Une nouvelle étude vient de montrer qu’une faible consommation d’alcool pendant la grossesse ne serait pas néfaste pour le développement de l’enfant. Une étude qu’il convient de prendre avec des pincettes…


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    L'INPES recommande de ne consommer aucune goutte d'alcool pendant toute la grossesse. © INPES

    L'INPES recommande de ne consommer aucune goutte d'alcool pendant toute la grossesse. © INPES

    L'alcoolalcool est proscrit par les médecins pour les femmes enceintes. Et pour cause, le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) est la première cause non génétique de handicap mental et touche environ 2.000 enfants à la naissance chaque année. Il se caractérise par un retard de croissance pré ou post-natal, des anomalies faciales et des dysfonctionnements du système nerveux associés à des retards mentaux. Le SAF est souvent observé chez les enfants nés de mères alcooliques, mais qu'en est-il de l'alcool à faible dose ?

    L'alcool ingéré par la mère passe dans son sang, qui lui-même est relié au sang du fœtus par le placenta. L'alcool est alors retrouvé chez l'enfant, qui ne possède pas un foiefoie assez développé pour l'éliminer. Les effets sur le système nerveux ou certains organes du fœtus peuvent donc être importants, surtout si la consommation d'alcool par la mère est intense et soudaine, ou faible mais régulière.

    Une étude sur l'alcool pendant la grossesse au Royaume-Uni

    Une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health, vient un peu contredire ces faits. Elle s'est penchée sur l'étude de 11.513 enfants nés entre les mois de septembre 2000 et janvier 2002 au Royaume-Uni. Les mères ont été questionnées à propos de leur consommation d'alcool pendant la grossessegrossesse, mais aussi sur leur environnement social et économique jusqu'aux 9 mois de leur enfant.

    Les chercheurs ont choisi de classer la consommation d'alcool de ces femmes suivant les critères décrits par le National Alcohol Strategy du gouvernement britannique :

    • abstention totale : 6 % des femmes ;
    • consommation d'alcool habituelle stoppée pendant la grossesse : 60 % des femmes ;
    • consommation d'alcool faible (1 à 2 unités d'alcool par semaine) : 26 % des femmes ;
    • consommation d'alcool modérée (3 à 6 unités d'alcool par semaine ou 3 à 5 en une prise) : 5,5 % des femmes ;
    • consommation d'alcool forte (7 unités d'alcool ou plus par semaine, ou 6 en une prise) : 2,5 % des femmes.
    Lors de la grossesse, et pour préserver au maximum la santé de l'enfant, mieux vaut ne pas consommer d'alcool. © DR
    Lors de la grossesse, et pour préserver au maximum la santé de l'enfant, mieux vaut ne pas consommer d'alcool. © DR

    1 à 2 verres seraient-ils sans danger ?

    Les mères ont ensuite été questionnées par rapport au comportement de leur enfant à l'âge de 3 ans. Puis, à l'âge de 5 ans, les capacités cognitives de ces mêmes enfants ont été testées au cours de jeux de vocabulaire ou de tests de reconnaissance visuelle. Comme attendu, les enfants des mères ayant eu une forte consommation d'alcool ont davantage développé de l'hyperactivité et eu des problèmes comportementaux ou émotionnels que les enfants nés de mères qui n'ont pas bu pendant la grossesse.

    La surprise provient des enfants nés des mères ayant consommé 1 à 2 verresverres d'alcool par semaine : les problèmes comportementaux étaient 30 % moins élevés que chez les enfants des mères abstinentes. En prenant en compte les paramètres environnementaux, les enfants des mères ayant faiblement bu ont également développé moins de problèmes cognitifs que les enfants dont les mères ont déclaré n'avoir bu aucune gouttegoutte d'alcool.

    Sans remettre en question l'étude, on peut toutefois remarquer qu'elle s'appuie principalement sur la parole des mères. On peut donc constater les chiffres sans être certain de leur valeur, d'autant que la consommation d'alcool est souvent sous-estimée (« une bière ce n'est pas de l'alcool »...). Les études seraient plus fiables si l'on pouvait précisément contrôler leur consommation d'alcool tout au long de la grossesse, en imposant une consommation précise à certaines mères et en imposant l'abstinence à d'autres femmes, ce qui est éthiquement et concrètement impossible.

    Pour conclure, même si ces chiffres sont exacts, pourquoi courir un risque inutile pour son enfant ? Par précaution, les médecins recommandent toujours en grande majorité de suivre le message de l'INPES et du Ministère de la santé : zéro alcool pendant la grossesse.