En faisant pousser une dent de souris à partir de cellules embryonnaires, implantées dans un rein de souris, une équipe japonaise peaufine sa technique qui permettrait de créer un jour des organes de remplacement.

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    La dent en train de pousser, à 20, 30 et 60 jours. © PlosOne/Takashi Tsuji et al.

    La dent en train de pousser, à 20, 30 et 60 jours. © PlosOne/Takashi Tsuji et al.

    Takashi Tsuji, professeur de l'université de Tokyo, et son équipe avaient déjà réussi à cultiver des dents au laboratoire avant de les transplanter avec succès dans la mâchoire d'une souris. Les nouvelles dents, qui ont poussé naturellement dans la gencive, s'avéraient parfaitement fonctionnelles, bien ancrées dans l'os et correctement innervées et vascularisées. Les chercheurs japonais viennent de récidiver avec une méthode qui offre des taux de croissance beaucoup plus rapides, mais où la dent pousse dans un rein... Le moyen mis en œuvre se traduit par « un gain d'environ 10 jours » par rapport aux techniques antérieures, a affirmé Takashi Tsuji, ce qui, chez une souris, est énorme...

    « Il s'agit de notre première étape vers l'objectif de régénérer des organes capables de remplacer ceux qui sont endommagés ou perdus, a-t-il ajouté. Nous n'en sommes pas encore au point où cette technique peut être utilisée sur l'Homme, nous venons juste de terminer notre première étape. »

    L'équipe de recherche, qui comprend des scientifiques de l'université médicale et dentaire de Tokyo et de l'université de Tohoku, a développé une sorte de germegerme de dent à partir de cellules prélevées sur un embryon (environ 50.000) et comprenant des cellules épithéliales (formant ensuite l'épithélium) et mésenchymateuses (qui deviendront l'os et le tissu conjonctif).

    La structure en plastique ayant servi de moule. La barre blanche en bas à droite mesure un demi-millimètre. © <em>PlosOne</em>/Takashi Tsuji <em>et al.</em>

    La structure en plastique ayant servi de moule. La barre blanche en bas à droite mesure un demi-millimètre. © PlosOne/Takashi Tsuji et al.

    Un organe vraiment fonctionnel

    L'ensemble des cellules se sont mises à croître et les chercheurs ont ensuite installé ce germe dans une petite structure en plastiqueplastique, servant de moule pour donner la bonne forme et la bonne taille. Le tout a été implanté dans le rein d'une souris, juste sous la capsule qui entoure l'organe, pour assurer la croissance. Lorsque la dent a été suffisamment développée, elle a été transplantée dans la gencive d'une autre souris, confirmant qu'elle pouvait s'adapter à l'environnement buccalbuccal, se connecter à des nerfs et des vaisseaux sanguins, comme si c'était une dent naturelle. La souris peut ressentir la douleurdouleur et la stimulationstimulation car cette dent rapportée réagit comme une autre, ont souligné les scientifiques.

    La technique mise en œuvre est lourde, contraignant à passer par l'injection dans un rein. Pourra-t-elle un jour être simplifiée et appliquée en médecine humaine ? Les chercheurs l'espèrent, estimant qu'elle pourra être utilisée pour développer des organes pleinement fonctionnels susceptibles de remplacer des parties corporelles perdues ou endommagées à la suite des maladies, de blessures ou à cause du vieillissement.