Des chercheurs ont remarqué que 85 % des patients dépressifs présentant un taux élevé d’une protéine appelée VEGF sortaient de la maladie en prenant du Lexapro ou du Séroplex. Une première étape pour prédire si un traitement antidépresseur va fonctionner ou non.

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    On n'en guérit pas facilement car on ne sait pas toujours comment la soigner. De nombreux médicaments existent pour sortir de la dépression, mais aucun n'est efficace de façon universelle. Certaines évaluations montrent même que 60 % des patients ne se remettent pas entièrement de leur affection suite à la première médication. Les personnels soignants proposent alors divers antidépresseurs jusqu'à trouver le bon.

    Désormais, suite à l'annonce de scientifiques de l'université de Loyola à Chicago (États-Unis) lors de la 4e Réunion annuelleannuelle du cerveau, du comportement et de l'immunité de l'Illinois, le ciblage thérapeutique pourrait devenir plus pertinent. Et faire gagner du temps (mais aussi de l'argentargent) aux personnes dépressives.

    Le risque principal de la dépression, si elle n'est pas détectée assez rapidement, est le suicide. Parfois, elle passe même inaperçue et le patient l'affronte seul. © Brian McEntire, Fotolia

    Le risque principal de la dépression, si elle n'est pas détectée assez rapidement, est le suicide. Parfois, elle passe même inaperçue et le patient l'affronte seul. © Brian McEntire, Fotolia

    Le taux de VEGF prédit l'efficacité du Séroplex contre la dépression

    À partir de 35 patients traités pour dépression, les chercheurs ont réussi à faire le lien entre une protéine nommée VEGF (vascular endothelial growth factor, se traduisant par facteur de croissance de l'endothélium vasculaire) et l'efficacité d'un antidépresseur, le Lexapro, dont le principe actifprincipe actif est l'escitalopram. Ce VEGF se retrouve dans la circulation sanguine et son action consiste à favoriser le développement de nouveaux vaisseaux (angiogenèseangiogenèse) pour accompagner la croissance et le développement des organes. Quant à l'escitalopram, c'est un antidépresseur de la famille des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonineinhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Comme ce nom l'indique, il permet d'élever les taux de sérotonine, un neurotransmetteurneurotransmetteur important, dans les synapsessynapses nerveuses. Mais, à l'instar de ses analogues, il n'assure pas une rémissionrémission complète à 100 %.

    Un simple test sanguin permet de doser les concentrations de VEGF. Ainsi, les chercheurs ont noté que 85 % des patients ayant des taux de VEGF élevés répondaient très bien à un traitement au Séroflex, tandis que moins de 10 % de ceux présentant la protéine en faible quantité se remettaient de leur pathologiepathologie. Si le lien de cause à effet n'est pas absolu, ce travail a le mérite d'ouvrir les yeuxyeux sur la probable efficacité de traiter certains patients avec ce médicament, et d'éviter à d'autres une perte de temps.

    L'escitalopram, ici représenté en 3D, est commercialisé sous différents noms, parmi lesquels le Lexapro ou Séroplex. Sa formule brute est C<sub>20</sub>H<sub>21</sub>FN<sub>2</sub>O. © Benjah-bmm27, Wikipédia, DP

    L'escitalopram, ici représenté en 3D, est commercialisé sous différents noms, parmi lesquels le Lexapro ou Séroplex. Sa formule brute est C20H21FN2O. © Benjah-bmm27, Wikipédia, DP

    Le mécanisme d’action de l'escitalopram pas encore élucidé

    Cependant, si une corrélation semble exister, les auteurs n'ont pas cherché à montrer un éventuel effet du VEGF sur l'action du médicament. D'ailleurs, les mécanismes sous-jacents restent mystérieux. Les auteurs évoquent deux hypothèses pour expliquer l'efficacité des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine : leur injection pourrait rééquilibrer la balance chimique du cerveau, ou, comme le suggèrent d'autres travaux de recherches, leur utilisation permet la régénération de neuronesneurones dans des régions cérébrales atrophiées à cause de la dépression.

    Angelo Halaris, l'un des participants à l'étude, se réjouit de cette trouvaille. « Ce serait la première fois que l'on pourrait évaluer quelles sont les chances d'un patient de répondre à un antidépresseur. »

    Cependant, il faut tout de même modérer cet enthousiasme. Premièrement, il ne s'agit que d'un seul médicament parmi la longue liste qui existe sur le marché. On ne peut donc pas prédire lequel pourra être utilisé pour un patient présentant un faible taux de VEGF. Deuxièmement, le dépistagedépistage sanguin du facteur de croissance est encore onéreux, car cela reste un dosagedosage rare. Cette découverte pourrait le banaliser et en faire baisser son prix, mais il faut encore le démontrer.