Selon une étude américaine, seuls 12 % des macaques vaccinés ont développé le Sida suite à une injection du virus, contre 75 % des individus non protégés. Ces résultats, combinés à ceux déjà réalisés sur l’Homme, laissent entrevoir de belles perspectives pour se prémunir de la terrible maladie.

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    Étant donné l'innocuité du VIH sur les singes, de nombreux chercheurs pensent que le VIS (virus de l'immunodéficience simienne) est le meilleur modèle pour évaluer les vaccins contre le Sida avant de passer à des tests sur l'Homme. Des traitements préventifs ont d'ailleurs été réalisés sur des macaques avec un certain succès, mais il s'agissait de souches faciles à combattre. De ce fait, l'extrapolation à l'espèceespèce humaine n'a pas été satisfaisante.

    Cette fois, des chercheurs de l'université d’Harvard se sont attaqués à des souches plus résistantes du VIS en tentant de mettre au point différents vaccins pour déterminer lesquels étaient les plus efficaces. Chez le macaque rhésus Macaca mulattaMacaca mulatta, une première injection d'un adénovirus modifié génétiquement pour synthétiser des protéines antigéniques du SIV (Gag, Pol et Env) était réalisée. Six mois plus tard, une seconde injection d'un autre vecteur viral contenant les mêmes gènesgènes servait à stimuler de nouveau les défenses immunitaires. Les scientifiques patientaient une demi-année supplémentaire avant d'injecter une souche différente du VIS par vaccin, contre lesquelles les singes ne présentent pas de réponse immunitaireréponse immunitaire forte. Les résultats sont publiés dans Nature.

    Une diminution de 80 % du risque de Sida grâce au vaccin

    Le traitement le plus efficace est composé d'un adénovirus en premier traitement, suivi d'un poxviruspoxvirus (virus à ADNADN de grande taille) génétiquement modifié pour la seconde injection. Dans ce cas de figure, seuls 12 % des macaques ont déclaré le SidaSida, tandis qu'ils étaient 75 % parmi les singes témoins.

    Le macaque rhésus <em>Macaca mulatta</em>, utilisé pour cette expérience de vaccin contre le Sida, a souvent joué les rôles de cobaye. Le rhésus des groupes sanguins vient de ce petit singe, sur lequel on l'a découvert. © Ssppeeeeddyy, Flickr, cc by sa 2.0

    Le macaque rhésus Macaca mulatta, utilisé pour cette expérience de vaccin contre le Sida, a souvent joué les rôles de cobaye. Le rhésus des groupes sanguins vient de ce petit singe, sur lequel on l'a découvert. © Ssppeeeeddyy, Flickr, cc by sa 2.0

    L'expérience est allée plus loin. Toutes les semaines, les cobayes subissaient une nouvelle injection de VIS. Alors, la plupart des animaux vaccinés ont fini par déclarer la maladie, démontrant la limite de l'efficacité du traitement préventif. Cependant, les chercheurs ont estimé tout de même que la vaccination représentait une diminution de 80 % du risque de développer la maladie.

    Lors de l'analyse de la réponse immunitaire, ils se sont aperçus que les macaques qui avaient développé une immunitéimmunité forte contre la protéine antigénique Env (celle de l'enveloppe externe du VIS) s'étaient montrés les plus imperméables à l'infection. Cela démontre donc l'intérêt de produire des vaccins favorisant l'expression d'anticorpsanticorps ciblant cette protéine Env.

    Une découverte intéressante… qui reste à prouver chez l’Homme

    Pour Bruce Walker, scientifique de Harvard non impliqué dans l'étude, « si ce genre de performance est possible chez les singes, alors elle l'est aussi chez les Hommes ». Son équipe tente de trouver de l'argentargent pour tester un protocoleprotocole similaire en Afrique du Sud, pays très durement touché par l'épidémieépidémie de VIH.

    La communauté scientifique s'accorde sur l'intérêt d'une telle découverte, constatant des similitudes avec pareils travaux effectués sur l'espèce humaine. Mais elle modère toutefois un peu l'enthousiasme suscité par les auteurs. Les chercheurs aimeraient voir l'efficacité du traitement adénovirus-poxvirus sur plusieurs souches virales (ici, la réponse a été obtenue pour la souche appelée SIVmac251) avant de pouvoir généraliser. Et bien sûr, la transition du singe à l'Homme n'a pas été démontrée. Bien souvent, cette dernière étape est la plus difficile à franchir...