Une nouvelle sous-espèce de moustique, découverte au Burkina Faso, pourrait être capable de transmettre le parasite du paludisme. Vivant exclusivement en extérieur, ce moustique remettrait alors en question les stratégies de lutte contre ce fléau mondial.

au sommaire


    Une nouvelle sous-espèce de moustique a été identifiée au Burkina Faso. © DR

    Une nouvelle sous-espèce de moustique a été identifiée au Burkina Faso. © DR

    Les connaissances sur le paludisme ne cessent de croître. Mais alors que l'on pensait avoir identifié tous les moustiquesmoustiques vecteurs du paludisme, des scientifiques ont découvert un nouveau sous-groupe de moustique appartenant à l'espèceespèce Anopheles gambiae, pouvant potentiellement transmettre cette maladie à l'Homme.

    C'est dans le cadre d'un projet destiné à identifier les gènes impliqués dans la résistancerésistance des moustiques au parasiteparasite du paludisme, Plasmodium falciparum, que des chercheurs de l'unité de génétique et génomique des insectesinsectes vecteurs (Institut Pasteur/CNRS) ont voulu réaliser une grande collecte au Burkina Faso, à l'aide d'une méthode innovante.

    Car jusqu'à présent, les spécialistes du paludisme estimaient que la maladie se transmettait uniquement la nuit, par des piqûres de moustiques présents au sein même des maisons. Habituellement, seuls les moustiques vivant dans les habitations, considérés donc comme endophiles, étaient alors collectés pour être analysés. D'ailleurs, le travail des chasseurs d'insectes s'en trouvait simplifié, les captures étant souvent bien plus aisées à réaliser en intérieur (grâce à des pièges lumineux ou à des vaporisationsvaporisations d'insecticidesinsecticides).

    Moustique exophile

    Ces chercheurs ont testé l'hypothèse contraire, à savoir que les moustiques pouvaient également exister et transmettre la maladie en dehors des habitations. Une hypothèse valable puisque malgré l'aridité de l'Afrique occidentale, il existe néanmoins des zones d'eau stagnante en dehors des habitations, notamment à la saisonsaison des pluies, où des larveslarves de moustiques peuvent se développer et donner naissance à des moustiques adultes prêts à transmettre le parasite.

    Les larves de moustiques sont faciles à collecter dans les eaux stagnantes. © Sven Petersen, Wikimedia, domaine public

    Les larves de moustiques sont faciles à collecter dans les eaux stagnantes. © Sven Petersen, Wikimedia, domaine public

    Les scientifiques ont alors prélevé des larves et des moustiques adultes dans les zones domestiques et péridomestiques, notamment dans les flaques d'eau aux abords des habitations. C'est ainsi qu'une nouvelle sous-espècesous-espèce de moustique a pu être identifiée. Cet insecte, baptisé A. gambiae Goundry, en hommage à l'un des villages du Burkina Faso où il a été découvert, représentait même plus de la moitié des larves prélevées en extérieur. Contrairement à son cousin, il est donc exophile (vivant exclusivement à l'extérieur), puisqu'aucun individu n'a pu être collecté en intérieur.

    Très sensible au Plasmodium

    Des analyses génétiques réalisées sur ces moustiques ont montré de façon assez surprenante que malgré son appartenance à la même espèce que son cousin bien connu, il s'en distingue de plusieurs façons. Si A. gambiae existe sous deux formes génétiques distinctes (M et S), une seule forme d'A. gambiae Goundry a été découverte. De plus, ces deux sous-espèces ne seraient pas interfécondes et posséderaient également des différences dans leur réaction face au parasite du paludisme.

    Et c'est bien là l'inquiétude. Lors de repas de sang infecté par Plasmodium, A. gambiae Goundry serait « fortement sensible » à l'infection par le parasite du paludisme. Ces nouvelles données, qui permettent d'envisager pour la première fois la transmission du paludisme par un moustique vivant exclusivement en extérieur, pourraient alors perturber l'efficacité des stratégies mises en œuvre pour limiter la propagation du paludisme dans ces régions.

    Mais ces résultats, présentés dans la revue Science, sont trop préliminaires pour établir une conclusion avec certitude. Pour l'instant, rien n'indique qu'A. gambiae Goundry soit effectivement capable de s'alimenter sur l'Homme, et à fortiori de transmettre le paludisme. Il pourrait préférer les repas de sang d'animaux domestiques comme les vachesvaches ou les chèvres. Quoi qu'il en soit, les moyens de lutte continuent d'être développés, pour tendre vers l'obtention et la distribution d'un vaccin contre le paludisme d'ici quelques années.