Les décalages horaires à répétition perturbent notre horloge biologique, mais ne seraient pas non plus très bons pour notre mémoire, même à long terme. Ce sont les surprenantes conclusions d’une étude sur des hamsters qui ont virtuellement voyagé plusieurs fois entre New York et Paris.

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    Les décalages horaires dus à des voyages intercontinentaux seraient mauvais pour l'apprentissage et la mémoire. © Caribb, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Les décalages horaires dus à des voyages intercontinentaux seraient mauvais pour l'apprentissage et la mémoire. © Caribb, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Les voyages forment peut-être la jeunesse mais ils seraient aussi responsables de problèmes de mémoire ! En effet, les décalages horaires perturberaient notre rythme biologique et seraient peu propices au bon fonctionnement de notre cerveau, d'après une étude effectuée par des scientifiques de l'université Berkeley parue dans le journal Plos One.

    Le rythme circadienrythme circadien est un rythme biologique retrouvé chez tous les êtres vivants, des bactéries aux animaux en passant par les plantes. Basé sur les 24 heures d'une journée, il permet à l'Homme, un animal diurnediurne, de profiter des heures lumineuses pour manger ou travailler et de dormir pendant les heures sombres. D'un point de vue physiologique, le rythme circadien est maintenu par l'horloge interne, le noyau suprachiasmatique situé dans l'hypothalamus, qui reçoit des informations directement de la rétinerétine sensible à la lumièrelumière. Le noyau suprachiasmatique régule alors parfaitement les grandes fonctions de l'organisme (sommeilsommeil, digestiondigestion, synthèse d'hormoneshormones...) en fonction de la luminositéluminosité.

    Une horloge biologique mise à rude épreuve

    En théorie seulement, puisque des modifications artificielles de rythmes viennent interférer dans ce mécanisme. Le travail (les trois-huit), les fêtes nocturnesnocturnes, les grasses matinées ou les voyages transocéaniques décalent les heures de sommeil pour certains d'entre nous, et nous déphasent par rapport aux heures naturelles d'ensoleillement. Quelles conséquences ? Il avait été montré une corrélation entre les décalages horaires et des déficits d'apprentissage ou de mémoire chez des femmes. Tout cela ne serait donc pas très bon pour nos neuronesneurones, mais cela n'a jamais pu être prouvé expérimentalement.

    Les hamsters dorés ont un rythme circadien très précis et sont à ce titre souvent utilisés comme modèle animal. © Mandy, Wikimedia, CC by-sa 3.0

    Les hamsters dorés ont un rythme circadien très précis et sont à ce titre souvent utilisés comme modèle animal. © Mandy, Wikimedia, CC by-sa 3.0

    Grâce à l'utilisation de hamsters dorés, des animaux dont l'horloge biologique est particulièrement précise et bien connue, les chercheurs ont pu évaluer les effets des décalages horaires sur les fonctions cognitives et observer les éventuelles perturbations du cerveau. Certains rongeursrongeurs ont été soumis à des décalages de la lumière journalière, à raison de 6 heures tous les trois jours, un décalage mimant un voyage Paris-New York.

    Au cours des 25 jours de décalage horaire, les hamsters ont été soumis à des tests d'apprentissage et de mémoire. Sans surprise, les animaux décalés ont moins bien réussi que les hamsters contrôles à retrouver la chambre où un jeu, la fameuse roue, les attendait. Plus étonnant en revanche, même un mois après la fin du décalage horaire, les hamsters ne semblent pas avoir récupéré : ils sont toujours moins bons aux tests que leurs compagnons. Le décalage horaire aurait donc des effets néfastes à long terme.

    Des « neurones de la mémoire » qui se multiplient moins

    Cet effet a même pu être visualisé dans les cerveaux des hamsters et plus particulièrement dans l'hippocampe, la région connue pour être impliquée dans la mémorisation. En colorant uniquement l'ADNADN des neurones en division, les chercheurs ont remarqué que la fabrication de nouveaux neurones (neurogenèse) dans cette région cérébrale est deux fois moins active chez les hamsters soumis au décalage horaire.

    Bien que ces travaux aient porté sur des hamsters, le mécanisme de leur rythme biologique est suffisamment proche de celui des humains pour considérer que notre mémoire puisse également être perturbée à long terme par les décalages horaires. Une hygiène de vie correcte, y compris un cycle de sommeil respecté, semble donc indispensable pour favoriser un fonctionnement optimal de notre cerveau.