Selon des chercheurs de l’Inserm, les sodas « light » exposeraient les femmes à un risque de diabète de type 2 plus élevé que les autres boissons sucrées. Le point sur une étude qui devrait faire du bruit, et qui va à l’encontre des résultats d’une enquête récente sur les édulcorants qui concluait à un effet positif pour les diabétiques.

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    Les diabétiques sont de grands consommateurs d'édulcorants et de boissons allégées, qui aident à réduire la consommation de sucres. Mais ils contribuent aussi à conserver l'appétence pour le goût sucré et sont souvent consommés en grandes quantités. © DR

    Les diabétiques sont de grands consommateurs d'édulcorants et de boissons allégées, qui aident à réduire la consommation de sucres. Mais ils contribuent aussi à conserver l'appétence pour le goût sucré et sont souvent consommés en grandes quantités. © DR

    La consommation régulière de boissons allégées est-elle associée à un risque de développer un diabète de type 2 ? Pour les chercheurs français de l'Inserm qui ont réalisé une étude auprès de 66.000 femmes, la réponse est oui. De plus, pour la première fois, ils mettent en évidence que ce risque serait encore plus élevé avec le light qu'avec les autres boissons sucrées.

    Françoise Clavel-Chapelon (Inserm, université Paris-Sud et institut Gustave-Roussy) et Guy Fagherazzi (Inserm) ont mené leur étude auprès de 66.188 femmes, dans le cadre de la cohorte E3N. Toutes ont été suivies durant 14 ans. Les scientifiques se sont intéressés à la relation entre la consommation de boissons sucrées et de boissons sucrées allégées et le risque de diabète de type 2. Pour les premières, pas de surprise : ils confirment que la consommation de boissons sucrées augmente bien le risque de diabète. En revanche, le lien avec les boissons light était bien moins connu.

    Selon une étude menée sur plus de 60.000 femmes françaises, la consommation de boissons allégées est associée à un risque accru de diabète de type 2. © Phovoir

    Selon une étude menée sur plus de 60.000 femmes françaises, la consommation de boissons allégées est associée à un risque accru de diabète de type 2. © Phovoir

    Un risque de diabète augmenté de 60 % avec le light

    Les résultats montrent que les adeptes du light consomment davantage de leur(s) boisson(s) favorite(s) que les femmes qui boivent du sucré normal : 2,8 verresverres par semaine contre 1,6 en moyenne. « D'autre part, à consommation égale, le risque de diabète est plus élevé lorsqu'il s'agit de boissons light que de boissons sucrées non light », nous explique Guy Fagherazzi. Concrètement, « une personne buvant une bouteille de 1,5 litre de boisson light par semaine verra son risque de développer un diabète de type 2 augmenter de 60 % par rapport à celle qui boit la même quantité de boisson sucrée classique ».

    Pour les auteurs, la consommation de boissons contenant des édulcorants favoriserait « une appétence plus forte pour le sucre en général ». Sans compter que « l'aspartame, un des principaux édulcorants utilisés aujourd'hui, induirait une augmentation de la glycémie, et de ce fait une hausse du taux d'insulineinsuline, comparable à celle engendrée par le sucrosesucrose utilisé dans les autres boissons sucrées ». Guy Fagherazzi insiste sur le fait que ce sont des « hypothèses qui restent à confirmer dans des études complémentaires ».

    Les industriels prudents envers les résultats scientifiques

    De son côté, l'Association internationale pour les édulcorants (ISA France) n'a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié un peu plus de deux heures après celui de l'Inserm, son président, Hugues Pitre, explique : « si l'objet de cette étude, comme tous les travaux menés sur le diabète, est digne d'intérêt, il n'en reste pas moins que cette étude doit être analysée avec prudence. Si en tant qu'industriels, nous sommes très attentifs à toutes les nouvelles données scientifiques sur ce sujet, nous sommes toutefois surpris des conclusions de l'étude qui vont à l'encontre du corpus scientifique disponible sur la consommation de boissons avec édulcorants et leurs bénéfices. »

    De son côté, le docteur Hervé Nordmann, président du comité scientifique de l'ISA, rappelle qu'« il est admis que le diabète de type 2 est une maladie multifactorielle liée aux comportements globaux, en particulier l'alimentation et l'hygiène de vie ».