L’infection par le virus H1N1 permettrait la synthèse d’anticorps efficaces contre un grand nombre de souches grippales. La fabrication d’un vaccin universel serait donc possible, selon les auteurs d’un article scientifique paru récemment.

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    L'épidémie de grippe A(H1N1)grippe A(H1N1) de 2009 n'aura pas eu que des côtés négatifs. Après la commande finalement inutile de quatre-vingt dix millions de doses de vaccins destinés à protéger les Français contre la dangereuse souche grippale, le virus qui est resté somme toute assez sage pourrait permettre de synthétiser un nouveau vaccin, qui serait cette fois-ci efficace contre toutes les souches de grippe. Un vaccin que l'on peut donc qualifier d'universel, et qui éviterait ainsi la fabrication de nouveaux vaccins chaque année.

    Mais ce n'est pas gagné d'avance, car le virus de la grippe n'est pas stable. Il possède une forte capacité à acquérir des mutations et à se recombiner avec d'autres souches, de telle sorte que, d'une saisonsaison à l'autre, les anticorps activés par le vaccin deviennent inefficaces. Les anticorps qui ont la particularité d'être très spécifiques ne reconnaissent plus l'hémagglutininehémagglutinine ou la neuraminidaseneuraminidase, les deux protéinesprotéines de surface du virus qui se sont modifiées.

    Des chercheurs américains de l'Emory University School of Medicine et de l'Université de Chicago ont commencé leurs travaux avant l'existence du vaccin contre la grippe H1N1 de 2009, en espérant trouver un moyen de lutter contre la pandémiepandémie. Ils avaient pour cela recruté neuf personnes guéries de la grippe A(H1N1) pour étudier leurs anticorps, et éventuellement les utiliser pour traiter des personnes sévèrement atteintes de la maladie.

    Des anticorps spécifiques de la grippe

    Parmi l'immense lot de lymphocyteslymphocytes B (les globules blancsglobules blancs responsables de la sécrétionsécrétion d'anticorps) retrouvés dans le sang des patients, certains ont pu être identifiés comme synthétisant spécifiquement des anticorps reconnaissant le virus de la grippe. Les gènesgènes codant pour les anticorps ont été réintroduits dans de nouvelles cellules pour synthétiser à volonté, grâce à des cultures cellulaires in vitroin vitro, ces protéines de combat.

    La tige de l'hémagglutinine ne varierait pas suffisamment pour échapper aux anticorps du système immunitaire, et représenterait donc un bon immunogène pour une vaccination universelle. © DR

    La tige de l'hémagglutinine ne varierait pas suffisamment pour échapper aux anticorps du système immunitaire, et représenterait donc un bon immunogène pour une vaccination universelle. © DR

    Les anticorps (86 au total) ont ensuite été testés pour leur réaction face à d'autres souches grippales. Cinq d'entre eux ont pu reconnaître à la fois des virus H1N1 saisonniers de la dernière décennie, la fameuse souche de la grippe espagnolegrippe espagnole de 1918, ainsi qu'une souche de grippe aviairegrippe aviaire H5N1H5N1, capables donc de réactions croisées. Ces anticorps particuliers, très rarement retrouvés chez des patients infectés par d'autres souches grippales, auraient pour origine une activation du système immunitairesystème immunitaire par deux souches successives. La première aura stimulé la production d'anticorps spécifiques, dont l'affinité aura été peaufinée, par remaniement du gène de l'anticorps (hypermutation somatiquesomatique), au cours de la seconde infection.

    La tige de l'hémagglutinine : le nouveau vaccin ?

    Ces résultats mènent Patrick Wilson, un des auteurs de ce travail, à dire qu' « alors que la grippe change d'année en année, quelques éléments centraux ont été conservés pendant près d'un siècle ». Il s'agit de la tige de l'hémagglutinine, la protéine de surface du virus qui permet l'entrée dans les cellules cibles, et qui serait moins soumise aux mutations que l'extrémité la plus superficielle de la protéine.

    Pour vérifier l'efficacité de la protection des anticorps, les scientifiques ont injecté trois des cinq anticorps à des souris. Deux d'entre eux protègent efficacement les souris contre trois souches grippales, même face à des doses de virus que l'on sait mortelles. En conclusion, les auteurs de l'article, paru dans Journal of Experimental Medicinepensent qu' « avec le bon immunogène », probablement dérivé de la souche H1N1, le développement d'un vaccin universel contre la grippe pourrait être possible.

    Rappelons toutefois que de précédents travaux avaient mené à ces mêmes conclusions (cette fois sur la protéine M2 du virus), sans qu'aucun vaccin miracle ne soit encore sur le marché. La variabilité du virus serait-elle sous-estimée ?