L’obésité est en train d’envahir la totalité du globe, nourrie au fast-food. Des travaux montrent qu’une molécule naturelle, le resvératrol, pourrait diminuer la faim et la prise de poids. A quand le complément alimentaire à base de resvératrol ?

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    Alors que l'obésité touche de plus en plus de personnes dans le monde, des solutions doivent être trouvées pour limiter son expansion. La maladie est en effet responsable de nombreux troubles de la santé, comme le diabète de type 2 ou les maladies cardiovasculaires, et conduit parfois à la mort prématurée.

    C'est le manque d'équilibre entre la prise alimentaire et la dépense d'énergieénergie qui induit la prise de poids, par accumulation des lipides dans les tissus adipeux. Si pour certaines personnes malchanceuses l'apport de nourriture a priori normal entraîne chez eux un excès de poids, pour d'autres c'est bien une prise de nourriture excessive qui mène à l'obésité. Une meilleure compréhension des mécanismes de stockage et d'utilisation des réserves pourrait permettre d'ouvrir des portesportes vers de nouvelles thérapies.

    Le resvératrol est un polyphénolpolyphénol naturel, retrouvé dans divers fruits comme le raisinraisin, les cacahuètescacahuètes ou les mûres, et s'accumule dans le vin rouge. Ses effets bénéfiques sur le cancercancer et les maladies cardiovasculaires sont déjà connus, mais cette moléculemolécule est aussi capable d'activer une enzymeenzyme impliquée dans l'homéostasiehoméostasie du glucoseglucose et dans le métabolismemétabolisme des lipides, enzyme appelée SIRT1. En clair, elle est capable de brûler les caloriescalories. Des études antérieures avaient d'ailleurs montré les effets anti-obésité de l'apport de resvératrolresvératrol sur des souris, génétiquement modifiées pour développer une forte prise de poids. Pourtant, aucune étude valable n'avait analysé les effets du resvératrol sur la prise alimentaire spontanée des primatesprimates et les effets à terme sur leur poids.

    Le lémurien <em>Microcebus murinus </em>utilisé dans cette étude prend moins de poids lorsqu'il consomme du resvératrol en complément alimentaire. © J. Visser

    Le lémurien Microcebus murinus utilisé dans cette étude prend moins de poids lorsqu'il consomme du resvératrol en complément alimentaire. © J. Visser

    Double effet minceur !

    D'après leur publication dans le journal BioMed Central Physiology, deux équipes de recherche du CNRS ont enfin prouvé les effets anti-obésité de la molécule sur des primates. Ils ont mené leurs travaux sur le petit microcèbe (Microcebus murinus, famille des lémuriens) qui a la particularité de développer une obésité saisonnière. En hiverhiver, ou en présence d'une courte photopériodephotopériode (6 à 8 heures de lumièrelumière par jour), ces lémuriens peuvent doubler leur poids en seulement quelques semaines. Les chercheurs ont utilisé cette curiosité pour mettre au point une expérience : ils ont exposé les lémuriens à un hiver artificiel (jours courts) pendant 5 semaines et ont observé leur comportement alimentaire et leur métabolisme en présence de resvératrol en tant que supplément alimentaire (200 milligrammes par kilogrammekilogramme et par jour).

    Les petites boules de poils ont pris quotidiennement jusqu'à cinq fois moins de poids que des lémuriens privés de resvératrol ! Cela s'explique par l'addition de deux phénomènes. D'une part le métabolisme basalbasal, c'est-à-dire la dépense énergétique du corps au repos augmente de 29%. D'autre part, la molécule montre un très surprenant effet coupe-faimcoupe-faim : la quantité de nourriture ingérée diminue de 13%. D'autres effets de moindre importance sont à ajouter : l'augmentation du taux d'une hormonehormone digestive (le polypeptidepolypeptide insulinotropique glucose dépendant) impliquée dans l'utilisation des réserves de graisses et la plus faible torpeur des primates qui entraîne habituellement une économie d'énergie.

    Le resvératrol pourrait-il alors être pris comme complément alimentaire chez l'Homme pour lutter contre l'obésité ? Ce n'est pas exclu, mais pour l'instant les recherches ne sont pas suffisantes pour déterminer les effets réels de la molécule sur l'Homme. Si pour l'été vous voulez rentrer dans votre maillot de bain, mangez sainement et surtout arrêtez-vous à satiété !