Alors que les médicaments antiobésité peinent à convaincre de leur efficacité ou s’accompagnent de lourds effets secondaires, des scientifiques suggèrent une nouvelle façon de traiter le surpoids : la stimulation cérébrale profonde. Cela fonctionnerait également contre l’addiction au tabac…

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    L'obésité touche de plus en plus de monde, mais pas tous les pays équitablement. L'Amérique du Nord et la Grèce figurent parmi les régions les plus concernées. Faut-il compter sur la stimulation cérébrale profonde pour s'en sortir ? © Colros, Flickr, cc by sa 2.0

    L'obésité touche de plus en plus de monde, mais pas tous les pays équitablement. L'Amérique du Nord et la Grèce figurent parmi les régions les plus concernées. Faut-il compter sur la stimulation cérébrale profonde pour s'en sortir ? © Colros, Flickr, cc by sa 2.0

    L'obésité gagne du terrain. Aux États-Unis par exemple, entre 1980 et 2002, la prévalence de cette maladie a doublé, et aujourd'hui, deux Américains sur trois sont en surpoids. On pointe du doigt une alimentation trop riche mais aussi un manque d’activité physique, même si une récente étude dédouane ce dernier facteur.

    Parfois, le besoin de nourriture altère le comportement. L'hypothalamus, une glande située au milieu du cerveau, contrôle l'appétit et la satiété par l'intermédiaire d'hormoneshormones comme la leptineleptine ou l'insulineinsuline. Des médicaments antiobésité tentent d'agir directement sur ce système, mais ils se révèlent inefficaces, ou s'accompagnent d'effets secondaires lourds et dangereux.

    Une autre solution a été testée : la stimulationstimulation cérébrale profonde, un traitement utilisé  notamment contre la maladie de Parkinson. Il s'agit de placer une électrodeélectrode directement sur les régions coupables et de reprendre le contrôle par l'émissionémission d'un courant électriquecourant électrique faible. Mais là encore, lors de tests au niveau hypothalamique, les résultats n'ont pas été probants.

    Le circuit de la récompense, cible privilégiée

    Les scientifiques se focalisent cependant sur un autre réseau de neuronesneurones : le circuit de la récompense. Certains considèrent qu'un déséquilibre dans ce système risque d'engendrer une obésitéobésité, s'accompagnant d'une addictionaddiction alimentaire. Les personnes concernées font preuve d'impulsivité face à la nourriture et supportent moins longtemps la privation.

    La stimulation cérébrale profonde n'est pas sans risque, car elle consiste à déposer des électrodes dans le crâne, comme on le voit sur cette radiographie. L'opération se banalise malgré tout. © Hellerhoff, Wikipédia, cc by sa 3.0

    La stimulation cérébrale profonde n'est pas sans risque, car elle consiste à déposer des électrodes dans le crâne, comme on le voit sur cette radiographie. L'opération se banalise malgré tout. © Hellerhoff, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Des chercheurs de l'Ohio State University et de l'University of Southern California expliquent alors dans les colonnes du journal Neurosurgery qu'il leur semble pertinent d'utiliser la stimulation cérébrale profonde en ciblant ce circuit de la récompensecircuit de la récompense. Ainsi, en plaçant l'électrode au bon endroit, ils espèrent corriger le comportement du patient, lui permettant d'améliorer son rapport à la nourriture.

    Reste à trouver la région pertinente. Plusieurs zones du cerveau sont impliquées, mais selon les auteurs, l'endroit idéal pourrait être le circuit frontostriatal, un réseau reliant le lobe frontallobe frontal aux ganglions de la baseganglions de la base, ayant un rôle dans la cognitioncognition mais aussi sur le comportement.

    La stimulation cérébrale profonde, remède absolu contre l’obésité ?

    Jusqu'à présent, la technique n'a pas été utilisée sur des personnes obèses. Mais la stimulation cérébrale profonde a déjà fait ses preuves dans les soins contre certains troubles obsessionnels compulsifstroubles obsessionnels compulsifs (Toc) ou des addictions, comme le tabagisme. Ils envisagent également de l'associer à d'autres traitements ciblant l'hypothalamus. Les deux circuits étant intimement liés, leurs chances de réussite peuvent être maximisées.

    Cependant, mieux vaut rester prudent. Même efficace, la thérapiethérapie ne pourra probablement pas s'adresser à tous les patients. D'une part car l'obésité n'est pas toujours liée à un trouble du comportement alimentairetrouble du comportement alimentaire. Ensuite parce que la stimulation cérébrale profonde est une opération à risque et qu'elle ne convient pas à tous les publics. Si  elle s'avérait être une solution contre l'obésité, il y a fort à parier qu'elle ne s'imposera pas comme le seul et unique traitement.