Henry (Australie), viennent de lui trouver une nouvelle fonction : en situation de stress, son action expliquerait pourquoi les hommes réagissent de manière plus agressive (et parfois violente) que les femmes qui optent pour un comportement plus amical. Leurs résultats sont publiés dans BioEssays.

    Les études portant sur les réactions physiologiques face au stress ne sont pas nouvelles. Elles ont notamment pu montrer que dans cette situation, les glandes surrénalesglandes surrénales sécrètent entre autres des hormones appelées catécholamines (dont l'adrénalineadrénaline), qui vont accélérer le rythme cardiaque et préparer l'individu au combat ou à la fuite.  

    Mais les auteurs reprochent à ces travaux de s'être souvent focalisés sur des hommes, et de n'avoir jamais tenté de comparer les différences entre les sexes. Pourtant, du fait de leur histoire évolutive, hommes et femmes ont subi différentes pressions de sélection, à l'origine de répercussions aux niveaux biochimique et comportemental.

    Nos gènes gouvernent certains de nos comportements. La preuve en est avec <em>SRY</em> qui intervient dans l'agressivité face au stress chez l'homme. Ce gène, s'il devient dysfonctionnel, pourrait également favoriser la maladie de Parkinson. © kk+, Fotopédia, cc by nc sa 2.0

    Nos gènes gouvernent certains de nos comportements. La preuve en est avec SRY qui intervient dans l'agressivité face au stress chez l'homme. Ce gène, s'il devient dysfonctionnel, pourrait également favoriser la maladie de Parkinson. © kk+, Fotopédia, cc by nc sa 2.0

    SRY s’exprime aussi dans le cerveau et dans le cœur

    Les chercheurs ont découvert que chez les femmes, les taux de catécholamines présentées en situation de stress sont moins élevés que chez les hommes. En contrepartie, elles sécrètent davantage d'œstrogènesœstrogènes et d'opiacés, inhibant l'agressivité. D'où vient alors cette différence ?

    Une piste de réponse vient d'être apportée par ces scientifiques qui suspectent le gène SRY d'être derrière tout cela. La protéine dont il est à l'origine ne se retrouve pas qu'au niveau testiculaire, elle est également détectée dans le cerveau ou le système cardiovasculaire, entre autres. Il a même été montré que le peptide était impliqué dans la motricité via la dopaminedopamine, l'une des hormoneshormones de la famille des catécholamines. 

    Cela suggère donc que SRY exerce un effet spécifique au genre masculin dans les tissus non testiculaires, et se trouve impliqué dans la régulation de la fonction cardiovasculaire et l'activité neurale, deux des acteurs majeurs de la réponse au stress. En favorisant la montée d'adrénaline, il modifie le comportement et peut pousser certains hommes à se montrer agressif.

    Cette découverte pourrait avoir des retombées bien plus larges. Car s'il affecte une partie de la motricité à travers la dopamine, SRY joue peut-être un rôle dans certains troubles neurologique du mouvementmouvement, comme la maladie de Parkinson. Les multiples causes de cette pathologiepathologie n'ayant pas toutes été identifiées, le gène, en cas de défaillance, figure parmi les suspects potentiels.