Le lait maternel procure davantage de bénéfices pour le bébé que le lait en poudre. Il favoriserait le bon développement des bactéries de la flore intestinale, intervenant dans la protection contre les maladies et augmentant l’efficacité du système digestif.

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    Le lait maternel est recommandé dans les premiers mois de la vie du bébé par rapport aux laits de synthèse. Cependant, toutes les femmes ne peuvent donner le sein et il est important de fournir à leurs enfants tous les avantages que peut procurer l'allaitement. L'étude de la flore intestinale constitue un modèle de choix pour les scientifiques. © Annie Stonner, Fotopédia, cc by nc nd 2.0

    Le lait maternel est recommandé dans les premiers mois de la vie du bébé par rapport aux laits de synthèse. Cependant, toutes les femmes ne peuvent donner le sein et il est important de fournir à leurs enfants tous les avantages que peut procurer l'allaitement. L'étude de la flore intestinale constitue un modèle de choix pour les scientifiques. © Annie Stonner, Fotopédia, cc by nc nd 2.0

    La nature propose ce qu'il y a de meilleur. Ainsi, on prête au lait maternel de nombreux bienfaits faisant de lui la nourriture à privilégier pour les six premiers mois de la vie des bébés. Plusieurs recherches ont par exemple montré qu'il limitait de nombreuses maladies diverses et variées, comme les diarrhées, les grippes, les infections respiratoires dont l'asthme, les allergies, les diabètes de type 1 ou la sclérose en plaquesclérose en plaque.

    Certains travaux suggèrent que ce pouvoir presque magique lui est conféré par la flore intestinale, dont on mesure de plus en plus les effets bénéfiques sur l'organisme. Cette hypothèse vient d'être complétée par une nouvelle étude tout juste parue dans les colonnes de Current Nutrition & Food Science, prouvant que le lait maternel favorise la croissance ordonnée des colonies de bactéries intestinales s'abritant derrière un biofilm protecteur et bénéfique.

    SigA, l’un des facteurs de la croissance bactérienne

    Ce travail se donnait pour objectif de comparer in vitroin vitro la croissance de bactéries évoluant dans des milieux composés de lait de vachevache, de lait en poudre (tous deux issus d'une supérette locale) avec du lait maternel, fourni par des volontaires. Une quatrième boîte de Pétri contenait quant à elle des bactéries s'épanouissant dans un environnement nutritif enrichi en SigA, un anticorpsanticorps retrouvé à haute dose dans le lait maternel, afin de vérifier son rôle dans la mise en place du biofilm bactérien.

    Ces tests étaient pratiqués sur deux souches de la fameuse Escherichia coliEscherichia coli, micro-organisme nécessaire au développement précoce de la flore intestinaleflore intestinale.

    Dans le lait maternel, des composés comme la SigA et d'autres permettent aux bactéries <em>Escherichia coli</em> de se regrouper et de former un biofilm. © Janice Haney Carr, CDC, DP

    Dans le lait maternel, des composés comme la SigA et d'autres permettent aux bactéries Escherichia coli de se regrouper et de former un biofilm. © Janice Haney Carr, CDC, DP

    Deux minutes ont suffi pour que les bactéries entament leur croissance dans tous les échantillons. Mais l'évolution de la situation variait d'une boîte à l'autre. Ainsi, les E. coli nourries au lait maternel adoptaient un comportement altruiste, s'aggloméraient et étendaient un biofilm, barrière essentielle contre les pathogènespathogènes, les infections ou certains antibiotiques.

    Pour les deux autres laits, en revanche, rien de comparable. Certes les colonies croissaient, mais les micro-organismesmicro-organismes semblaient plutôt se satisfaire d'une politique du chacun pour soi. Autrement dit : pas de biofilm et une vulnérabilité accrue aux agressions extérieures.

    Le lait maternel et le secret des biofilms

    Seul le milieu contenant la SigA purifiée pouvait tenir la comparaison avec le lait maternel, présentant des résultats intermédiaires entre les deux situations. Non seulement l'effet était moins net, mais il fallait des concentrations jusqu'à 1.000 fois plus élevées pour qu'il soit observé, preuve que l'anticorps à lui tout seul est loin de suffire.

    Tous ces résultats réunis suggèrent donc que le lait maternel se compose d'éléments qui favorisent le bon développement des bactéries colonisant les intestins. Si la SigA est l'un des composés actifs contribuant à la formation du biofilm, il n'est pas le seul impliqué.

    Les auteurs de ce travail, de la Duke University, ont pour idée de comprendre tous les mécanismes et facteurs impliqués derrière ce processus. Ainsi, ils espèrent découvrir des indices sur l'effet protecteur du lait maternel contre toutes ces maladies, mais l'objectif vise également à améliorer la qualité du lait en poudre afin de fournir aux enfants non nourris au sein les mêmes avantages sanitaires que les autres.