Parmi les causes de l’épidémie d’obésité, on pointe souvent le manque d’activité physique, en plus d’une nourriture trop calorique. Une nouvelle étude menée auprès d’une tribu de chasseurs-cueilleurs en Tanzanie disculpe la sédentarité, les dépenses énergétiques quotidiennes de ces nomades étant les mêmes que celles des Occidentaux. Ne reste plus qu’un seul responsable possible…

au sommaire


    Le temps passé devant la télévision est un des critères utilisés pour mesurer la sédentarité. Et ces dernières décennies, celui-ci a grimpé en flèche, en parallèle à l'obésité. Ce qui n'empêche pas la personne sur son canapé de dépenser de l'énergie pour remplir les fonctions vitales... © Oddech, StockFreeImages.com

    Le temps passé devant la télévision est un des critères utilisés pour mesurer la sédentarité. Et ces dernières décennies, celui-ci a grimpé en flèche, en parallèle à l'obésité. Ce qui n'empêche pas la personne sur son canapé de dépenser de l'énergie pour remplir les fonctions vitales... © Oddech, StockFreeImages.com

    Le calcul paraît simple. Pour se maintenir à son poids, il suffit d'équilibrer les entrées énergétiques et les dépenses. Or, depuis quelques décennies, le monde est confronté à une épidémie d'obésité. Certaines sources estiment qu'en 2015, une personne sur dix sera obèse et une personne sur trois sera en surpoids. Cela signifie donc que les apports alimentaires sont supérieurs aux dépenses physiquesphysiques.

    Pour contrer ce phénomène, il existe deux solutions pragmatiques : manger moins calorique ou se dépenser davantage. La sédentarité croissante, due notamment à la modernisation des techniques, est pointée du doigt dans l'émergenceémergence de l'épidémie

    Pourtant, cette théorie pourrait bien s'ébranler avec les travaux récents parus dans Plos One. Des chercheurs du Hunter College de New York démontrent, à partir d'une population tanzanienne de chasseurs-cueilleurschasseurs-cueilleurs, que le problème ne provient pas d'un déficit d'activité mais plutôt d'une alimentation trop riche.

    Les chasseurs-cueilleurs et les origines de l’obésité

    Les Hadzas forment une ethnie d'environ un millier d'individus, parmi lesquels plusieurs centaines optent toujours pour le même mode de vie que leurs ancêtres (et les nôtres) : celui de chasseur-cueilleur. Ils ne possèdent pas notre équipement technologique : ni voiture ni arme à feufeu. Leurs déplacements s'effectuent à la force des jambes et leurs proies sont abattues par les flèches de leurs arcs. Les tâches sont partagées : les hommes partent à la chasse tandis que les femmes récoltent les fruits et les baies, qui composent l'essentiel de leur alimentation.


    Les Hadzas forment des petits groupes en Tanzanie. Ces chasseurs-cueilleurs vivent très probablement de la même façon que le faisaient nos ancêtres. © Idobi, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L'activité physique et les dépenses caloriques ont été estimées chez 30 de ces individus (17 femmes et 13 hommes). Comme attendu, les Hadzas sont bien plus actifs que les Occidentaux. Mais de manière plus surprenante, leurs dépenses énergétiques ne sont pas supérieures aux nôtres. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'ils marchent en permanence qu'ils brûlent davantage de calories.

    La part des dépenses physiques dans le métabolisme énergétique global est faible : elle représente seulement 10 à 15 %. Le reste est utilisé par l'organisme pour nourrir les organes (le cerveau étant très gourmand par exemple), pour aider à la digestion ou réguler la température corporelletempérature corporelle. L'inactivité physique, qui caractérise le mode de vie à l'occidentale, n'a finalement que peu d'influence sur les dépenses globales. Ne reste plus qu'un coupable possible : une alimentation trop riche.

    La sédentarité à bannir malgré tout

    Les suggestions émanant de ce travail de recherche ne se limitent pas à cela. Il sous-entend également que les différentes populations humaines pourraient avoir un métabolisme plus ou moins similaire, faisant appel à autant de ressources pour fonctionner. De plus, il met en évidence que la prise de poids est un phénomène plus complexe qu'une simple soustraction entre les entrées et les dépenses d'énergieénergie et nous rappelle qu'on ignore encore de nombreux éléments sur les interactions existant entre métabolisme, activité physique et environnement.

    Attention malgré tout à l'interprétation du message. Les auteurs ne font aucunement l'apologie de la sédentarité. En effet, la dépense physique reste nécessaire pour maintenir un corps en bonne santé car elle évite, ou au moins limite, le développement de certaines maladies. C'est plutôt l'occasion d'alerter quiconque voulant garder la ligne d'être plus vigilant sur ce qu'il mange.