Les pandas géants pourraient bien sauver de nombreuses vies humaines à l’avenir ! En effet, ils produisent un antibiotique à large spectre efficace contre les bactéries résistantes et qui peut être synthétisé en laboratoire.

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    Les pandas géants suscitent de nombreuses tracasseries dans le monde. Ces mammifèresmammifères vivant en Chine voient en effet sans cesse leur habitat se réduire du fait des activités de l’Homme, ce qui met à mal la santé de leur population. Il ne subsisterait qu'environ 1.600 individus à l'état sauvage. Pour essayer d'inverser la tendance, de nombreux programmes de reproduction ont été lancés au sein de zoos ou de centres de recherche, mais sans succès. Les femelles ne peuvent se reproduire que quelques jours par an, et les mâles maintenus en captivité ne semblent pas vouloir en profiter. Depuis peu, une nouvelle raison pourrait cependant nous pousser à redoubler nos efforts pour les sauver...

    Le Beijing Genomics Institute de Shenzhen (Chine) a séquencé le génome du panda géant, espèceespèce emblématique, pour la première fois le 11 octobre 2008. Plus de 21.000 gènes ont alors été dénombrés, et l'un d'entre eux a particulièrement attiré l'attention de Xiuwen Yan du Collège des sciences de la vie de la Nanjing Agricultural University. Selon l'article paru dans la revue Gene, ce gène code pour un petit peptide présentant un grand pouvoir antimicrobien : la cathélicidine-AM.

    Le panda géant n'est pas le seul mammifère à produire naturellement une cathélicidine. L'Homme en sécrète également, comme les souris, les rats, les lapins et les chiens. © <em>Smithsonian's National Zoo</em>, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le panda géant n'est pas le seul mammifère à produire naturellement une cathélicidine. L'Homme en sécrète également, comme les souris, les rats, les lapins et les chiens. © Smithsonian's National Zoo, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des bactéries tuées six fois plus rapidement

    Les cathélicidines ne sont pas nouvelles en soi, puisque d'autres mammifères en sécrètent naturellement par le biais de leur système immunitaire. Elles circulent dans le sang, à l'intérieur des lysosomes, des macrophages et des granulocytes, où elles servent à éliminer la plupart des bactéries et des champignonschampignons rencontrés. Ces moléculesmolécules jouent donc un rôle dans la réponse immunitaireréponse immunitaire innée. Elles présentent par ailleurs un autre avantage non négligeable : elles provoquent moins d'apparitions de résistance chez les micro-organismes par rapport aux antibiotiquesantibiotiques synthétiques.

    Selon les chercheurs, la cathélicidine-AM aurait un spectrespectre d'action relativement large et ne ferait pas de distinction entre des bactéries standard ou résistantes, un détail important lorsque l'on sait que de nombreux micro-organismes deviennent insensibles aux traitements antibactériens. Par ailleurs, elle agirait six fois plus rapidement que les antibiotiques de synthèse, tuant la bactériebactérie Staphylococcus sciuri en une heure contre six pour ses concurrents chimiques. La cathélicidine-AM pourrait bien sûr être utilisée pour développer de nouveaux médicaments, mais aussi pour concevoir des solutions innovantes de nettoyage des sols ou des ustensiles chirurgicaux, par exemple. 

    Reste à savoir comment produire le peptide à l'avenir. Disons-le tout de suite, nous ne dépendrons pas des faibles capacités reproductrices des pandas. Après avoir décodé le gène impliqué, les chercheurs ont réussi à synthétiser la cathélicidine-AM en laboratoire. Ainsi, alors même qu'ils sont en voie de disparition, les pandas Ailuropoda melanoleucaAiluropoda melanoleuca nous fourniraient un antibiotique qui pourrait sauver de nombreuses vies humaines.